Assises des maires de l’Ile de France et Salon de la Nouvelle Ville, sous l’égide de l’AMIF. En plein parc floral de Vincennes, messieurs les maires se sont donné rendez-vous. Costards, cravates, on se serre la main, sourires, bisous sur la joue. On se félicite pour la dernière merveille de la municipalité – « Hé, extra ton panneau sur la place de Mairie ! » –, on signe des contrats.

Alors, dans ce temple du business des collectivités locales et au beau milieu des petits fours par dizaines (même du saucisson sec, il est 10 heures !), que peut-on faire d’intéressant ? Se balader ? Trop ennuyeux pour nous. Rencontrer des gens ? Pourquoi pas. Enquêter ? Ah, ça oui ! Manque plus que le sujet. Un petit coup d’œil autour de nous. Premier constat : peu de parité hommes-femmes, pas de diversité. Mais sommes-nous originaux en dévoilant que pas plus de 11% des maires de France sont des femmes et que très peu, sinon un seul en France métropolitaine, sont colorés ? Non.

Après réflexion, nous préférons aborder le sujet des transports en commun. Direction le stand de la RATP. Et pourquoi pas mettre le doigt là où ça fait mal ? Au cœur de l’actualité, cette énième annonce du président Sarkozy, pour l’amélioration du RER A en région parisienne. Cette fois-ci, on se lance.

Le président de la RATP, Pierre Mongin, ça tombe bien, est de passage dans le stand. Cet ancien balladurien puis villepiniste, reconverti au sarkozysme, s’enthousiasme de ce que cette « idée très intéressante et d’une grande priorité » soit remise au goût du jour par le président de la République. Pour l’heure, le patron de la RATP s’entretient avec le socialiste Claude Bartolone, un président parmi d’autres (du conseil général du 93), afin d’évoquer les besoins du grand département de « l’ex-banlieue rouge » en matière de transports.

Nous nous incrustons dans le dialogue des deux hommes. Ce n’est pas donné à tout le monde de serrer la main du futur candidat au poste de premier secrétaire du PS. Pardon, de l’homme qui a du « talent » et qui « ne veut pas en faire une aventure individuelle ». Un homme d’exception, sans ambition, aucune.

Mais revenons à nos moutons, le désenclavement proposé par Fadela Amara, celle qui d’après le même Claude « tient beaucoup de discours et ne met pas d’argent sur la table ». Lâchons l’éléphant socialiste. Bonjour le stand du STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France) et son directeur d’exploitation, Thierry Guimbaud ! Il affirme que « pour l’instant, nous n’avons pas de dossier, ni de dessin technique, pour nous montrer ce qu’il faut faire ». Mais Jean-Jacques Bernard de la RATP Val-de-Marne réplique : « 300 millions d’euros ont été déjà donnés par la RATP, en plus des 300 millions d’euros promis par le président socialiste (de la région et du STIF), Jean Paul Houchon. » La régie évalue à environ 1,5 milliard d’euros le coût total de cette promesse radiophonique du président.

Bref, tout cela reste flou et les usagers sont priés de rester dans leur galère quotidienne, merci. Nous sommes confus mais tant que l’argent ne sera pas sur la table… Et puis, on se souvient qu’en 2005, lors des émeutes, Sarko avait annoncé le déblocage du chantier du tramway 4 à Clichy-sous-Bois. On a attendu deux années pour qu’enfin cela soit fait, en 2007, par Jean-Paul Huchon, qui ne s’était pas non plus pressé jusqu’alors. Moralité : il vous reste de bons moments à vivre dans les rames bombés, ne paniquez pas !

Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah

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