Elle s’appelle Marylin, n’a pas l’habitude de répondre aux questions, ni d’un apprenti journaliste, ni d’un grand professionnel. Mais quand elle s’y essaye, elle excelle et le fait avec beaucoup de délicatesse. Elle s’appelle Marylin, hésite à se faire prendre en photo et prévient tendrement, dans un éclat de sourire, qu’elle voudrait lire ces lignes avant qu’elles ne soient imprimées, publiées. Comme Monroe l’exigeait peut-être pour Time Magazine, sauf qu’elle, Monroe, ne disait sans doute jamais « avoir du temps » et posait, lascive, expressive, à poil, quoi, pour les photographes. Alors Monroe n’est pas Marylin, et inversement !

La comparaison peut vous paraître complètement bidon, et pourtant ! Chaque jour que Dieu fait sur ce Tour 2009, Marylin est la Monroe locale. Sous les flashs, sous les phares, tous les jours. Marylin et sa petite voix douce qu’on voudrait (c’est vrai) entendre un brin plus fort. « Mais, ce n’est pas ma faute, je parle comme ça », se justifie-t-elle. On ne t’en veut pas, Marylin. C’est pas comme l’autre, là, un journaliste mal-attentionné qui s’était plaint de ne pas l’entendre parler.

Ah oui, j’oubliais l’essentiel. Son travail, sa mission, « son défi » comme elle prend un malin plaisir à le répéter, est de traduire. Interpréter. Pas jouer, non, non, mais interpréter. Rendre compréhensible et décrypter les langues. De l’anglais au français, de l’espagnol à l’allemand, c’est comme vous voulez. Marylin est « interprète ». Les champions, elle les connaît. Presque tous. Traduire le suisse allemand de Cancellara le maillot jaune est vite devenu son sport quotidien. « Mais je n’aime pas être sur les photos, j’essaye de ne pas apparaitre », lance-t-elle, doucement. Et on a tendance à la croire…

Ô, bien des nationalités sont représentées ici, bien des nations. Mais, elle, Marylin, a la lourde responsabilité de représenter sa patrie, le Chili. Le seul Chilien du Tour, c’est elle, si vous me permettez cette tournure de phrase. « Mes proches y sont encore (au Chili) », dit celle qui a « pour meilleur ami » son père. Après avoir roulé sur les pistes du monde entier, à traduire les propose des pilotes automobiles, elle se marie « à un Français en décembre 2007 ». Acquiert la nationalité de son époux, abandonne son métier de journaliste-radio qu’elle est loin de regretter. Parce qu’elle ne se voyait pas, une année durant, « demander comment ça va après un accident ». Comme on la comprend.

Marylin, si vous la croisez, est d’une nature simple, malgré ses étroites relations (professionnelles) avec les grands champions. « T’as pas le droit d’être impressionné », prévient-elle. On l’écoute attentivement, on voudrait qu’elle continue, mais l’arrivée approche. Elle doit s’engouffrer dans cette masse médiatique, pointer son belle frimousse et faire son boulot. On voudrait l’encourager. Mais elle nous répondrait, à coup sûr, que ce n’est pas elle qui a fait la course… Of course !

Mehdi Meklat

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