Des centaines de personnes se pressent, ce jeudi, contre les barrières posées au pied du cinéma UGC de Rosny-sous-Bois. Au milieu de cette marée humaine, un tapis rouge, long d’une vingtaine de mètres. « Ce n’est pas le 9-3 c’est la Croisette », commente, ironique, Sonia, 19 ans, habitant Puteaux dans les Hauts-de-Seine et qui met les pieds en Seine-Saint-Denis pour la première fois de sa vie. Elle est venue accompagner son petit ami, un « fan de Sylvester Stallone de la première heure », affirme-t-il du haut de ses 21 ans, un peu vite : il n’était pas né lorsque que Rambo III est sorti dans les salles en 1988.

L’arrivée de l’acteur américain est annoncée pour 18h30, soit dans une heure. Sylvester Stallone débarque en banlieue parisienne pour la promotion de « The Expendables : unité spéciale », le film qu’il a réalisé avec à l’affiche, une pléthore de stars hollywoodiennes (Jason Statham, Jet Li, Dolph Lundgren, Bruce Willis…) et un gouverneur (Arnold Schwarzenegger).

Pour l’occasion, le centre commercial de Rosny 2, aux abords duquel se trouve l’UGC Ciné Cité, n’a effectivement plus rien à envier à Cannes aux beaux jours du festival ; à son service de sécurité surtout. Des policiers en civil sont disséminés un peu partout, déguisés en « mauvais garçons », avec un léger retard sur la mode hip-hop du moment. Ils sont dans la foule, sur les toits du cinéma, patrouillent dans le parking noir de monde qui surplombe le tapis rouge.

Sylvester Stallone a fait sienne la politesse des rois, la ponctualité. Il est pile à l’heure. La foule s’ébranle sur son passage en criant de joie. Surprise, il n’est pas venu seul : Dolph Ludgren et Jason Statham l’accompagnent. Ce dernier, plus « bankable » pourtant que ses deux comparses, passe presque inaperçu. Car tout le monde ici ne jure que par Rocky Balboa, et dans une moindre mesure, Ivan drago, le méchant boxeur soviétique de trois mètres interprété par Dolph Ludgren dans Rocky IV.

Après plusieurs franches poignées de mains avec son public, Sylvester Stallone abdique. Il cesse de faire semblant de ne pas écouter les « Rocky on t’aime » scandés par la foule et se met en position pour enchaîner un uppercut et deux crochets du gauche (Rocky est une fausse patte, un gaucher).

La foule est ivre de bonheur en voyant ce dieu de l’Olympe ressuscité : « A chaque fois que j’avais un contrôle, une révision, à chaque compétition de sport, je passais la musique de Rocky dans ma tête », s’émeut Kamel, un badaud pressé par la foule, serrant précieusement contre son cœur un DVD de « Rocky II la revanche », dédicacé à l’instant.

Les stars hollywoodiennes saluent une dernière fois la foule et entrent dans la salle de cinéma sous les acclamations du public. « Un accueil pareil on n’en voit qu’en banlieue. Ça fait dix ans que je fais ce métier, c’est ici que le public est le plus enthousiaste », confie un « bodyguard » prestataire qui affirme voir Sylvester Stallone à Paris « au moins deux fois par an ». Il rajoute : « C’est Hollywood et leur enfance qui débarquent au bas de leurs tours. Avec Depardieu, ici, je serais payé à ne rien faire. »

Pour Olivier Fevin, le directeur de l’UGC Rosny 2, habitué à accueillir le gratin d’Hollywood (Jet Li et John Travolta sont déjà venus à Rosny-sous-Bois), l’explication de cet engouement est plus simple : « Le public de banlieue c’est un public comme les autres, qui aime les films qu’aime le reste de la France. Et puis, si des stars pareilles viennent dans cet UGC, c’est parce que c’est le quatrième cinéma de France. Je pense qu’une petite salle de province aurait plus de mal à les attirer. »

Pour ce qui est du film « The expendables : unité spéciale », qui sort officiellement dans les salles françaises le 18 août prochain, les avis sont partagés à la sortie du cinéma: « Un Rambo de 60 balais », disent certains, « un bon film d’action avec une belle touche d’autodérision », disent d’autres. Thomas, ingénieur parisien, aura l’avis le plus tranché : « 20/20 mais je suis partial. Avec Stallone dans la salle qui lance un « je vous aime la France », je ne pouvais partir qu’avec d’excellentes dispositions. »

Idir Hocini

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