Tout le monde sait que certains flics se lâchent en garde à vue. Il suffit de voir les visages tuméfiés de vos amis à la sortie de celles-ci, pour comprendre que ce film avec Coluche où ses collègues policiers s’en donnent à cœur joie dans l’intimité d’une salle d’interrogatoire est tiré de situations réelles; situations que j’appelle de tous mes vœux à être aussi rares qu’un bon CDI dans une rédaction. A dire vrai, je parle de choses que je ne connais pas, je n’ai jamais fait de G.A.V. Que sont les récits de camarades moins chanceux, et leurs blessures de guerre. Peut-être, ils sont tombés sur le chemin du retour entre le commissariat et leur habitation, qu’est ce que j’en sais moi. Par contre ce que je sais, c’est que ces faces à faces fâcheux avec la police peuvent être aisément évités.

Tout d’abord il faut trainer avec des amis qui ont des cheveux longs. On ne contrôle jamais un homme avec une coupe fashion. Dans nos contrées, ça respire l’honnêteté. Si malgré tout la voiture de police s’arrête, « un bonjour » , « très bien monsieur« , « bonne soirée monsieur », ça attire plus la sympathie du fonctionnaire qu’un, « quoi ! Qu’est ce tu veux ! », « Non ! J’ai rien ! », ou qu’une imitation de gallinacé au passage du saladier. Ils aiment bien ça les flics, qu’on leur parle comme à des humains, c’est bizarre ça leur donne moins envie de chercher la petite bête. Oui je sais, se faire palper le fessier lors d’une fouille, c’est relou surtout quand on n’a rien à se reprocher. Par contre si vous avez en votre possession un petit plaisir interdit, répondez oui quand on vous demande « êtes-vous en possession de produits illicites ? », l’honnêteté ou plutôt le nom fouttage de gueule, ils aiment ça aussi. Il se pourrait même, si le morceau d’encens spécial n’est pas trop gros, qu’ils l’oublient sur le capot de la voiture en partant vers le commissariat sans vous. Avec de la politesse et une mine réjouie tout est possible : draguer la nouvelle recrue et raser son numéro, un contrôle éclair après seulement deux trois mots aimables échangés ou un passage d’éponge sur votre phare avant cassé, si vous promettez de le changer rapidement. Néanmoins, il vaut mieux ne pas trop jouer la carte de la sympathie, les policiers ne sont pas là pour être vos amis, surtout ceux de la BAC, ça pourrait être vu comme un comportement suspect, une moquerie. Comportez-vous comme un jeune dandy de bonne famille et vous éviterez la merde sur les bancs en cellule.

Allez ! Disons que vous tombez sur l’unité des enfoirés de service, tout commissariat en a une, qui commence le contrôle par « ça pue le noir dans cette voiture ». Doucement saturnin ! On garde son calme ! On répond par des phrases courtes « oui, non, nom, prénom »; et on compte les minutes, parce que là ça veut dire qu’ils ont décidé de vous faire payer l’addition. Qu’est ce qu’un mot déplacé, une pique raciale, face à une nuit en compagnie d’Eduardo, votre compagnon de cellule tout en muscle, qui a mis son hétérosexualité en aparté en vous tendant un rouge à lèvres. Moi je dis, dès qu’ils commencent à vous entendre partir dans des grandes phrases bidons qui font genre comme j’en ai le secret, ils se disent tout de suite qu’ils perdent leur temps. La police n’est pas forcément là pour nous embêter, c’est les premiers que j’appelle en cas de problème. Après on a beau dire, il y a des têtes qui ne passent pas, des noms et des codes vestimentaires si j’ose. C’est curieux, qu’ils soient tout miel ou tout sucre, certains ont pratiquement toujours une bonne histoire à nous raconter le lendemain d’un contrôle de police.

Idir Hocini

Idir Hocini

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