Depuis 2000, les Beauvillésois ont vu partir petit à petit leurs professionnels de santé. Vingt-trois, dont quinze médecins, ont fermé boutique ou s’en sont allés. Pour se faire une idée, 50% des médecins encore en fonction à Villiers-le-Bel (95) ont plus de 55 ans. Autrement dit, le corps médical vieillit et les habitants s’inquiètent pour l’avenir. Cette inquiétude est palpable à l’échelle nationale.

En 2006, l’annoncé d’un projet leur a rendu un peu le sourire, soit la construction d’une « maison de santé pluridisciplinaire ». Dix-sept professionnels de santé libéraux s’y regrouperaient pour pouvoir offrir un lieu de soins complets pour les citoyens de cette ville de 26 000 habitants. « Depuis environ dix ans, on voit nos médecins tourner les talons. Du coup, pour trouver un médecin qui puisse consulter à domicile ou à qui on peut rendre visite dans l’heure, c’est un parcours du combattant », me raconte une femme d’une cinquantaine d’années.

« Certains, poursuit-elle, disent n’avoir pas de problème à se faire soigner très vite par un médecin présent dans la ville, mais ces personnes-là entretiennent une relation amicale avec leur docteur. Mais nous, les autres, on peut crever. L’autre fois, j’ai demandé à mon médecin traitant à être prise d’urgence, mais il a refusé sous prétexte que son planning était complet. Je me suis donc tapé les urgences, mais vous savez comment c’est, hein. On en a pour des heures d’attente. J’ai finalement été prise et j’ai appris qu’il s’agissait d’une gastrite avancée, qui se serait transformée en ulcère quelques jours plus tard… Je n’ai pas cherché à consulter aux premières douleurs, je me suis dit que j’allais me soigner moi-même, sachant que pour avoir un rendez-vous, c’est mission impossible, mais j’aurai dû. »

Lundi dernier a été posée « la première pierre » de la future maison de santé pluridisciplinaire. L’honneur en est revenu à Fadela Amara, secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville (photo, avec le maire PS, Didier Vaillant). En fait de première pierre, il s’agit de la réhabilitation des anciens locaux de la Caisse primaire d’assurance maladie. La première pierre figure la future rampe d’accès pour handicapés. Ah ! Les grands mots…

Selon un conseiller municipal, tout roule à Villiers : « Vous savez, ici, il y a les mêmes problèmes que partout dans le monde. Et au maximum, on attend une semaine pour avoir un rendez-vous chez le médecin. Pour les généralistes, cela peut aller jusqu’à trois semaines mais ça reste raisonnable par rapport à certains coins d’Ile-de-France ! – Dans ce cas, rétorqué-je, pourquoi faire de cette soi-disant première pierre l’événement 2010 à Villiers-le-Bel si les habitants ont accès sans problème à leur médecin ? – Oh vous savez, répond l’élu, on fait ça pour marquer le fait que ces locaux sont réhabilités et non pas laissés à l’abandon. Et puis, avec cette maison de santé, les habitants de la commune auront un lieu où se retrouver, où avoir des spécialistes, des psychologues, des nutritionnistes… Autrement dit, tout sera dans un seul et même endroit. »

Une trentenaire montre moins d’enthousiasme : « Les gens de la mairie veulent comme toujours faire croire que tout est beau ici… Mais ce projet a été demandé depuis belle lurette ! On souffre tous du manque de médecins, ici. Quand tu vas chez le kiné, il y a dix personnes qui poireautent dans la salle. Pas évident quand il des bébés qui doivent être massés. »

Mon interlocutrice est quand même heureuse de l’ouverture prochaine de cette établissement de soins : « J’ai pu lire dans la brochure du projet qu’il y aurait 17 professionnels, à savoir 5 généralistes, 5 infirmières, 3 kinés, 2 chirurgiens dentistes et des spécialistes, pédicure, podologue, psychologue, nutritionniste, et j’en passe. C’est prévu pour le 15 mai. C’est bientôt mine de rien. Je pense sincèrement que ça va faire du bien à la ville. On en parle tous entre nous et je peux vous dire qu’on l’attend, cette maison de la santé ! »

Inès El Laboudy

Inès El laboudy

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