Comme tous les ans, pour les vacances d’été, c’est destination bled ! Mais cette année, c’est différent. Je pars en club avec mes tantes. Plus de parents pour me surveiller ou m’ordonner d’aller me coucher à une heure décente. Mais c’est bien parce que mes tantes ont 15 ans de plus que moi qu’ils me laissent partir sans eux. Les valises bouclées, on dort entre 2 heurs et 5h30 du matin, histoire de ne pas faire de nuit blanche. 6h15, direction l’aéroport. Après 5 heures de vol, atterrissage à Hurghada, en Egypte, le pays d’origine de mon père. S’ensuit la lutte pour récupérer une valise toute cabossée par le voyage.

Arrivée à la douane égyptienne, je donne mon passeport ainsi qu’une petite fiche préalablement remplie dans l’avion. Elle y regroupe mon identité ainsi que les informations concernant le vol. Le douanier la regarde et me demande : « Ton nom, là, c’est égyptien ?! – Oui, je suis égyptienne. Il rend son passeport à ma tante et la laisse partir, mais moi, il me garde en face de lui. – Donne tes papiers égyptiens ! – Je n’en ai pas ! – Comment-ça, tu n’en as pas ?! Tu es égyptienne et tu viens en Egypte sans papiers ! – Je vis en France, contente-toi de mon passeport français avec le visa ! – Écoute-moi bien, pour cette fois-ci je te laisse passer, mais la prochaine fois que tu viens ici, avise-toi d’avoir ta pièce d’identité égyptienne ! Autrement, tu auras de gros ennuis… » Pff… n’importe quoi, vraiment !

Bref, une fois installée dans ce super Club Marmara, je constate qu’il y a énormément de jeunes. Je sais que je vais passer de super vacances. Je me rends à la discothèque de l’hôtel le soir venu. Quel choc en y entrant : du raï en boucle ! Et que des Maghrébins sur la piste de dance. En temps normal, le dj passe de l’électro et de la musique locale. J’y suis restée 3 heures et j’ai eu 2h45 de raï ! Du chèoui, staifi (la musique de Sétif), un peu de marocain.

Dés que le dj a le malheur de passé du R&B ou autre chose, les cris et sifflement fusent sur la piste. Une dizaine de mecs accourent devant le dj et le secoueraient presque qu’il remette du raï, quitte à repasser trois fois la même chanson dans la même soirée. Mais bon, l’ambiance y est. Je me dis qu’après quelques discussions au bar de la piscine, j’aurai plein d’amis.

En voilà une de faite. Une jeune femme de 30 ans, résidant à Metz. Elle est venue pour deux semaines, comme moi. Elle me dit qu’elle regrette d’avoir appelé son petit ami en lui demandant de la rejoindre la deuxième semaine : « Je pensais ne me faire aucune amie en voyant toutes les filles en groupe et je l’ai aussitôt appelé, mais finalement, j’en ai rencontré beaucoup. Dommage qu’il vienne, je ne pourrai plus sortir avec vous car il est très jaloux, c’est maladif. Et voir que dans la bande, il y a des mecs, il s’imaginera de suite que je le trompe avec l’un deux même si on se dit simplement bonjour. Dans ma tête, je n’ai qu’une semaine de vacances… »

Avant de partir, elle s’était prise de bec avec lui, voilà pourquoi elle est venue seule. Mais dès qu’il la rejointe à Hurghada, j’ai pu vérifier par moi-même tout ce qu’elle m’avait dit de lui. En effet, il épiait le moindre de ses regards, regardait de travers tout les hommes qui passait devant elle, lui criait dessus pour un oui ou pour un non. Il a carrément levé la main sur elle en plein milieu de la piscine parce qu’elle l’avait griffé sans faire exprès… Ce type avait 10 ans de moins qu’elle, il était encore gamin dans sa tête. Mais pour finir, ils ont fait chambre à part, et à son retour en France, m’a-t-elle appris, elle l’a quitté. Si je décide d’aller faire un tour a Metz, je sais chez qui aller !

Rentrée chez moi Bobigny (j’ai pris mes vacances fin juin), j’apprends que ma petite sœur, qui 15 ans, n’est pas là. Je demande à mon frère : « Elle est partie une dizaine de jours en Bretagne avec Anaïs et sa mère. Dans leur maison de vacances. » Sa réponse me fait bondir : « Quoi ?! Moi, à 17 ans j’ai fait la même demande aux parents pour pouvoir partir avec la grand-mère de mon amie et leur réponse était catégorique : non ! Tu iras au bled avec nous. Ne rêve pas trop ! » La plus jeune de la famille a réussi à partir sans les parents et moi qui suis l’ainée, jusqu’aujourd’hui, je ne peux penser une seconde à partir avec amis, sans chaperon… Quelle injustice !

Inès El laboudy

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Inès El laboudy

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