On est dans une rue de Suresnes (92), après quelques prises réalisées dans le 18e arrondissement de Paris. Yamina Benguigui interpelle un assistant et demande qu’on coupe la circulation. Les moteurs des voitures cessent un instant de ronronner, les klaxons n’hurlent pas encore. La cinéaste porte ses habituelles lunettes teintées. Regarde l’espace, propose aux comédiens de « se placer juste là, ici, là, devant le lycée » et de faire « comme ça », et Yamina Benguigui d‘imiter une dégaine décontractée. Quelques instants après, on reprend, mais avec d’autres, sur une terrasse ensoleillée, sur le trottoir d’en face. Et c’était comme ça toute la journée ! Des personnes défilant, déclamant quelques mots et puis s’en vont …

Mais, à Suresnes, en ce samedi, on ne tournait pas une fiction. Pas de documentaire. Pas de clip musical, non plus, avec une déesse du RN’B qui débarquerait en pleine rue et qui chanterait en play-back, pour le plus grand bonheur de teenagers chauds comme des gaufres. Non, aujourd’hui, rien à voir avec tout ça. On tourne un clip militant, un clip de soutien à une association, Paroles de femmes. Et parce qu’on ne veut rien vous cacher, sachez que vos serviteurs, ainsi que Nadia Méhouri, l’auteur de la vidéo publiée ci-après, ont tenu un rôle dans le clip.

Il y a quelques mois, souvenez-vous, vous aviez eu le souffle coupé quand, en ouvrant Voici, vous aviez vu Lara Fabian réincarnée en SDF. Paroles de femmes venait de frapper. Souvenez-vous encore, vous alliez suffoquer en découvrant que des féministes demandaient à Sarkozy d’instaurer un impôt solidarité féminine (ISF). Paroles de femmes avait tapé ! Leur idée : prélever, sur chaque feuille d’impôt, l’euro symbolique qui serait verser à l’association pour soutenir « des femmes plutôt désespérées, qui ont perdu famille, logement et, par la même occasion, amis ». Des femmes délaissées.

Olivia Cattan (à gauche sur la photo) a « été journaliste ». Ne l’est plus. C’est elle qui a créé Paroles de femmes il y a quatre ans : « C’est pas une association de féministes à la con », prévient-elle sans qu’on lui ait encore rien dit. « On se bat pour construire des maisons citoyennes », explique-t-elle. Et d’ajouter : « Sarkozy nous a fait une belle lettre et nous a accordé son soutien, mais c’était juste une jolie lettre qu’on pourra encadrer, rien d’autre. » Nico a fait le joli cœur avec ces dames et au final, il les a snobées. Le Conseil de Paris, Delanoë et compagnie, aussi ! Mais elles ne se sont pas arrêtées là. « Depuis, Franck Tapiro nous a proposé de faire un clip publicitaire. » Le mec s’y connaît. Publicitaire affranchi, ex-conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, Tapiro a appelé « son ami Yamina Benguigui qui a accepté d’office ».

Franck trouve le concept du clip : faire défiler des « citoyens qui disent naturellement « Oui, je paye l’ISF » ». Des jeunes, des vieux, des femmes et des hommes, même des Noirs ! Olivia regrette : « Les politiques ont peur des médias alors que c’est une arme importante. On en est à devoir faire de la communication et c’est gravissime. » Le clip est tourné, c’est dans la boite.

L’étape suivante sera de chercher des chaînes de télé qui veuillent bien le diffuser. Parce que, lorsqu’on demande à Olivia où ce clip passera, elle répond honnêtement qu’elle ne le sait pas encore. Les chaînes françaises se risqueraient-t-elles à diffuser des clips militants comme celui-ci ? Il reste bien une dernière carte et pas des moindres : Franck Tapiero. C’est lui qui aurait inventé les slogans frapadingues du candidat Sarko, du style « Ensemble, tout … » nana-ni-nana-na… Si un ancien conseiller à Nicolas Sarkozy ne peut pas faire diffuser son propre clip à la téloche, où va le monde ?

Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah

  
L’ISF, un impot qui fait parler de lui pour la bonne cause
envoyé par Bondy_Blog

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