Ils se sont donné rendez-vous samedi après-midi devant la cité de l’histoire de l’immigration, porte Dorée à Paris. Le cortège constitué de quelques centaines de personnes a pris ensuite la direction de Vincennes. Depuis dix jours, des bribes d’information font état d’une situation de plus en plus tendue dans les deux centres de rétention de Vincennes et du Mesnil-Amelot, site installé pas loin de l’aéroport de Roissy. 

Lamine marche derrière la banderole du IXe collectif des sans-papiers : « Il se passe des choses pas très catholiques dans ces deux établissements, en plus de la rétention administrative, le gouvernement pratique la rétention d’information. » Dans les conversations, les marcheurs évoquent la situation de Benjamin Badikadila, une des figures les plus en vue ces dernières semaines. Ce dernier aurait été expulsé, manu militari, le matin même vers Kinshasa, pour mettre fin à toute cette agitation.

Le mouvement de grogne est né il y a une quinzaine de jours avec une action inédite jusqu’ici : la rédaction d’un cahier de doléances rédigé par des sans-papiers et envoyé aux autorités consulaires de leurs pays d’origine et non pas aux autorités françaises. Les sans-papiers faisaient état de leur manque de confiance dans l’administration française. « Il n’y a eu aucune réponse et aucune suite à cette initiative, qui pour moi est une connerie monumentale, un paradoxe », me glisse un membre du collectif des sans-papiers. « Demander de l’aide à un gouvernement que l’on fuit, c’est impensable. » Le mouvement s’est alors transformé avec le début d’une grève de la faim collective. Personne dans le cortège ne peut donner plus d’information sur cette tentative, même si la préfecture évoque « des refus de s’alimenter ponctuels » dans l’un des deux centres.

La Cimade, historiquement impliquée sur ce dossier et habilitée à jeter un œil de temps à autre à l’intérieur de ces CRA, déplore la dégradation des relations et des traitements infligés aux sans-papiers. L’association note, tout de même, une certaine amélioration des conditions matérielles. Mais pour beaucoup de marcheurs, les causes de cette dégradation sont à chercher du côté des orientations politiques et des objectifs chiffrés imposés par le président Sarkozy à son ministre de l’immigration, Brice Hortefeux. « Si l’élève Brice n’atteint pas les 25 000 expulsions, il aura une très mauvaise évaluation et le maître Nicolas lui demandera de partir », ironise Ali, de l’association des maghrébins de France. Un comble pour le ministre de « l’éloignement ».

Reportage audio. 4’45 marche_1.mp3

Nordine Nabili

Nordine Nabili

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