Idir relate en free style notre déjeuner chez Elle. Tout à ses obsessions il oublie de mentionner le fait qu’on a eu un acceuil particulièrement chaleureux, qu’on a eu des conversations passionnantes… et qu’aucun d’entre nous n’a eu un mot, tels des superstars internationales, pour le très beau reportage sur nous signé par Marie-Françoise Colombani elle-même dans son magazine en date du 27 novembre dernier.

Les journalistes du magazine Elle nous ont invités à déjeuner dans un des salons luxueux du groupe Hachette. L’occasion parfaite de montrer à mes nouveaux amis du blog mon légendaire coup de fourchette. Un repas à Bondy c’est tout sauf un moment Nutella passé entre amis autour d’un bon plat achevé dans la joie des blagues du dessert. Faire bombance avec des rats de cette ville devient une lutte empreinte de tensions et de méfiances où la peur peut vous sauver. Un climat de stress intense s’installe tout au long du dîner pouvant conduire les plus faibles esprits dans les méandres d’une démence hallucinatoire nourrit de la plus cruelle appétence.

Que votre assiette se soustraie l’espace d’un instant à votre champ visuel et les bonnes victuailles qui s’y trouvaient ne seront qu’un lointain souvenir objet de délectation dans les bouches de convives mitoyens. Tout est permis pour marquer le sandwich grec du voisin de notre sceau sacré, cette forme géométrique si parfaite au contour crénelé d’une teinte jaunâtre: un croc. Appliquer le concept de prédation culinaire à nos charmantes hôtes n’était pas du tout dans mes intentions. Il est parfois impossible de concilier mes devoirs de Bondy-bloggeur à mon mode de vie si fripon. Mon rat dans le ventre réclamant néanmoins un sacrifice, c’est l’écuelle de chou qui profitera de mon savoir faire en assassinat de repas. Reprendre à mon compte certaines calories déposées dans le bol de Samy me traversa également l’esprit. Mais un simple coup d’œil sur ce dernier suffit à m’éclairer sur la folie de cette pensée monument de naïveté. Ses petits yeux malicieux, ce maintient leste, ce poil dru, rappelèrent à mon esprit d’où Samy tire sa force.

C’est un fils de Sion, un natif du bled qui n’a rien à apprendre du communisme à table, les maures dinant très souvent dans un même grand plat ; la meilleur formation pour acquérir un coup de fourchette éclaire et un instinct de loup. Tenter quoi que ce soit sur son assiette serait un suicide pour la mienne. Mohamed et ses quelques 32 ans de vie bondynoise doit connaitre tous les coups de vice à même de transformer sa gamelle en un sanctuaire inviolable. Reste Hanane au faible appétit, qui mange halal avec un peu de chance, gage pour moi d’un jackpot gustatif. Le terrain m’était favorable : un salon avec vue sur la tour Eiffel à même de détourner l’attention des convives de leurs denrées. Malheureusement j’ai sous-estimé mes adversaires, je ne pensais pas que ces délicates dames de la presse féminine savaient se défendre contre les voraces de mon espèces.

Le plan de table est une défense parfaite, chaque bloggeur étant entouré par deux journalistes, impossible donc de coordonner mes attaques sur Chou et Hanane. A ce détail près j’aurais fait une véritable razzia sur leurs plats, chacun des attablés préférant en amateur, occuper leur bouche en veines palabres au lieu de s’attaquer à pleines dents au sujet qui fumait dans leur assiette. Au milieu du déjeuner je scrutais la salle d’un regard dépité l’assiette vide de Samy qui avait deviné mes pensées et savourait mon désarroi. Je remarquai que Chou et Essy pouvaient être des gens du monde: ils ont su utilisé les bons couverts à chaque étape du repas. Ceux issus de l’immigration des arabes à Poitiers présents dans la salle ont manié la grosse fourchette consacrée au plat de résistance de l’entrée au dessert avec mention spéciale pour votre illustre narrateur qui varia les plaisirs de la table en alternant entre un bout de pain grillé et ses doigts, la meilleur façon à mon sens de faire l’amour à son repas.  

Idir Hocini 

PS: Au fait je ne sais pais si ca vous intéresse, mais on était là pour faire connaissance avec la rédaction d’Elle, sur l’invitation de Marie-Françoise Colombani, qui souhaite collaborer avec nous pour certains articles. Un papier cosigné avec Nadia est à paraitre prochainement dans le célèbre magazine.

Idir Hocini

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