Vingt heures, Stade Montbrand, Pantin (93). D’entrée de jeu on remarque les maillots bien sales dans cette équipe de rugby qui se compose de débutantes et d’anciennes de l’équipe première qui se « mettent au repos », comme dit Alain Poux, le dirigeant des Louves. L’esprit est bon enfant du côté des filles de l’équipe 1. Ce wee-kend c’était repos, pas de matchs en vu, alors on bosse le physique : on monte, on descend les marches, on prend les filles sur le dos, on baisse les genoux et tout ça avec le sourire. On plaisante puis elles finissent par crier : « On a faim ! »

Les joueuses sont assez jeunes, entre 20 et 25 ans, et ne vous y trompez pas, elle ne sont pas taillées comme des armoires à glace. Le mieux placé pour en parler le dirigeant qui est originaire de Lavaur dans le Tarn. C’est sa toute première année en tant que dirigeant  : « Quatre de nos joueuses sont en équipe de France et dans l’ensemble elles sont toutes ambitieuses et très agréables à vivre. »

Direction la maison du rugby avec les joueuses, située près du stade Henri Wallon à Bobigny. Toutes les équipes sont réunies autour des tables et se préparent à engloutir le repas. Après une bonne douche, on laisse les crampons au vestiaire et on remet maquillage et boucles d’oreilles. Les joueuses affamées prennent place doucement à table devant le match Stade français – Clermont. Au menu, pommes de terre sautées et bière.

Marion, morceau de pain à la bouche n’en mène pas large devant un micro et pourtant c’est une jeune joueuse de l’équipe 1 qui a intégré l’équipe de France de rugby à 7. C’est un peu la grande gueule de l’équipe, mais avec l’esprit bon enfant. Elle a découvert ce sport avec la Fac, «c’était obligatoire mais cela m’a vite plu ». Elle s’adapte aussi bien au rugby à VII qu’au rugby à XV en jouant sur l’aile, finalement« c’est relativement la même chose ».

Sa coéquipière, Mailys, professeur d’EPS de 23 ans à Pantin, débarque de Bayonne. Petit hématome au nez elle avoue que ses collègues sont un peu surpris quand elle leur dit qu’elle pratique le rugby depuis quatre ans.  Dans le Sud-ouest, c’est bien connu, le rugby est une religion pourtant Mailys l’a découvert sur le tard, lorsqu’elle était à la Fac de Bordeaux. « Quand je suis arrivée je devais choisir un sport. Au début j’ai choisi des choses qui ne m’ont pas plu et une amie m’a conseillé le rugby, j’ai de suite accroché et j’ai commencé en club à Bayonne. Au début, ma famille était surprise, tout le monde jouait donc pourquoi pas moi et pourquoi si tard. » Après chaque match, elle avait le droit à des «  Tu t’es fais mal ? » au téléphone et des « Mets toi de la glace ! » à la maison.. Elle terminera avec son un accent du sud-ouest en me disant que « les filles sont vachement motivées pour la demi-finale le 14 mai contre Perpignan à domicile. »

Camille, est assise en face, elle est en train de saucer son assiette et marmonne d’un air ironique : « Non moi en réalité ça me soule de jouer la demi ». Ingénieur en électronique, elle joue depuis dix ans. C’est sa première année « en rouge et noir » et de son côté c’est un peu une histoire de famille. Son papa est très fier de son parcours mais la maman « ne veut plus en entendre parler ». Alors, elle pense réduire le rythme lorsque les contraintes se présenteront à elle : famille et enfants, qu’elle n’a pas encore. « Pour l’instant ma seule vraie contrainte c’est mon boulot ». Après en « avoir chier » à l’entraînement, ce moment de détente partagé fait l’unité de l’équipe qui va en avoir besoin ce 14 mai à l’occasion de leur demi-finale.

Jessica Fiscal

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