C’était un vendredi 11 novembre, férié pour cause d’armistice. Il faisait froid et les voitures brûlaient encore dans les cités. C’était il y a un an jour pour jour… la naissance du Bondy Blog !

La légende des grands succès de l’internet veut que tout commence dans un garage en Californie. Pour le Bondy Blog, c’est plus compliqué… Où a-t-il vraiment commencé ? A la rédaction de l’Hebdo le mercredi 9, quand l’idée est apparue de s’immerger en banlieue ? A l’hôtel Eden où j’ai atterri vers minuit le vendredi, après un tour de la ville avec Paolo, Yannick et Nicolas ? Au café du Moulin le lendemain, où j’ai rencontré Mohamed Hamidi en cherchant un studio pour trois mois ? Ou encore dans le local du RC Blanqui (hélas aujourd’hui dissout) où mes confrères de l’Hebdo se sont ensuite relayés durant trois mois, aidés et entouré par Mimi Djeroudi, Radouane, Kamel et Hakim ?

Difficile à dire, vraiment, et difficile aussi d’expliquer comment, et pourquoi, cette idée saugrenue émanant d’une petite rédaction suisse a un retentissement digne d’une grande épopée… Le Bondy Blog a fait la Une de la presse française, il est passé des dizaines de fois à la TV et encore plus à la radio. Même le New York Times est revenu, l’autre jour, assister à une séance de rédaction. Peut-être est-ce parce que d’un projet d’immersion et de retour aux sources du métier, mené par des journalistes professionnel, le Bondy Blog a évolué vers une expérience à la pointe du journalisme citoyen.

L’Hebdo a en effet plié bagages après trois mois, en laissant sur place une petite équipe de jeunes qu’il avait choisis et formés pour reprendre le blog. Ceux-là, sous la direction de Mohamed Hamidi qui a reçu plus tard l’aide de Sandrine Roginsky et de Samy Khaldi, ont tenu neuf mois et s’apprêtent désormais à passer la vitesse supérieure !

Le blog, constitué en association à but non lucratif, est désormais hébergé par les pages actualité du grand site français de Yahoo ! Cela va lui donner une audience et des moyens qu’il n’a jamais eus, pour raconter la France à l’heure présidentielle. De plus, afin d’élargir le blog à l’échelle nationale, nous avons passé un accord avec L’Institut d’études politiques de Paris (Sciences-Po), qui mène depuis 2001 une expérience très concluante avec des lycées de ZEP. Nous proposons aux lycéens qui préparent Sciences-Po dans des ateliers spécifiques de devenir les correspondants du blog dans leur région. Toute cette matière, celle de Bondy et du reste de la France, viendra s’organiser sur une plateforme beaucoup plus performante que l’actuelle, Viabloga, développée par Stéphane Gigandet.

Vous voyez : quand les cités prennent la parole, elle n’ont plus l’intention de se taire. Du coup, l’équipe s’est élargie. Il y a nos huit « Bondy Blogeurs » actuels, que vous connaissez bien, où les filles sont pour une fois majoritaires. Ils sont encadrés par Mohamed, Sandrine et Samy, trois bourreaux de travail qui voient parfois certains commentateurs épris du blog comme Cédric Roussel ou Louis Lanoix venir donner des coups de main, pour des sujets d’enquête ou pour gérer les commentaires, qui ont passablement dérapé ces derniers temps. Il y a bien sûr Alain Rebetez, que l’Hebdo a accepté de détacher durant deux mois pour qu’il aille expliquer l’art du blog dans les lycées de ZEP conventionnés Science-Po. Il y a aussi le cas Dilgo, ce commentateur décalé à qui nous avons proposé d’écrire tout au long de la campagne un feuilleton présidentiel (bientôt sur cet écran). Il y a enfin quelques pros qui veillent, comme Antoine Menusier ou Nordine Nabili, le grand frère par excellence, expert à la fois des cités et du son. Et puis il y a moi, qui passe plus de temps à Bondy ou pour Bondy qu’en Afrique où je travaille désormais, parce que ce blog est tout simplement ma plus grande émotion de journaliste !

J’espère que l’expérience qui s’annonce va continuer de vous passionner ! N’hésitez pas à réagir, surtout si vous estimez que nous ne remplissons pas notre mission : donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, afin que l’émeute ne soit pas la seule expression des cités, raconter la France dans toute sa diversité et rappeler aux responsables politiques que les quartiers difficiles, comme ils disent, c’est la France de demain.

Serge Michel

Serge Michel

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