La Société Générale accueille pour la première fois, en partenariat avec le Mastère HEC Entrepreneurs (Haute École de Commerce) et l’association nos Quartiers ont des Talents (NQT) ,90 étudiants du Mastère et 30 jeunes diplômés en recherche d’emploi. Ils sont soutenus par NQT, un acteur incontournable dans la recherche d’emploi des jeunes hauts diplômés issus des quartiers populaires. Les étudiants viennent présenter devant un jury professionnel leur projet de « création d’entreprises ». La tension est palpable. Le sérieux est de rigueur. Les équipes sont composées de trois personnes. Chacune se présente et expose, comme de véritables professionnelles. Il y a un talent des supports et de l’expression. Un talent aussi de la persuasion. Chaque équipe doit convaincre de la faisabilité du projet. C’est un peu le projet de leur vie ou celui qui va renforcer l’envie d’entreprendre.

Première étape-clé avant de se lancer dans un projet entrepreneurial : établir un Business Plan. Il s’agit d’envisager le processus dynamique pour atteindre la commercialisation du produit, trouver les financements, les investissements, les coûts de productions, la cible du marché, le risque management, le recrutement. Seulement le temps est court. Très court. 30 minutes. Dont 15 minutes d’échanges avec le jury. La difficulté est de trouver la mesure entre le temps et la richesse du contenu. L’exercice est réussi.

Le projet ainsi exposé est jugé et noté par des professionnels. Les notes vont globalement de 10 à 17. Trente jeunes soutenus par Nos Quartiers ont des Talents font partis du jury professionnel. Ils portent un avis sur les projets mais ne participent pas aux délibérations. De ce point de vue, Mathieu Vedrenne, Directeur de cabinet du PDG de la Société Générale et parrain engagé à NQT considère qu’il faut pour les années suivantes une participation significative des jeunes issus de l’association NQT dans l’appréciation des projets.  Il souligne néanmoins que « cela reste un succès sur le plan académique et humain. »

Il ne s’agit pas seulement d’un exercice académique. Le Mastère HEC Entrepreneurs est destiné aux étudiants qui ont le désir d’avoir dans leur vie un projet d’entreprendre. C’est pourquoi ces projets en général peuvent continuer à vivre. Entre trente à quarante projets se réalisent. Dix à douze entreprises perdurent. « Seulement on est dans un système où on détourne des étudiants de leur droit chemin », souligne Laurence Lavenant, directrice des relations écoles à la Société Générale. On inculque à des étudiants en Mastère, qui se trouvent à la fin de leur formation, l’envie d’entreprendre. L’ambition est louable mais les enjeux sont importants. C’est pourquoi il y a une réticence manifeste de la part des parents et des amis. Ils considèrent que les étudiants doivent dans un premier temps exercer et apprendre un métier qui soit en cohérence avec leur formation et non pas se lancer précipitamment dans la création d’une entreprise. En général, au bout de trois ou quatre ans, ceux qui sont motivés saute le mur et passe à l’acte.

Mathieu Vedrenne insiste beaucoup sur la richesse du jumelage entre le Mastère HEC Entrepreneur et Nos Quartiers ont des talents dont la Société Générale est le sponsor. « NQT a une action d’insertion formidable » dit-il. L’association redonne confiance aux jeunes diplômés grâce aux conseils prodigués. De ce point de vue, Amandine Boccacini (photo) qui participe au Jury « Création d’entreprises » le confirme. Elle a un projet déterminé après son Master 2, celui d’être le lien entre les entreprises et les personnes qui souhaitent entreprendre. L’APEC (Aide pour l’emploi des cadres) submergée de travail lui recommande de se mettre en relation avec Nos Quartiers ont des talents. NQT décide donc de la mettre en contact avec des étudiants d’HEC qui lui ont apporté les outils et une stratégie pédagogique pour la réalisation de son projet. L’histoire ne s’arrête pas là.

Voyant sa motivation, NQT la pousse à s’inscrire au Mastère HEC Entrepreneurs. Une formation qui coûte cher. 17 000 euros l’année. Amandine est entrée en contact avec  Martin Bouygues, parrain de la promotion HEC. Il accepte de financer les frais de scolarité. Pour le moment, il s’agit simplement d’un accord de principe, le temps d’attendre l’avis d’une commission. Dans l’ensemble le jumelage entre le Mastère HEC Entrepreneurs et NQT est une réussite dont l’objectif est de favoriser la mixité sociale et d’en sortir des pépites.

Mimissa Barberis

Articles liés

  • Dans les quartiers, le nouveau précariat de la fibre optique

    #BestofBB Un nouveau métier a le vent en poupe dans les quartiers populaires : raccordeur de fibre optique. Des centaines d’offres d’emploi paraissent chaque jour, avec la promesse d’une paie alléchante. Non sans désillusions. Reportage à Montpellier réalisé en partenariat avec Mediapart.

    Par Sarah Nedjar
    Le 18/08/2022
  • Privatisation : les agents de la RATP défient la loi du marché

    Après une grève historique le 18 février 2022, les salariés de la RATP, s’estimant négligés par la direction, se sont à nouveau réunis pour poursuivre leur mobilisation. En cause, toujours, des revendications salariales, mais surtout, une opposition ferme au projet de privatisation du réseau de bus à l’horizon 2025. Reportage.

    Par Rémi Barbet
    Le 26/03/2022
  • Dix ans après Uber : les chauffeurs du 93 s’unissent pour l’indépendance

    Une coopérative nationale de chauffeurs VTC, basée en Seine-Saint-Denis, va naître en 2022, plus de dix ans après l'émergence du géant américain. En s’affranchissant du mastodonte Uber, les plus de 500 chauffeurs fondateurs de cette coopérative souhaitent proposer un modèle plus vertueux sur le plan économique, social, et écologique. Après nombre de désillusions. Témoignages.

    Par Rémi Barbet
    Le 14/02/2022