Le préposé aux P.T.T qui mettait en relation le 612 de Montrouge avec le 99 à Guéret, est, aujourd’hui, définitivement relégué au rang du souvenir en noir et blanc. Le bureau de poste constitue la quintessence de l’espace public, dans lequel l’attente lui confère une intimité de salon, on y gueule, on y pleure, on s’y réjouit, on y regarde la télé et depuis peu on peut y chanter, ou plutôt on y slame. Comme ce soir d’avril, au bureau de poste central des Lilas, dans le 93.

A 20 heures, alors que les timbres ont normalement rejoint leurs tiroirs, les facteurs leurs pénates et les colis leurs étagères, le bureau des Lilas est resté ouvert, jusqu’à tard dans la soirée, pour écouter lycéens et autre slameurs, venus déclamer leurs proses. Sur le thème de la « confiance », une dizaine de personnes se sont affrontées à l’occasion d’un concours où la popularité des candidats se mesurait à l’applaudimètre, le vainqueur étant celui qui a obtenu le plus de bruit.

Pour Charles Michaux, directeur départemental (93) de La Poste, « la confiance est un thème particulièrement actuel et aujourd’hui, La Poste est incontournable sur cette thématique, elle incarne les valeurs d’ouverture et de proximité, d’où la légitimité de la question sur la confiance ». En 2007, La Poste s’est engagée dans la création d’un Observatoire de la confiance. Composé de personnes extérieures à l’enseigne jaune, cet observatoire est une structure de « recherche, de réflexion et d’action », selon Emilie Moreira, responsable à l’Observatoire. Le premier travail s’effectue auprès des jeunes, afin de comprendre les mécanismes de cette confiance, car selon son directeur, « nous sommes le mieux placés auprès de ces jeunes, avec près de 45 000 personnes qui entrent quotidiennement dans nos bureaux, nous devons revenir vers eux ».

D’où cette soirée slam, qui avait été préparée par une classe de seconde du lycée Simone Weil à Pantin. Dans le cadre des cours de français, deux groupes se sont formés avec des intervenants extérieurs qui ont débuté par ce que l’on appelle « une séance de contamination » (découverte du slam), puis des ateliers d’écriture et de travail scénique. Sami, l’un des participants – « j’avoue que j’étais peu motivé au début » –, a fini par se prendre au jeu, et puis la scène et l’applaudimètre peuvent être grisants une fois dessus. Il est dur d’en descendre.

Milouda, dit Tata Milouda, est présente à tous les rendez vous slam. Cette femme d’une soixantaine d’années, a même slamé avec Grand Corps Malade. Elle aime la scène, la dévore et envoûte le public de son accent et avec sa danse du ventre. Ses récits sont des morceaux de vie, son mariage, son apprentissage de la lecture et de l’écriture à 50 ans, son arrivée en France… Milouda est heureuse aujourd’hui, elle envisage même une scène rap avec son petit fils un jour…

Adrien Chauvin

http://www.fileden.com/getfile.php?file_path=http://www.fileden.com/files/2007/3/12/878678/Miluda.mp3

Crédit photo et son : Greg

Adrien Chauvin

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