Pendant que certains comédiens s’évadent à l’étranger pour éviter d’être taxés, d’autres se démènent pour seulement être rémunérés ! Aurélia, jeune comédienne, riche d’expériences artistiques et humaines, rêve un jour de décrocher un rôle…

Aurélia Peñafiel, 30 ans, est tombée dans le chaudron du théâtre dès ses années collège. Son bac théâtre en poche, elle s’en va au Chili renouer avec ses origines; son père étant chilien. Elle améliore son espagnol et séjourne même au Brésil où elle apprend le portugais et intègre une école de danses traditionnelles.

De retour en France, c’est tout naturellement qu’elle se lance dans des études Arts du spectacle. Parallèlement, elle suit des cours au Théâtre Gérard Philipe (TGP) à Saint-Denis. La jeune comédienne part ensuite un an au Brésil via le programme universitaire d’échange Socrates. Elle apprend de nouvelles techniques de jeu grâce aux cours du théâtre de Salvador et elle prend des cours de gravure et de peinture aux beaux arts.

Sa Licence Arts du spectacle validée, la jeune artiste se rend à Londres pour améliorer son anglais mais surtout pour travailler. En effet, elle veut réunir suffisamment d’argent pour se payer une formation intensive de théâtre en Biélorussie : la Masterclass professionnelle de Minsk. La somme obtenue, Aurélia se rend à Minsk où elle reçoit les cours suivants : techniques du comédien, improvisation, training du comédien, tempo rythme, chant, piano, danse classique, tango, danse polonaise, claquettes, escrime, acrobatie, russe. Elle a choisi cette formation car celle-ci offre un programme très complet pour une somme raisonnable : 360 euros par mois. Le rapport qualité prix est plutôt intéressant puisqu’Aurélia souligne qu’en France, il faut débourser 300 euros par mois juste pour une école de théâtre. A cela, ajoutez les cours de chant (30 euros  l’heure), et les nombreux autres cours. Selon Aurélia, cela chiffre vite et peut facilement atteindre les 2000 euros par mois.

Après cette intensive formation, le retour en France rime avec nécessité de travailler : réceptionniste dans un hôtel, hôtesse d’accueil en entreprise et dans des salons, vendeuse et conseillère en parfumerie sont les petits boulots qu’elle enchaîne. Elle joue aussi dans des courts métrages mais elle n’est pas payée ! C’est tout de même bon à prendre pour Aurélia. Effectivement, cela lui permet d’avoir des images et ainsi se constituer une « bande démo » : c’est un teaser utile pour les castings, en 5 minutes, sont exposées toutes les expériences des comédiens. Aurélia n’a pas encore de « bande démo » mais possède tout de même quelques vidéos. Elle joue également dans une pièce de théâtre : 4 mois de répétition pour se donner en représentation pendant 3 semaines au théâtre « Les déchargeurs », tout cela pour pas un sou !!

Elle précise que le plus difficile est l’accès aux castings. Une présélection a d’abord lieu : les candidats envoient leur « bande démo » ou vidéos, les retenus peuvent alors passer le casting. La réelle clé permettant d’accéder aux grands castings est l’agent qui connaît les directeurs de casting, les réalisateurs, tous les contacts. Pouvoir décrocher un rôle lors de ces grands castings est synonyme de pouvoir enfin avoir la chance d’être rémunérée en tant que comédienne. « Je recherche un agent qui croit en moi pour me faire rentrer dans ce cercle complètement hermétique mais actuellement je suis dans le désert et j’attends de voir une oasis, la traversée du désert est très difficile. Cela dit, j’ai envie de croire que même quand t’es la fille de personne, tu peux t’en sortir. J’aimerais qu’une égalité des chances soit établie, notamment en facilitant l’accès aux grands castings. »

pic25pic25Artiste pluridisciplinaire, Aurélia vend aussi ses dessins mais son rêve, c’est le cinéma ! Aurélia, se qualifiant de jeune comédienne dynamique et déterminée,  possède plusieurs techniques de jeu théâtrales, entre autres celles acquises en France, au Brésil et en Biélorussie. Enrichie par ses nombreux voyages, Aurélia souhaiterait enfin poser ses valises sur un tournage de film…

 

 

 

 

 

Rajae Belamhawal

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