Trois écrans grésillent dans le hall de la Fondation France Télévisions. Sur le premier, Sophie Davant s’émeut devant des gens qui se sont fait « usurper leurs identités » . Il est 15h04. Sur le second, le cigare de l’inspecteur Derrick se consume doucement. Le dernier propose un match de tennis sur terre battue. A la balle de set, Marie Anne Bernard, déléguée générale de la Fondation France Télévisions, arrive. Elle nous emmène jusqu’à son bureau. On croise, collés sur un mur, une photo des frères Bogdanov.

Depuis quelques jours, et pour la deuxième année consécutive, la Fondation France Télévisions a lancé son ambitieux projet « Bourse des quartiers». L’idée est simple : faire entrer des jeunes à la télé pour qu’ils créent des fictions et des reportages d’information, à leur manière, avec leur ton, leur idée et leur envie. « Bourses des Quartiers »  est avant tout un concours, ouvert aux 16-25 ans, venants des quatre coins de la France et des DOM-TOM. « Le premier volet de l’opération, explique Marie Anne Bernard, c’est celui de la fiction. Nous allons récompenser six lauréats avec des bourses de 3000 euros chacun. » L’écriture est libre, mais il y a un thème : Filles-Garçons. C’est tout.

Dans sa lancée, elle continue : « Le second volet qui nous intéresse et que nous avons mis en place cette année, c’est celui de l’information. Les huit lauréats seront dotés d’une bourse de 2000 euros chacun, pour réaliser un reportage d’actualité ». Il y aura donc les apprentis cinéastes et les apprentis journalistes. « Tous les lauréats, dans les deux catégories, seront aidés par des tuteurs, salariés du groupe, pour qu’ils puissent réaliser leurs fictions ou reportages. »

« C’est une vrai volonté de faire une ouverture à la diversité et à la jeunesse » reconnait la déléguée générale. Les lauréats peuvent jusqu’au 30 mai remplir les dossiers, qu’ils soient intéressés par la fiction ou par le journalisme. « La seule contrainte que nous imposons aux participants, c’est qu’ils soient affiliés à une association » ajoute Sophie Delorme, déléguée générale adjointe de la Fondation.

« Effectivement, c’est aussi l’un de nos buts, ajoute Marie Anne Bernard. On ne donne pas de leçons, mais on ouvre les portes pour mettre en relation le groupe France Télévisions et le tissu associatif. » La télé publique qui se fait éventrer par son public … « C’est un moyen de redire que c’est la télévision de tous, et pour tous » rappelle Sophie Delorme.

« Le nouveau président du groupe [Rémy Pflimlin nommé en août dernier par Nicolas Sarkozy] voulait continuer ce projet et a même voulu le développer, en lançant le volet information, en plus de la fiction » disent-elles, d’une même voix. « Les reportages d’actualité seront diffusés dans les éditions régionales et l’un des huit sera sans doute diffusé dans un JT national, pour avoir plus de visibilité. » Rémy Pflimlin veut donc refaire une jeunesse à ses chaines.

On dit même, qu’avec ses équipes, il s’intéresse aux nouveaux médias. « On est en retard dans ce domaine », avoue Marie Anne Bernard. Mais, avec ce genre de projet, le groupe de la télévision publique prouve qu’il fait des efforts pour rattraper son retard. La fin de l’histoire ne dit pas si le patron, avec sa volonté de rajeunir ses programmes, évincera l’inspecteur Derrick …

Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah

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