Lors d’un séminaire sur la « préparation à l’entrée dans la carrière juridique », quelques préceptes m’ont été enseignés. Des conseils et des rappels qui permettent de comprendre les codes en entreprise. Ces codes ne se résument pas seulement aux civilités sociales ou professionnelles. Ils répondent à une éthique de la représentation et de l’intelligence. Les assimiler et les comprendre semble essentiel pour entrer dans la vie active.

Les professeurs de droit ont toujours insisté sur l’importance de maîtriser l’art et la manière de se présenter à l’autre. Les étudiants de Sciences-Po l’ont compris depuis longtemps. S’ils ne sont pas des techniciens du droit ils sont en revanche des techniciens du pouvoir. Ne pas négliger cette dimension, car à la sortie du Master nous serons confrontés à ces profils hautement qualifiés sur le marché du travail.

Par ailleurs, on constate un décalage entre les membres de l’université et ceux qui n’ont pas fait suffisamment d’études. Contrairement aux étudiants, ces derniers ont compris que nous vivons dans un univers fait de codes. Le secret de la réussite est là. Le jeune diplômé croit avoir toute les chances en main en vantant les diplômes qu’il a obtenus. Il a tort. Il lui manque l’essentiel : la maîtrise des codes.

Par exemple, lors d’un entretien professionnel, ne négligez pas votre apparence physique, nous conseille-t-on lors du séminaire. Vous représentez une identité et une image qui renvoient à votre propre personnalité. La première question que se pose un employeur lorsqu’il vous reçoit, est de savoir s’il peut suffisamment vous faire confiance,  si vous pouvez représenter l’image de la société. N’omettez aucun détail. Pensez à vos chaussures car elles parlent de vous contrairement à ce que vous pouvez penser. Ayez donc des souliers en bon état. Le costume noir, les chaussettes blanches et la cravate trop bariolée, sont à proscrire pour les hommes. Soyez sobre et classe. Préférez le costume sombre et la chemise blanche couronnée d’une cravate bleue.

Quant aux femmes, ayez un peu de pudeur dans la façon de vous habiller. Soyez sérieuses dans votre représentation. Une tenue trop provocante pourrait rendre mal à l’aise votre interlocuteur. Ces codes ne valent que dans le milieu juridique. Chez les créatifs par exemple,  ils différent. Bien entendu si vous représentez un certain chiffre d’affaires pour la société, la question de la tenue vestimentaire se posera beaucoup moins.

Autre point important lors de l’entretien : cherchez à connaître la société dans laquelle vous avez postulé, ses activités, sa spécialisation. C’est essentiel. Soyez ponctuel et prenez de la marge. Mais si vous arrivez avec trente ou cinquante minutes d’avance ne restez pas planté devant l’entreprise. Allez plutôt sentir à l’extérieur l’endroit dans lequel vit votre entreprise.

Lisez l’actualité des affaires. Vous allez être avocat ou juriste, il faut être à jour sur l’actualité des lois et des affaires. C’est indispensable. Un bon juriste ne se mesure pas seulement à sa capacité de manier le droit mais à son goût de s’acculturer à l’actualité.

Méfiez vous d’Internet. Il peut être un ennemi déclaré. Il recèle des informations précieuses sur votre personnalité. Aux États-Unis 40 % des recrutements se font sur la représentation en ligne. A partir de votre curriculum vitae l’employeur va vous googliser. Le plus compromettant n’est pas les photos que vous publiez sur Facebook mais ce sont vos pensées politiques ou vos écrits scientifiques qui pourront se retourner contre vous.

Entretenez vos réseaux. Ce sera votre force. Encore une fois les étudiants de Sciences-Po l’ont encore une fois parfaitement compris. Il faut que vous développiez cela en vous. Fédérez-vous afin d’être présents.  Le premier interlocuteur après votre Master sera l’Association pour l’emploi des cadres. Ce seront des conseillers spécialisés qui n’auront rien à voir avec ceux de Pôle emploi. Vos professeurs, ne les oubliez pas. Ils font également partie du périmètre de votre réseau.

Mimissa Barberis

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