« Il t’attend au club. Grand, cheveux châtains, les yeux bleus, tu ne peux pas le rater », dépeint l’un de ses amis. Il n’a pas tort. Avec son petit mètre quatre vingt dix-huit, impossible de rater Medy Chettar. Si la carrière de ce tennisman de 18 ans de Bondy (93) devait s’arrêter prématurément, il pourrait sans difficulté rebondir sur les podiums des beaux gosses : regard coquin, corps de mannequin…

Medy est classé quatrième Français dans sa catégorie. A 5 ans, son grand père, passionné par la petite balle jaune, le fait entrer sur le court. Dès les premiers échanges, l’enfant tombe amoureux de ce sport. Du bruit de la balle sur le cordage de la raquette. Des traces rosées que la terre battue laisse sur les vêtements. Ou encore des cris des joueurs qui smatchent au filet. Le tennis, un rêve « depuis tout petit ». La passion ne suffit pas toutefois pour réussir une carrière dans le tennis, il faut des qualités techniques. Elles ne manquent pas à Medy. « Il a une de ces patates dans son revers, mais le mieux c’est son coup droit », s’enthousiasment les jeunes du club Petit Jean de Bondy, où s’entraîne leur camarade.

Pour être « numéro 1», « c’est dans la tête que ça se passe », confie Medy, qui parle de « déclic ». Il a mis tous les moyens de son côté pour réussir dans ce sport. Depuis l’année dernière, il est inscrit au CNED (Centre national d’enseignement à distance) pour mieux se consacrer au tennis. « Je me lève tôt tous les matins, je commence par des séances de musculation, ensuite je m’entraîne toute la journée et le soir, j’ai des séances d’étirement », explique-t-il, les yeux rivés sur le court où joue son petit frère Yanis.

« Il n’y a rien à changer dans mon jeu », affirme avec un certain aplomb ce jeune homme a priori plutôt réservé. « Ce qui m’a fait défaut l’année dernière sont les six mois durant lesquels j’ai était blessé, raconte-t-il. Blessures au dos et au coude, repos forcé, rééducation. » Mais les blessures font partie de la carrière de tout tennisman, les plus grands sont passés par là. Medy en est bien conscient mais il préfère penser à autre chose

Franco-Algérien, il a été approché par la fédération algérienne qui voulait s’attacher les services (canon) du jeune prodige. Requête repoussée par le sportif qui a tout ses repères à Bondy. « Ici, il a son petit cocon, ses entraîneurs, ses habitudes, ses amis », raconte l’un d’eux. Le club bondynois n’a rien à envier aux meilleurs de l’Hexagone. Au classement du championnat de France par équipe, il est seulement devancé pas le Lagardère Paris Racing.

Une motivation supplémentaire pour Medy qui aspire à « devenir champion de France » pour sa dernière année en junior. Il espère réaliser « une belle performance » au tournoi Roland junior qui débutera dans un mois. Il sait qu’il devra se surpasser, être plus fort que la douleur qu’il ressent suite à une déchirure au bras droit, qui lui impose quelques semaines de repos encore. Repos tout relatif, car il s’astreint à des exercices de maintien.

Sponsorisé par Asics et Prince, deux marques qui l’ont repéré lors de tournois, il est entraîné par Benoît Carelli et bénéficie des conseils de Christophe Delafond, champion du monde par équipe à Mexico le 4 avril dernier. Medy est bien embêté lorsqu’on lui demande quel est son joueur préféré. Pas groupie pour un sous, il a toutefois un faible pour le jeu de l’Argentin Juan Martin del Potro, « grand comme moi », s’amuse-t-il. Il esquisse un sourire complice lorsqu’on évoque le nom de Gaël Monfils. « Ah lui, je l’aime bien, il est cool, il sort du lot. » Medy Chettar, qui garde la tête froide, semble promis à un brillant avenir. Six ans après le sacre de Monfils à Roland Junior, il n’a qu’une envie : imiter son jeune aîné.

Widad Kefti

Widad Kefti

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