« Adresse introuvable ». Voilà ce que votre moteur de recherche vous indique lorsque vous tentez de vous connecter à l’adresse : http://wwww.espoir-banlieues.fr/. Pourtant, lors de sa campagne pour 2007 et dès le début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy avait fait des quartiers l’une de ses priorités. Un an après son élection, le chef de l’Etat affirmait vouloir donner à tous « les moyens d’étudier et d’entreprendre. » Des vœux pieux encore écrits noir sur blanc sur la page Internet du gouvernement. Cinq ans plus tard, le constat est amer. Foisonnantes au départ, les belles intentions sont désormais bien loin derrière et les priorités des quartiers, remises aux calendes grecques.

Le 22 janvier 2008, la secrétaire d’Etat à la Ville, Fadela Amara, présentait en grandes pompes à Vaux-en-Velin (69) les principes généraux du Plan banlieues. En l’absence de Nicolas Sarkozy et avec les critiques de sa ministre de tutelle, Christine Boutin. Un plan auquel on accolera même le mot « espoir » comme pour mieux marquer l’attente des habitants. A quelques semaines de la fin du quinquennat Sarkozy, que reste-t-il de ce fameux plan ? Zoom sur ses deux volets les plus attendus : emploi et éducation.

L’emploi, parent pauvre du dispositif

100 000. C’était le nombre de jeunes de moins de 26 ans qui devaient bénéficier en trois ans du fameux contrat d’autonomie : sur le papier, un accompagnement de 6 mois, indemnisé à 300 euros, couplé de séances de coaching et devant aboutir à un emploi, une formation qualifiante ou à la création d’entreprise. Quelques mois plus tard, l’objectif des futurs bénéficiaires était revu à la baisse : 45 000. Début mars 2012, Nicolas Sarkozy, à peine entré en campagne, s’est félicité des « 30 000 contrats d’autonomie offerts chaque année ». En réalité, selon les chiffres officiels, environ 44 500 jeunes en ont bénéficié entre 2008 et 2011 et seulement 4 000 auraient, au final, obtenu un CDD ou un CDI. De plus, le contrat n’a pas profité en priorité aux jeunes des quartiers. Selon une enquête du ministère du Travail, le contrat d’autonomie se révèle « bien adapté pour les jeunes motivés ». Un contrat d’aubaine échappant une nouvelle fois aux habitants des quartiers. Enfin, les missions locales, premiers acteurs publics sur le front de l’insertion, critiquent une politique qui a les a laissées de côté au profit d’entreprises privées, sélectionnées après appel d’offres. Sans forcément plus d’efficacité.

Éducation : l’excellence comme maître-mot

Excellence et busing, voici en deux mots le volet éducation du plan Espoirs Banlieues. Deux mots pour une idée simple : extraire les meilleurs élèves des établissements en difficulté. Une méthode décriée par plusieurs inspecteurs généraux, dans une enquête laissée dans les tiroirs, selon lesquels « distinguer positivement certains élèves est peu compatible avec le principe d’égalité républicaine. » Concernant les internats d’excellence, là encore les objectifs fixés par le gouvernement sont encore loin des chiffres avancés : depuis 2008, dans les 26 internats d’excellence créés, un peu plus de 2 100 élèves sont scolarisés. Soit dix fois mois que le chiffre promis de 20 000 pour 2013. De leurs côtés, les établissements de la deuxième chance offrent à des jeunes âgés de 18 à 25 ans, sans diplôme ni expérience professionnelle, une formation et un accompagnement personnalisé pour valider des compétences ou décrocher un contrat. Dans un rapport de septembre 2009, la Cour des comptes regrette que 22 % des élèves sélectionnés dans ces établissements abandonnent en cours de route et que 30 % achèvent la formation sans solution immédiate à la sortie. Pour les 48 % restants, la moitié bénéficie d’un CDI ou d’un CDD, le reste est orienté dans une autre formation. « Des résultats limités du point de vue de l’insertion, professionnelle directe », estime le rapport.

Le 8 mars 2012, Nicolas Sarkozy a promis un deuxième plan ANRU (Agence nationale de rénovation urbaine) en cas de réélection. Un plan qui « concentrera l’argent sur les quartiers les plus prioritaires, ceux que nous n’avons pas encore refaits ». Un énième aveu d’échec sur le dossier des banlieues.

Nassira El Moaddem

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