« La triche c’est pas bien. » Je suis sûre qu’à vous aussi, on vous l’a déjà dit. Que celui qui n’a jamais tourné la tête vers la copie de son voisin pour vérifier si sa réponse est bonne quitte cette page sur le champ ! Certes, il existe quelques rebelles, des élèves modèles, mais je vous assure que même eux ont déjà eu un micro-torticolis en interro de chimie. J’ai vu la première de la classe l’année dernière prise en flag au moment où elle tentait de débusquer la petite réponse qui lui aurait donné son 20 !

Je ne vais ni faire la modeste, ni la petite sainte : je l’avoue, il m’est déjà arrivé de tricher une fois ou deux, ou trois. Si un ancien prof me lit, qu’il sache que je l’aime aussi. Attention, quand je parle de triche, ce n’est pas dans l’idée d’avoir 19/20 alors qu’on mérite 2. Non, la triche a ses codes, ses principes, ses règles. Il est ainsi impossible de faire illusion en arts plastiques, en musique ou en sport. Pour le reste, tout est négociable tant qu’on ne se fait pas prendre.

Des techniques, il y en a autant qu’il y a d’élèves. Commençons par la plus simple et la plus utilisée par tous les élèves, du premier rang de la classe jusqu’au radiateur : l’antisèche. Le principe est d’écrire le maximum de réponses sur un bout de papier que l’on prend soin de dissimuler. Il existe une variante improbable ou l’on écrit dans la paume de sa main mais pour les puristes, l’antisèche c’est dans la trousse et basta.

Pour avoir sa place au fond de la classe, il faut avoir des idées et du culot. Récemment, une fille a tenté une technique qui n’avait pas été utilisée depuis un certain Idir un jour de mai 1957. Elle demande un long temps de préparation et a le désavantage d’être repérée par les profs à dix kilomètres. J’ai nommé le brouillon préparé à la maison. Cette camarade dont je ne dirai pas le nom a sorti tranquillement son brouillon en même temps que ses petites affaires pour le contrôle. Elle l’a fait avec un naturel si naturel que le prof n’y a vu que du feu.

La palme de l’arnaque la plus incroyable revient toutefois à une de mes collègues bondy-blogueuse. Apparemment elle n’est connue des seules filles puisqu’elle nécessite un accessoire essentiellement féminin : le collant en lycra. Les accessoires nécessaires à la réalisation de cette gruge est basique : une jambe et un collant. Elle m’explique le subterfuge : il suffit d’écrire son cours sur son mollet. Le jour du contrôle tant redouté, elle croisera ses jambes et lira ce qu’il y a d’inscrit sur son mollet en tirant légèrement sur son collant.

Parole d’ancien : « Aujourd’hui, il n’y a plus de héros du fond de la classe. » En ce temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, il y avait la calculatrice scientifique sur laquelle on passait des heures à entrer des formules et même tous ses cours d’histoire (vous savez, les dates…). De nos jours, il n’y a presque plus aucun charme à gruger, les tricheurs ont perdu leur statut de héros du fond de la classe. C’est devenu trop facile, un seul accessoire suffit : le téléphone portable.

Les méthodes de triche se multiplient, cela va des cours enregistrés dans un brouillon aux prises de photos des cours. Ceux qui disposent d’un forfait internet, peuvent surfer sur Google traduction ou Wikipédia, par exemple. Les SMS et MMS gratuits facilitent aussi la chose, les questions sont envoyées à un copain soit par texto soit par photo, qui enverra les bonnes réponses au bout de trois minutes. Un peu comme dans « Qui veut gagner des millions » : c’est l’appel (caché) à un ami.

Après avoir longuement réfléchi à ces diverses techniques, la plus efficace reste quand même de gruger avec son cerveau (même si j’aime beaucoup mon téléphone). Le temps qu’on perd à vouloir tricher (prépa d’antisèche, etc.), on peut le mettre à contribution pour relire sa leçon. C’est encore la meilleure des antisèches.

Sarah Ichou

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