D’ailleurs, la relève est là: Sabine Pirolt, tout habillée d’orange, sur la place de la gare. J’ai l’après-midi et la soirée pour lui présenter quelques personnes, donner des conseils et lui souhaiter bonne chance. C’est tout de même une expérience bizarre, l’Hebdo à Bondy. D’habitude, mes reportages sont des aventures plutôt solitaires, que je maîtrise du début à la fin. Mais là, Sabine va écrire ce qu’elle veut dès que j’aurai le dos tourné! 

Et puis mes reportages sont souvent lointains. Pour décrire un seigneur de guerre afghan ou un GI américain en Irak, j’utilise des mots très libres qui, si l’intéressé était un citoyen d’ici, me vaudraient au mieux une lettre de lecteur, au pire un procès. A Bondy, on se retrouve dans la situation du correspondant local, qui doit pouvoir saluer le matin la personne sur laquelle il a écrit la veille.

Pas de temps à perdre. Je présente Sabine à l’agent immobilier, qui m’est de plus en plus sympathique et que j’aimerais bien croiser dans une autre vie. Puis je l’emmène à Bondy nord, à la maison de quartier « Daniel Balavoine », où des femmes suivent des cours de français, parfois à l’insu de leurs maris. De retour au sud, on pousse la porte d’une entreprise de pompes funèbres, c’est un sujet qu’il va vraiment falloir traiter (il y a six entreprises funéraires dans cette petite ville, réservées aux chrétiens de surcroît parce que les musulmans le plus se font rapatrier pour être enterrés au bled). On passe par le Bazar d’Agadir, pour qu’elle voie les meubles que j’ai partiellement payés. Il faut encore récupérer Paolo, le photographe, à la gare, les introduire aux « Armes de la ville » et se dépêcher d’arriver au terrain de foot pour l’entraînement du Racing Club de Blanqui.

Par Serge Michel

Serge Michel

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