Frigorifié après l’entraînement, nous passons encore chez Gabrielle. Malgré l’heure tardive, elle a préparé un bon repas. Elle a aussi enregistré le reportage de France 2, où nous reconnaissons certains personnages, comme le frère de Mokhtar. Bof. Avec ce ton qui mêle si bien distance et sollicitude, le journaliste assène qu’il est resté dix jours à Bondy. Les jeunes nous ont dit six. Il y a deux ou trois bonnes choses, mais le reportage ne décolle pas vraiment. 

Passé minuit, Gabrielle nous ramène tous les trois à l’hôtel, en faisant un détour par le Raincy, une ville voisine, très bourgeoise, où l’on se croit dans un autre pays, puis Clichy sous Bois, où les émeutes ont démarré. C’est vrai, il y a beaucoup de béton, des immeubles en mauvais état, rien de prévu pour les loisirs, la vie sociale. Commentaire de Paolo:

– Ouais, c’est la dèche. Mais en même temps, il y a des banlieues beaucoup plus pourries en Europe, au sud de l’Italie, en Angleterre, en Allemagne. Et c’est ici que cela explose. C’est bizarre. Peut-être que cela n’est pas lié au niveau de misère, mais plutôt à ce que l’Etat promet aux gens? La France veut toujours être gentille, elle fait plein de promesses, non? Les autres pays ne promettent rien, alors les gens des banlieues n’attendent rien et se débrouille, sans se révolter.

A voir. C’est une hypothèse à tester. 
Reprenons la dans un mois ou deux, quand on saura tout sur Bondy.

Par Serge Michel

Serge Michel

Articles liés