Les jeunes militants UMP du Nord attendent ce rendez-vous depuis des semaines. Le premier meeting du projet 2012 du parti de la majorité a bien lieu chez eux, à quelques kilomètres du fief de Martine Aubry, la grande rivale locale. La ville choisie pour cette première convention UMP n’est pas anodine. Lambersart : 30 000 habitants, banlieue chic de Lille, avec ses beaux coupés sports et ses maisons aux allures de chalets, est le bastion du secrétaire adjoint du parti, Marc-Philippe Daubresse. Pour y arriver, il en fallait du courage. Sans véhicule : deux métros, un bus, et vingt minutes à pied. Au total, une heure de trajet.

Le « courage », c’est justement le slogan choisi par l’UMP pour son premier rendez-vous de campagne. Pendant deux heures, le mot est répété à l’envi par les ténors du parti et du gouvernement, Jean-François Copé, Roselyne Bachelot, Nathalie Kosciusko-Morizet, Marie-Anne Montchamp. Une vertu attribuée à Eric Woerth, qui, en revenant médiatique après des semaines d’absence, est chaleureusement applaudi par la salle. « Eric Woerth est un type courageux. Il n’y a aucune preuve de sa culpabilité. On a lâché la meute sur lui« , regrette Geoffrey Delepierre, responsable des jeunes UMP de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais limitrophe.

Aux avant-postes, les jeunes militants du parti animent la soirée : tee-shirts aux couleurs de l’UMP, drapeaux bleus blanc rouge, banderoles à l’effigie du mouvement. « Ça donne vraiment de l’adrénaline. J’ai 19 ans et cette campagne va être une première pour moi« , répond, enthousiaste, Cyprien Dubus, responsable des jeunes POP à Lambersart. Pour cet étudiant en droit à Lille, les « valeurs de droite comme le travail, la famille, la patrie » l’ont poussé à adhérer au parti, il y a 3 ans. « En période de crise, ni le Parti socialiste, ni le FN n’ont les réponses appropriées« , explique-t-il.

Toute la soirée, le Parti socialiste en prendra pour son grade : des discours des cadres de l’UMP jugeant les socialistes « irresponsables » aux réactions des jeunes estimant les propositions du parti « irréalistes ». Les affiches anti-socialistes placardées sur les murs de la salle des sports George Delfosse, côtoient celles qui prônent le travail et la fin de l’assistanat, avec une mention « Fiers de nos valeurs« . Une similitude avec les slogans du Front national ? « Pas du tout, rétorque Sébastien Leblanc, responsable départemental des jeunes Pop du Nord. Je ne vois pas en quoi la référence des valeurs serait un monopole du Front national. » Sébastien Leblanc se dit confiant pour 2012. « Nous avons le meilleur des projets et le meilleur des candidats« , affirme-t-il d’un ton certain. Mais lorsqu’on l’interroge sur le peu de diversité dans la salle, il répond, agacé :  » Vous êtes communautaristes ? Tout le monde a sa place à l’UMP. Il y avait peut-être trop de pénombre pour que vous puissiez les distinguer. »

Mehdi Sobhi, militant jeune Pop, insiste. « À l’UMP, on a la chance d’avoir cette main tendue. C’est le seul parti qui prend en compte les réalités quotidiennes des gens et qui fonctionne au mérite. Ici, je n’ai jamais ressenti de racisme, et je me suis toujours senti à ma place. » Mais le consultant en entreprise et vice-président d’un centre social à Lille reconnaît le manque de diversité à l’UMP du Nord. La faute au Parti socialiste, selon lui. « Avoir accès aux habitants des quartiers, ça passe beaucoup par les associations. Or, elles sont monopolisées par les socialistes, qui du coup créent l’assistanat. »

Du côté des jeunes non encartés, on hésite encore. Jennifer Pepiot porte le tee-shirt jeunes Pop mais n’a pas encore franchi le pas. Pour cette jeune fille, qui prépare les concours de la gendarmerie, la sécurité est un enjeu majeur. Dans son quotidien, aucun problème de ce genre, même si elle constate qu’à la télévision, les forces de l’ordre ne peuvent pas entrer dans les cités. » Intéressée par l’UMP, elle est encore indécise. « Il y a toujours certaines injustices. Pour les impôts, le gouvernement devrait prendre plus aux riches. Quant aux étrangers, ils connaissent très bien le système, contrairement aux Français qui ne sont pas aidés. À la CAF, j’ai vu un couple arriver ensemble, et partir avec deux dossiers d’aides séparés. Si on faisait ça, on se ferait lyncher! »

Geoffrey Delepierre dit refuser la stigmatisation et n’hésite pas à pointer du doigt des « maladresses » du parti. « Le débat sur l’islam et sur l’identité nationale ne m’a pas gêné en soi. Mais j’ai regretté tout l’espace médiatique qu’il accaparait alors que dans nos réunions, on n’en parlait pas tant que cela. »

Fin de la convention. Pour « l’after », c’est l’UMP qui régale : vins et petits encas. Le patron du parti, Jean-François Copé en vedette de la soirée, multiplie les photos souvenirs. Derrière lui, les jeunes militants tentent de décrocher un cliché, un petit mot, un regard, avant de quitter les lieux. Demain, il y a cours et un certain Benjamin Lancar, président des jeunes Pop, vient donner conférence. La campagne ne fait que commencer.

Nassira El Moaddem

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