Me voilà en vacances au Portugal. Pendant qu’une partie des lycéens français est en cours, je décide de me faire une journée à Lisbonne avec mes amis. Nous logeons à Crùz de Pau. Après une longue marche en ville, et des rues qui montent à n’en plus finir, nous nous arrêtons au Chapito, un restaurant-brasserie sur la falaise, avec une vue magnifique sur Lisbonne et l’Atlantique. Un déjeuner ensoleillé englouti, nous voilà repartis pour la montée, direction le Château de San-Jorge. Arrivés en haut, la vue n’a d’égal tant elle nous rend minuscules face à l’immensité de la nature. Les flashes qui crépitent dans tous les sens, nous entendons de drôles de cris qui ressemblent à des chants de guerre.

Nous redescendons et voilà un groupe de jeunes bacheliers vêtus de bleu, sous les ordres d’un groupe de jeunes tout en noir, des chaussures à la cape en passant par le chapeau et la jupe. Ne parlant pas un mot de portugais, je ne comprends rien à ce qu’ils racontent mais cela amuse beaucoup de monde. Toute la descente, nous entendons des chants hurlés par les bacheliers. En bas, sur la place Marques de Pombal, face à l’océan, voilà un groupe en jean et t-shirt blanc. Jusque-là, rien de grave, sauf que ces jeunes sont à quatre pattes au sol. Plus je m’approche, plus je remarque certains détails anormaux. Les t-shirts sont tagués au marqueur, avec des taches énormes de sauce tomate et d’œuf. Une paire de chaussures de clown énorme et toute rouge traîne au sol. Un des jeunes a une demi-perruque blonde assez longue et une belle citrouille sous le bras. Sans compter le dentifrice sur ses lèvres, le chocolat sur son dos, la farine sur sa tête ou encore l’œuf écrasé sur son ventre.

Je pense à une blague, jusqu’au moment où mon amie qui parle portugais demande à un jeune en noir ce qu’il se passe. La réponse nous sidère : « Vous voyez, ces jeunes sont bacheliers 2011 et ils célèbrent leur entrée à l’université de médecine dentaire de Lisbonne par le bizutage obligatoire. Nous, les anciens en noir, nous leurs donnons les ordres et gages que nous voulons, s’ils ne s’exécutent pas, des sanctions tombent. Comme des séances de pompes dans la rue. Ils se vengeront l’an prochain sur les nouveaux arrivants, mais pour le moment ils obéissent ! »

Soudain, quatre mecs me fixent. Ils viennent de recevoir un ordre et je commence à m’inquiéter, jusqu’au moment où le pire arrive. Je me retrouve encerclée par ces types dégoulinants de condiments et autres mixtures, munis de pancartes en cartons où sont inscrits ces deux mots qu’ils me hurlent dans les oreilles : « FREE SEX !! » Voilà que tout le monde me regarde, jusqu’au moment où une fille rejoint le groupe. Soudain ils s’arrêtent et se voient ordonner de sprinter aussi vite que possible jusqu’à une  dame d’une cinquantaine d’année qui marche seule. Elle a droit à la même scène que moi. Et pendant ce temps, un touriste américain blinde son Reflex Canon avec des clichés à mourir de rire.

Nouveau défi, faire tenir un œuf entre une fille et un garçon, au niveau de leur sexe. Un peu cochon mais impossible de le tenir plus d’un dixième de seconde. Voilà qu’il s’éclate au sol. Punition ? Essuyer le sol à l’aide de son propre corps. Une demoiselle se roule dessus sous les éclats de rire, pendant que le jeune homme se fait étaler du dentifrice sur les lèvres.

Chaque année, octobre vibre sous les bizutages de rentrées universitaires au Portugal. Bien que certains le vivent très mal, ici, c’est l’éclate totale avant le sérieux des études universitaires.

Inès el Laboudy

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