« Vintage ». Ce mot anglo-saxon est à la page des magazines de mode depuis pas mal d’années déjà. Le Petit Larousse dit : « Est vintage tout vêtement, accessoire, meuble ou objet déco d’au moins dix ans d’âge, rare, si possible griffé ou signé et en parfait état. » On va ici s’arrêter sur le recyclage, au sens noble du terme, de vêtements et accessoires. Les « fashion victim », jamais en retard en d’un train, sont de plus en plus classiques et remettent les fringues de leurs aînées. Quand on leur demande où elles se fournissent, c’est soit dans l’armoire de maman soit chez le fripier.

Figurez-vous qu’il y a un stand vintage, enfin un fripier, au marché de Bondy, situé entre le marchand de légumes et le vendeur de vêtements  « made in china ». Le responsable du stand, un homme jovial, est en pleine discussion avec une cliente plutôt âgée. J’apprendrai par la suite qu’elle pourra bénéficier d’une carte fidélité platine parce qu’elle suit son vendeur favori depuis qu’il a son rond de serviette sur le marché. Une place héritée de son père qui tenait déjà ce stand dans les années 1970. Une autre femme, plus jeune, fouille dans les pantalons. Elle est coiffée d’un turban bleu, un look « bobo », c’est sûr : « Si je viens là ce n’est pas pour faire des économies mais parce que j’ai toujours un petit coup de cœur, vintage ou pas, il faut seulement que ça me plaise. »

Anna, une de mes amies, est total vintage : « J’aime le vintage non pas parce que c’est la mode mais parce que le style « old school » assez américain m’a toujours plu. Je trouve que c’est sympa de récupérer les cartons de fringues abandonnés par nos parents, on se replonge dans leurs souvenirs, en quelque sorte. Mais les marques abusent : pour un jean déglingué, tout déchiré ou une simple chemise délavée ça peut facilement atteindre les 50 euros ! Moi je préfère mon fripier de la gare, j’y trouve mon bonheur et pour pas cher : entre 1 et 10 euros la pièce. »

Beaucoup de vêtements et accessoires nous paraissant aujourd’hui dernier cri ne sont pas nécessairement portés par les « vintages addict ». Les Way-Farer et les Aviators de Ray-Ban, sans doute les lunettes de soleil les plus en vue ces dernières années, tous modèles confondus, datent de 1950 ; les baskets All-Star sont nées en 1908 ; la marinière qui est passe-partout a fait son apparition chez les femmes vers 1900. On considère aussi le « style garçon » comme vintage : les pantalons carotes, les chaussures Richelieu, les cravates qu’on attache mal sur un chemisier, l’imprimé liberty qui revient à la mode cet été et les vestes de costumes.

En tout cas, un conseil : il vaut mieux conserver sa garde-robe dans sa cave ou dans son grenier pour avoir le plaisir de la ressortir dix ans après l’y avoir rangée. Je vous assure que vous serez au top parce que la mode est éternelle et que vous le valez bien (un slogan indémodable).

Sarah Ichou

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