SAMEDI. Dommage que je ne sois pas amie avec Vincent Bolloré et je n’ai pas de bateau. J’aurais bien aimé crier I’m the king (enfin, the queen) of the world » comme Leonardo Di Caprio dans « Titanic ». Un peu ridicule, j’en conviens. Ça n’aura échappé à personne mais Le Monde nous a offert sa Une et sa page trois tellement on est belles, spirituelles et intelligentes, Widad et moi. Qu’ouïe-je ? Grosse tête ? Non, non ce n’est pas dans les habitudes de la maison.

Certes en tant que « Mondaines », nous avons formulé quelques minces exigences auprès de la direction du Bondy Blog. Un tapis rouge à la rédaction, un orchestre, un garde du corps, un droit à l’image et un(e) attaché(e) de presse pour gérer les demandes d’interview qui affluent. Des revendications mesurées et légitimes. Ecrire cette chronique en mode Alain Delon m’a aussi vaguement traversé l’esprit, « Faïza aujourd’hui est couverte de gloire et heureuse que le commun des mortels ait pu lire sa prose ». Point trop n’en faut, alors j’ai renoncé.

Widad et moi allons devoir gérer les hordes de fans, les autographes réclamés à tout bout de champ et les photos incessantes. La rançon de la gloire. Hélas, nous ne sommes pas à l’abri d’un retour de bâton. Doc Gynéco himself, rappeur Umpiste subversif, vient de révéler sa liaison avec Paul Emploi. Grandeur et décadence quand tu nous tiens.

DIMANCHE. On a coutume de dire que nous autres célébrités du journalisme sommes déconnectées de la réalité. Alors que je suis encore dans ma bulle de bonheur, il a suffi d’une séance ciné pour la crever. Dans la Grèce antique les gens se rendaient en masse au théâtre pour faire leur catharsis et réaliser que leur vie pourrie l’était moins que celle d’une Antigone ou d’une Electre. Moi je suis allée voir « Precious ». Rien que son prénom à l’héroïne, c’est de l’ironie. Enfilés comme des perles, les malheurs de l’ado s’accumulent comme la dette du tiers-monde. Même moi l’insensible en chef, j’y suis allée de ma petite larme.

LUNDI. Je déteste les gens heureux. Surtout les filles heureuses. Elles sont énervantes avec leur copain parfait, leurs amis parfaits et leur travail parfait. Ces filles, on dirait qu’elles vivent dans le monde des Playmobil. Elles ont les cheveux brillants, sont minces et se lèvent à 6 heures du matin. Elles n’ont même pas de cernes de pandas et ne ressemblent même pas à Britney Spears, un lendemain de cuite. La vie est injuste.

Pourtant, je pactise avec le bonheur en ce moment. Faut que je surveille mes fréquentations. Aujourd’hui je suis heureuse pour quelqu’un d’autre de surcroît. Une de mes amies expatriée se marie l’année prochaine. J’apprends la grande nouvelle par mail. Une photo énigmatique avec la consigne de jouer à « Où est Charlie ? ». Avec la perspicacité d’un Hercule Poirot, je découvre, après quelques indications supplémentaires, une bague.

Le bonheur est de courte durée. Mariage en 2011, ça veut dire dénicher une superbe robe. Mariage égale bombardement photographique façon touriste japonais au Louvre. Depuis que j’ai fait la Une du Monde je ne peux décevoir mes fans et apparaître en public dans une toilette qui ne me mettrait pas en valeur. Et depuis samedi, bizarrement, mes chaussures me serrent au niveau des chevilles, je vais sûrement devoir porter des moonboots bien larges.

Ce qui me tracasse le plus c’est le cavalier. Maintenant je dois piocher dans le gratin du show-biz. Je sais, je vais demander à Moundir, le troubadour du PAF au langage si imagé, cœur esseulé qui cherche l’âme sœur, de m’accompagner. J’espère juste, au vu des bruissements du monde politico-médiatique, que le mariage de mon amie durera plus longtemps que celui du couple présidentiel.

MARDI. La poisse, aujourd’hui je viens de lire un article dans le meilleur journal que la terre n’ait jamais porté. Des robots vont bientôt remplacer les journalistes. Le système fonctionne grâce à des programmes informatiques compliqués. Je hais les geeks qui ont eu cette idée tordue. C’est de notre faute, les filles, si on les avait pas rejetés et discriminés ces mordus d’informatiques (que fait la Halde ?), ils auraient eu moins de temps à consacrer pour développer des programmes. Et puis c’est dommage, il a suffi que nous accédions à la gloire Widad et moi, pour qu’on ait plus besoin de nous. Malgré tout, on a quand même été les stars de la petite sauterie organisée au Bondy Blog. Et j’avais même confectionné de mes blanches mains de délicieux gâteaux (aucun mort ni intoxication alimentaire à ce jour), histoire de prouver que j’ai toutes les qualités. Surtout la modestie.

