Le Centre National de Rugby de Marcoussis, siège de la Fédération française de rugby et lieu d’entrainement de l’équipe de France, a ouvert ses portes durant quatre jours à 30 jeunes de banlieue. C’est l’opération « bouge tes crampons », parrainée par orange. Au programme des festivités : des entrainements d’initiation au rugby, entrecoupés de séances de coaching numérique pour former toute cette jeunesse au blogging et aux médias sociaux. Un mariage inattendu…

Il est 11h00 quand j’arrive à Marcoussis. La salle est bruyante, ça s’agite, les trente jeunes des Ulis, de Grigny et de Massy ont pris possession des lieux. Pourtant quand chacun se présente individuellement, ces adolescents deviennent timides comme des amoureux. La prise de parole en public, pour beaucoup d’entre eux, une grande première. Après tout, beaucoup de grands sportifs, comme Benzema, rougissent aussi quand ils parlent aux caméras.

D’après leurs confessions, nombre d’entre eux n’ont jamais joué au rugby, rien d’étonnant. Au nord de la Garonne, le ballon ovale s’incline devant le  ballon roi, le ballon rond. Jeunes de l’Essonne et éducateurs sportifs  profitent de ces présentations pour faire connaissance. Ces derniers s’occuperont du rugby tandis que les équipes d’Orange fourniront les ordinateurs pour les former à l’utilisation des blogs et autres réseaux sociaux.

Les conversations entre jeunes reprennent après les présentations. Olivier Voisin, éducateur de rugby dans l’Essonne prend alors la parole pour rétablir le silence dans la salle de conférence : «  Si on veut être capable d’être écouté par les autres, il faut d’abord savoir écouter ». Un autre éducateur rajoute : « Les gros mots sont à bannir pendant le stage». Diadé, éducateur de la ville de Grigny y va également de ses recommandations : « Un moment donné il faut prendre sur soi, si on est capable de se tenir cela va être bénéfique pour tout le monde ». Les jeunes gens écoutent,  en silence. « Vous créez l’image de la cité. Vous avez parlé d’avenir ce matin, c’est vous l’avenir » rajoute Olivier Voisin.

Cette entrée en matière précède la distribution des clés des chambres. Tous veulent vite s’installer, pressés qu’ils sont d’enfiler leurs crampons. Des binômes sont constitués par ville.  Youcef, 17 ans de Massy, ne cache pas sa joie. Il  a déjà fait du rugby « à l’ancienne ». Il a fait  des tests en présence d’entraîneurs, reconnaît qu’il aime le rugby mais ne sait pas s’il souhaite le pratiquer assidument.

Pendant que les jeunes filent dans leur chambre, un communicant d’Orange décortique le concept de Bouge tes crampons : « En 2009, aux Muraux, lors d’un cross, l’idée de mettre en relation les gens entre eux à germer. Cette même année on a commencé à beaucoup parlé des  réseaux sociaux. L’idée est  donc venue de transformer les jeunes en coachs numériques afin qu’ils valorisent leur ville et leurs initiatives personnelles.  Pour le choix du sport, c’est le rugby qui se rapproche le plus des valeurs que l’on voulait véhiculer ».

Les trente adolescents sélectionnés s’installent tout doucement dans leurs nouvelles chambres. Ils sont excités à l’idée d’être livrés un peu à eux-mêmes, loin des parents, pendant quelques jours. La bonne humeur embaume les couloirs décorés de grandes photos de joueurs emblématiques du rugby mondial. Ils commencent à faire connaissance tranquillement tout en enfilant la tenue officielle : « Tu viens de Grigny toi c’est ça ? » – « ouais et toi ? » Toutes les amitiés du monde commencent par là.

Les choses sérieuses ne débutent pas tout de suite ou plutôt si, manger étant une chose sérieuse dans notre beau pays. Pendant que certains se restaurent, d’autres s’amusent à se filmer près du billard ou au piano bar de Marcoussis, grâce aux mini-caméras mis à leur disposition pour animer leur blog.

La pause déjeuner est terminée. A 14h30, nos jeunes entrent en action sur le synthétique de Marcoussis. Ils sont rassemblés au milieu du terrain.  Abou, 16 ans, qui a fait du rugby pendant 5 ans dans la ville de Massy, se prépare aux séances de flag (on ne plaque pas on se contente de toucher le maillot). Kévin, 16 ans aussi,  joue au club d’Orsay, au poste de pilier, et m’explique pourquoi il est de l’opération : « Mon éducateur m’a proposé ce projet et j’ai dis oui tout de suite comme j’adore le rugby. Je veux m’améliorer dans ce sport,  être ici c’est une grande chance pour moi, c’est juste énorme ». L’entraînement se déroule ensuite sous forme d’ateliers centrés sur la défense en ligne, le jeu au pied, etc… Les jeunes sont entourés des portraits grand format des joueurs du XV, une motivation de plus pour eux. Abdou et Brice, animateurs des ateliers remarquent une grande motivation chez ces jeunes : « Ils se sont prêtés au jeu c’est ce qu’il fallait pour que tout se passe bien »

A 16h00, les jeunes prennent une collation car la journée n’est pas finie, ils doivent maintenant  animer le blog. Pour vérifier leur connaissance en rugby, Marthe et Elodie d’Orange, organisent un quizz avec des questions plutôt simples. Un des jeunes se fait filmer posant des questions à ses coéquipiers. Certains néophytes  se débrouillent très bien. La vidéo sera publiée sur le blog quelques heures plus tard à la grande joie des participants qui l’expriment très bruyamment. Il faut le reconnaître, ces jeunes apprentis sont assez agités, voire excités,  mais ils sont pardonnés. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de suivre un stage à Marcoussis, le temple du rugby français.

Jessica Fiscal

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