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De mémoire, on n’avait pas vu autant de monde dans les rues depuis l’anniversaire des 2 600 ans d’existence de la ville en 1999. Les habitants ont répondu présents à l’appelle de l’ouverture de Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture. Même si dans la foule, tout le monde n’était pas encore au clair. « Ça veut dire quoi MP ? »

Les organisateurs avaient tout prévu. Il fallait bien un tel événement pour que des métros circulent toutes les trois minutes, un samedi après-midi, à Marseille. Tout prévu ou presque. Arrivée à la station « Vieux-Port », c’est le choc ! Le quai est noir de monde. Impossible de se frayer un chemin jusqu’aux escalators ou aux escaliers. Les agents de la RTM (Régie des Transports de Marseille) tentent de faire la circulation sans grande réussite. RTM, qui surfe sur la vague MP2013, s’affiche comme le « transporteur de culture » Au deuxième étage, on manque l’accident. Le palier est bondé de monde mais l’escalator ne s’arrête pas. Je visualise les machines à sous, débordant de pièces mais avec des gens… Une vieille dame retient son angoisse. Sa voisine lui tient le bras « Surtout ne crie pas, sinon ça va être la panique. » Tout le monde est à touche-touche. Finalement, l’escalator se met en arrêt d’urgence. A cet étage, ce sont les policiers qui tentent de gérer cette masse.

Au bout de 45 minutes, au lieu de dix habituellement, nous accédons au Vieux-Port. Et là, grosse surprise ! Le pavé blanc, nouvellement refait, est invisible. Une masse compacte a investi le lieu emblématique de la deuxième ville de France. Sur la Canebière, les gens tentent de se rapprocher. Aux balcons, on a sorti les verres pour admirer le spectacle. 350 000 personnes selon les organisateurs.

« Toute cette histoire pour trois pétards mouillés ? »

L’ouverture de cette année, sous le signe de la culture, est organisée en plusieurs temps. Tout d’abord, une marche au flambeau reliant symboliquement les quartiers nord au centre de la ville. Puis, une grande clameur doit s’élever de la ville. Pour cela, des rendez-vous ont été fixés dans différents lieux de la ville (Panier, Opéra, La Criée…) pour crier un chant spécial. Au Pharo, la place d’où l’on peut contempler tout Marseille, le chant de l’aventurier Bob Morane a été choisi par les étudiants de l’Université.

A 18h59, le son des cloches de la ville et les sirènes des bateaux se sont élevés. Un silence solennel, dans la foule, s’est installé. Et à 19 heures précises…  le flop. Au moment de se lancer, personne n’a osé exprimer sa clameur. Il a fallu quelques minutes avant que les chanteurs du jour s’apprêtent derrière la fanfare. Sur le Vieux-Port et sur la Canebière : mêmes hésitations.

S’en sont suivis feux d’artifices, jets d’eau et jeux de lumière dans le ciel marseillais, sur l’eau du Vieux-Port ainsi que sur la Bonne Mère.  Parée de bleu et de rose, la basilique Notre-Dame de la Garde a fait son propre show. Un spectacle assez court finalement, qui n’a pas satisfait tout le monde. « Toute cette histoire pour trois pétards mouillés ? », entend-on dans la foule.

Une meilleure image pour Marseille ?

Malgré tout, l’ambiance est détendue, bon enfant. Les gens sourient, sont venus pour faire la fête. La fanfare continue de jouer des airs connus. Les notes du Madison entraînent quelques badauds dans la danse. Mathilde et Floria sont venues de Martigues pour profiter de la soirée et soutenir leurs amis de la Croix-Rouge, de service ce soir. Agées de 16 et 20 ans, elles sont contentes de la tenue d’un tel événement : « Il y a des animations gratuites, c’est bien. On va pouvoir profiter. On reviendra à un autre moment pour faire des visites. »

Sur le Vieux-Port, la foule est toujours aussi compacte. Différents spectacles, concerts et performances, sont organisés dans les lieux emblématiques de la ville. Cour d’Estienne d’Orves :  un spectacle de cirque aérien est proposé. Impossible de voir quelque chose, la foule est trop compacte. Partout, les animations sont inaccessibles. L’événement est victime de son succès. Les snacks, pizzerias, kebabs et autres lieux de ravitaillement sont pleins. 40 minutes d’attente pour une pizza…

A Marseille, cette année de mise en lumière est porteuse d’espoir. La capitale du sud de la France est une ville pauvre. Béatrice, la trentaine, en est consciente. « J’espère que ça va développer beaucoup de choses pour les Marseillais et leur donner beaucoup d’opportunités. » D’autre part, la jeune femme espère que cela va « changer l’image de la ville ». Marseille souffre depuis plusieurs mois de sa mauvaise image : règlements de comptes, vols, ripoux…

Charlotte Cosset

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