MERCREDI. Malek Boutih aime les causes perdues. Après avoir été le chantre de la lutte antiraciste, avec le succès que l’on connaît, Eric Zemmour si tu me lis, il veut présider la Halde. Et ainsi devenir le saint patron des discriminés de tout poil. A ce rythme-là, il va demander à présider la Cour des Miracles ou le Modem (on me signale que François Bayrou existe toujours, autant pour moi). Mais Gérard Longuet, lui aussi une ex-caillera du mouvement de droite Occident, trouve que Malek Boutih est un peu trop auvergnat pour le poste. Ça c’est la raison officielle.

Je suis sûre qu’en réalité Gégé est un sous-marin du lobby surpuissant des amateurs de lunettes démodées. Ils ont peur de ne pas être suffisamment défendus si Louis Schweitzer, gravure de mode devant l’Eternel, n’était pas convenablement remplacé. Le lobby avait déjà du mal à se remettre de la défection honteuse de Jacques Chirac et de l’essor des bling-bling Ray-Ban sarkozystes. Le défi est ardu. Trouver quelqu’un avec des lunettes aussi esthétiques que celle de Louis Schweitzer est une gageure. Le casting est lancé. Nana Mouskouri, qui crève la dalle en Grèce, serait une prétendante sérieuse.

JEUDI. Au vu de mon nouveau rang de Mondaine, j’aime à citer les grands poètes. La phrase qui me vient à l’esprit spontanément aujourd’hui : « Y’a des jours comme ça où tout ne va pas pour le mieux », par le Sieur Joey Starr. Je sais, c’est mal de faire de l’élitisme vu la difficulté de l’exégèse de la pensée joeystarrienne, mais j’ai foi en l’intelligence du lecteur.

Les dieux de l’informatique me maudissent et mon ordinateur est une grosse racaille. Impossible de taper le moindre texte ni de l’enregistrer. Erreur système. Là j’ai envie de me racailliser et de hurler « fuck le système ». Embêtant lorsqu’on doit écrire une chronique de la mort qui déchire sa mère. Oups, mon ordinateur racaille a définitivement déteint sur moi. Si même Pierre Sarkozy est une grosse caillera bling-bling qui participe à des clips de rap en guest star, je suis sûre que moi aussi je peux être crédible en mode 9-3.

Alors que j’hésitais à aller sur Castorama.fr pour choisir le meilleur modèle de corde ou à attenter à l’intégrité physique de mon PC, j’ai préféré la jouer civilisé. Je sollicite alors l’aide de mes Facebook friends. Heureusement, l’un d’entre eux vient à mon secours. Dans un premier temps il me parle dans un langage extraterrestre. Euh, partition dans la musique, je vois à quoi ça fait référence, mais en informatique, ça me parle autant que la réforme des collectivités territoriales.

Finalement, grâce à ses lumières, je parviens à réinstaller le système. Et perdre ainsi toute ma vie numérique. Pourtant, je tiens ma revanche. On ne s’attaque pas impunément à une Mondaine. Tout se paye. Et c’est le cas de le dire, car à force de maudire régulièrement Bill Gates, le voilà qui vient de perdre son rang d’homme le plus riche du monde. Toc dans les dents, il est tout ridicule le numéro 2 avec ses 53 milliards de dollars. De quoi s’acheter tout de même un paquet de nouvelles lunettes…

VENDREDI. Nicolas Sarkozy a accordé une interview à un magazine indépendant, Le Figaro Magazine. Le président fait décidemment tout à l’envers. Il a prôné la rupture pendant la campagne présidentielle de 2007, Cécilia l’a pris au mot. Voilà maintenant qu’il préconise la pause. Comme l’ont souligné certains journalistes perfides après « pause » y’a « eject ». Il y’a pourtant un message caché derrière ce mot. La bombe est lâchée, Nicolas est bel et bien en pause avec Carla, façon Ross et Rachel dans « Friends ».

Comme dans un jeu de chaises musicales, chacun se consolerait de son côté. Elle, elle a choisi les bras d’un chanteur à la voix aussi caverneuse et forte que la sienne, Joey Starr n’a qu’à bien se tenir. Quant à lui, il verrait dorénavant la vie en vert. Et pour cela, Nicolas n’a même pas besoin de chausser de lunettes aux verres colorés.

Faïza Zerouala

Faïza Zerouala

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