On entend beaucoup parler du mariage pour tous ! Chacun hisse et revendique son avis : pour ou contre. On le sait bien, ce débat divise et remplit les rues de notre capitale : Paname ! Ce sujet est tout de même sensible dans ces lieux que l’État appelle : les quartiers populaires. Allons prendre la température ! J’invite deux amis dans une petite pizzeria du pont de Bondy.

Le ter-ter, ils le connaissent bien, pour y avoir grandi ! On commande, le suspense est à son comble. Je respire et me lance pendant que les pizzas dorent dans le four. « Je sais bien que la politique n’est pas votre tasse de thé mais avez-vous entendu parler du mariage pour tous ?» Ils me regardent avec gêne et une once d’incompréhension.

Notre amitié semble révolue ! Ils me répondent avec un ton ferme, net et précis avec des arguments, sans nulle surprise : « un mariage, ça toujours été un homme et une femme. Je ne vois pas pourquoi, en 2013, ça devrait changer », lance Malamine . « Il faut dire que d’un point de vue religieux, toutes les religions, sont d’accord », surenchérit Quentin sautant sur le même son de cloche que Malamine. Le ton est donné, je suis seul, face à deux murs inébranlables. Les pizzas arrivent enfin et ne semblent pas apaiser la tension ambiante. Les regards se tournent vers moi, mon avis semble requis.

« On est amené à rencontrer des gens et le fait de savoir leurs orientations sexuelles nous fait changer le regard que l’on porte sur eux. Parce qu’ils ont des moeurs différentes, on doit leur fermer des portes, je ne suis pas d’accord. Ce débat part dans toutes les directions, il y en a qui disent que si ce projet de loi passe, ça sera la débandade : « on mariera des hommes et des chiens, ce n’est pas bien pour les enfants ! » C’est des bêtises tout ça, personnellement ça ne changera pas ma vie ! Je  ne suis pas Nostradamus pour prétendre de quoi sera fait demain, on verra bien. »

Je sens bien leur étonnement me gifler de part et d’autre. Ce qui était une supposition sonne comme une évidence, je suis de l’histoire ancienne ! Je renchéris alors : « c’est bien beau d’être pour ou contre, mais connaissez-vous des homosexuels ?»

« Non, non » me répond Quentin, avec empressement, comme s’il allait s’étouffer avec sa pizza. « Moi j’en connais aucun! Ils n’ont qu’à vivre ensemble mais je ne vois pas pourquoi tout révolutionner du jour au lendemain », se dédouane Malamine, aussi vite que Quentin Allons-nous arriver à un consensus ? J’imagine déjà la réponse : « on ne négocie pas avec les terroristes ! ». Je sens une petite faille qu’il me faut exploiter ! « Je sais ce que représente la famille pour vous, mais demain si l’un des vôtres fait son coming out, comment le prenez-vous ? »

« Je serai en colère, je prierai pour lui, pour qu’il change d’orientation, mais ça restera toujours mon frère ! », me confie Quentin, résigné. « Je ne pense pas que je resterai en contact, même si ce n’est pas pour autant que je les déteste ! » réplique Malamine.

Chacun affirme sa position jusqu’au bout, je relance la mienne en terrain hostile. «Vous savez, ma position est particulière ! Au début, j’avais tous ces préjugés guidés par la religion, mon éducation, là où on a grandi!  Dans mon parcours professionnel, j’ai été amené à côtoyer des homosexuels et avec le temps mes stéréotypes se sont envolés ! »

Les assiettes sont maintenant vides. Je mets un terme à cette amicale joute verbale. Il est essentiel de le rappeler, être contre ne signifie pas être homophobe et pour, être homosexuel ! Nos avis sont divergents, mais est-ce cela qui va nous empêcher de vivre ensemble ?

Lansala Delcielo

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