18 heures 30, François Bayrou arrive au Murat. Toute l’équipe du Bondy Blog est pressée de voir ce candidat qui joue un peu le rôle d’arbitre dans cette campagne présidentielle.Cette semaine, Édouard a sous son aile Yamina, Rémi et Latifa pour cet exercice. Les esprits s’échauffent calmement, et la salle coupe son souffle lorsque le candidat du MoDem se perd en cours de route en s’exclamant : « Mon stylo fétiche est resté sur le siège arrière de ma voiture ». Édouard lui propose un stylo mais François Bayrou tient à son stylo, tant pis, l’interview peut commencer.

Des images défilent sur un écran en guise de reportage d’introduction. La conférence du mardi soir est résumée en à peine trois minutes. Pour certains, François Bayrou représente un peu la « médaille de bronze », pour d’autres, la mise en place d’un ministère des Egalités plaît. Pour Rémi, par exemple, « il est intelligent dans sa manière de faire, puisqu’il s’exclut en quelque sorte du duo Hollande-Sarko ». Mais la phrase qui a retenu l’attention de notre invité ce soir là, c’est bien celle d’Idir : «  François Bayrou en fait, dans un match de foot, c’est un peu l’arbitre ». Pas une ni deux, François Bayrou tient à intervenir avant même que nos blogueurs l’interrogent : « Il faut savoir une chose, c’est toujours l’avant-centre qui marque le plus ». Voilà, ça c’est fait, l’ambiance est posée, le Bondy Blog Café peut commencer.

Si la campagne démarre doucement, pour François Bayrou il y a une bonne raison à ça. L’affrontement Hollande-Sarko qui alimente quotidiennement, il faut le dire, nos radios et télés commence à ennuyer fortement les Français : « La campagne ne traite pas de sujets intéressants ». Lorsqu’il s’agit de se mettre en avant, il n’en rate pas une : « Qui fait les meilleurs propositions d’après les Français ? C’est moi ! ». François le Français aurait-on envie d’ajouter…

Une de ses idées principales est la création d’un ministère de l’Egalité. En effet, pour lui, beaucoup de citoyens se sentent à l’écart. « On ne les regarde pas comme les autres ». Par le biais de ce ministère, il souhaite une égalité pour tous. Latifa rebondit directement sur la question de la culture : « Est-ce qu’avoir une double culture est bien perçue aujourd’hui ? ». Le candidat confie alors qu’il a lui-même une double culture, outre rurale-urbaine, François Bayrou parle une langue romane des Pyrénées, un équivalent au catalan et trouve que “c’est un grand plus”. Et après une petite histoire sur son père, Rémi l’interroge sur sa qualité humaine qui ferait de lui un bon président. Pour lui c’est simple : « J’ai vu juste, et par nature je suis rassembleur ». Il se dit aussi être défenseur du pluralisme culturel, politique et social.

La troisième fois sera-t-elle la bonne ? C’est le sujet du prochain reportage réalisé par Alexandre Devecchio. Si, Maurice Szafran de Marianne, dit de François Bayrou qu’il « souffre du fait que les Français ne veulent plus Sarkozy », le centriste récuse cette obligation d’avoir à choisir en pleine campagne entre deux camps. « Il y a quelques chose qui ne va pas ». Il s’enflamme gentiment en disant que « cette ruse ne marchera pas ». Pour lui, Joly et Mélenchon sont ancrés dans un camp précis. Il refuse cette dualité, « si la France va si mal, la question des deux camps y est pour quelque chose ». Le temps de boire un petit coup, et François repart de plus belle : « Je m’engage dans la campagne en tant que citoyen. Le monde ne va pas ? Eh bien je vais le changer ». Latifa rebondit alors sur cet élan populaire que François Bayrou a connu lors de sa visite à Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne : « C’est une expérience humaine intéressante mais pour moi en banlieue il n’y a pas de gens différents ». Rémi s’attaque alors à un thème fort : l’éducation. En effet, Bayrou est favorable à l’école privée mais Rémi n’est pas de cet avis là. Commence un petit jeu entre le candidat et le blogueur. Si François Bayrou se vante d’avoir été prof et trouve que l’école privée est une bonne solution, pour Rémi il n’en est rien, c’est une éducation à double vitesse. Il le sait bien puisqu’il y a été élève. En réalité, la vraie question est de savoir « comment rééquilibrer les choses pour que l’école publique ait une image aussi forte que l’école privée ? »

Il est temps pour le candidat de se prêter au jeu des signes particuliers. A part son stylo, les objets fétiches de François Bayrou sont son téléphone portable et son ordinateur. Il nous confie qu’il n’écrit que sur clavier. C’est à se demander à quoi sert son fameux stylo. Pour ce qui est de sa pire victoire et de sa plus belle défaite, il hésite et répond : « Je ne réfléchis pas en terme de victoires ou défaites ». Hôtel Matignon, rêve ou cauchemar ? « Ce n’est pas là la question ». Lorsqu’on lui demande de parler du quinquennat de Sarkozy, il retrouve immédiatement la parole : « Ses orientations du début étaient erronées, les valeurs qu’il affiche dans ses discours ne sont pas vraies ».

En parlant de promesses, le prochain reportage porte sur le Ministère de la crise des banlieues situé dans le 4e arrondissement de Paris. Dans ce squat civique, on observe assez rapidement une ambiance d’Assemblée générale. Tous centrés autour du même sujet « 30 ans de promesses ». Alors, pourquoi l’Etat est si impuissant ? Il répond avec ferveur que le problème principal est humain, « on ne comprend pas un certain nombre de besoins de la société ».

Sur la question de la sécurité, le reportage de Hugo sur le contrôle au faciès fait réagir le candidat : « Vous savez, les policiers aussi se sentent rejetés ». Latifa lui demande alors si derrière ce contrôle au faciès ne se cache pas un peu une chasse aux sans-papiers ? Sans raisons vraiment apparentes, François Bayrou affirme alors, « j‘ai mis longtemps à comprendre qu’il y avait des différences dans la pigmentation de la peau »…

François Bayrou finit sur ces quelques mots : « Nous allons vers des temps où il y aura moins de moyens. On a plus le droit de devenir riche car en réalité nous n’avons pas besoin de moyens mais de volonté ». Il dédicace la pancarte du BBC et lance un « au revoir, citoyens ».

Jessica Fiscal
(Photos LCP/Lionel Guericolas)

Articles liés