Mon premier contact avec Paris 8 fut placé sous le signe de la surprise : le nombre de langues entendues dans un même couloir se compte au pluriel : français, créole, arabe, espagnol, chinois… J’ai ainsi pu faire le tour linguistique du monde en 500 mètres.

Au bout de 30 minutes dignes d’une course d’orientation me permettant de découvrir les locaux, j’ai trouvé mon amphi qui ne se trouvait qu’à 200 mètres de mon point de départ, grâce à mon sens de l’orientation quasiment infaillible.

Je me suis assis au fond de la salle (eh oui, sinon ce serait trop facile pour suivre les conseils que donnent les profs le premier jour !) Cette position peu avantageuse m’a néanmoins permis d’avoir une vue panoramique sur les différentes personnes présentes dans l’amphithéâtre. En apercevant tous ces profils révélant des caractères divers et variés, j’ai pu constater que les personnalités présentes étaient dignes d’un caricaturiste représentant la sociologie d’un amphithéâtre français. Tous les clichés sur l’université française étaient représentés.

Des personnes au look « gothique » avec des piercings un peu partout sur le visage, arborant continuellement la tête blasée d’une personne allergique au sucre à qui l’ont offrirait une boite de chocolat. Les gens n’enlevant pas leur casquette en cours, avec un Jean en chute libre et rigolant a gorge déployé dans la salle dès le premier jour. Les filles qui veulent nous montrer qu’elles ont une vie en dehors de l’université en passant leur temps à envoyer des textos en oubliant ainsi qu’elles sont elles-mêmes entourées de personnes non virtuelles, en passant par les Rastas, blancs pour la plupart, avec, pour la majorité un portrait de Marley, ou une phrase choc tel que « Jesus was a Rasta » sur leurs t-shirt, sacoches ou casquette arborant fièrement le drapeau de la Jamaïque.

Il y a aussi des garçons de 18 ans cherchant à se vieillir avec des lunettes leur masquant la moitié du visage, une mallette en velours, habillé en mode vielle école gardant leur smartphone a porté de main histoire d’être au courant des « news » et la mine grave d’un prisonnier américain marchant dans le couloir de la mort. Il ne faut bien évidemment pas occulter la présence des jeunes politiciens « révolutionnaires » nous prenant à la gorge dès le premier jour afin de nous faire participer à leurs manifestations en tentant de nous faire rentrer des phrases choc dans la tête en revendiquant haut et fort les couleurs de leur parti. Pour ajouter une touche finale à ma peinture de la typologie de mon amphithéâtre, il est important de rajouter un bon nombre de personnes ayant au-dessus de 25 ans et certains atteignant facilement l’âge de mes parents.

Ce premier contact avec le monde de la fac m’a intrigué. Moi qui n’aurai 18 ans que dans quelques mois, je suis un des plus jeunes garçons de ma section. La plupart ont entre 19 et 22 ans et sont déjà salariés. J’ai aussi rencontré mes premiers problèmes : bousculade afin de prendre les cours souhaité, passer une heure et demie dans les divers secrétariats en repartant avec autant de questions qu’à l’arrivé. Mais bon, il faut relativiser : les gens de ma filière semblent avenant, ouverts, les matières, du moins leurs intitulés me semblent intéressants, et je ne dis pas ça par simple esprit d’hypocrisie, les locaux me semblent plus agréables que ce que j’avais vu lors de mes premières visite. Pour finir sur une note d’optimisme et de contestation, si Honoré de Balzac a un jour déclaré « l’ennui naquit un jour de l’université », ma première impression est contraire à son opinion. D’après la mixité des personnes présentes sous le toit de ma fac, j’envisage une année pleine de découvertes et propice à l’ouverture de l’esprit d’un jeune homme de 17 ans.

Tom Lanneau

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