Le Racing club s’entraîne les mardis et jeudis soirs. Il fait un froid de canard sur le stade Gazzi, et les joueurs ne sont pas très nombreux. La moitié a dû rester devant la télé, c’est ce soir que passe le reportage d’Envoyé spécial sur Blanqui et ils n’allaient pas bouder le plaisir de se reconnaître à l’écran: certains caïds ont témoigné, à visage caché.

Au bord du terrain, devant ses gars qui s’échauffent, le président du club Mohammed Djeroudi raconte à quel point le foot peut aider les jeunes à sortir de leurs problèmes: toxicomanie, petite délinquance, manque de volonté. Depuis 20 ans qu’il fait ça, il a permis à de nombreux jeunes de sortir du carcan des banlieues.

Et ce soir, en se balançant d’un pied sur l’autre à cause du froid, il nous présente avec la tendresse et la fierté d’un père les gars qui font maintenant des passes et des dribles avec un bel acharnement. Voilà ce que ça donne, capté par l’enregistreur que Sabine a eu la bonté d’apporter:

– A droite c’est Idrissa, c’est un jeune de la cité, il a grandi vraiment à Blanqui et là maintenant il travaille dans une société, il travaille le soir, il assume, quoi. Son frangin Moussa, il bosse aussi, son autre frangin aussi, ses sœurs elles bossent, en gros c’est une famille nombreuse, au moins huit, qui se prend en main, tu vois?

– A sa gauche, Dialo, petit black sympa. Après t’as So Kamara, c’est pareil, la mère c’est une buteuse, ils sont au moins sept ou huit. Si ce n’est pas plus. Grande famille, les Kamara. Lui il est parti à la Goutte d’Or jouer au foot deux ans puis il est revenu chez nous. Tu sais je les ai eus tout petits, moi, ils avaient 2 ans, 3 ans, 4 ans. Après, il y a les deux frangins Mokhrani. Ils sont super, ces deux frangins. Là, l’un à côté de l’autre vers la droite. Abdel, il travaille chez Darty. Il est comment on dit, SAV, service après vente. L’autre il fait ses études pour être conseiller principal d’éducation. Tu vois, donc, c’est pas n’importe quoi. Jacquec, le black à côté, c’est pareil, il travaille. Sébastien lui il est dans la restauration avec son père, c’est des Turcs, ils font ça en famille. Il est bosseur. Le petit Wali c’est un nouveau. Il habite Lilas mais il vient s’entraîner avec nous. Là apparemment il a dû se battre, t’as vu, il a un coquard. Ca doit pas être un tendre.

Fin de citation.

Par Serge Michel

Serge Michel

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