Hier, suite à son agression, Clément Méric est tombé dans un état de mort cérébrale. Et ce, jusque dans l’après-midi. Il est maintenant mort. La police a réalisé plusieurs interpellations. Voici quelques réactions de blogueurs face à ce tragique évènement.

Je n’y ai d’abord pas cru. Quand mon père m’a annoncé qu’un militant du Front de gauche de Sciences Po avait été assassiné en plein Paris, j’ai pensé à une mauvaise blague. J’ai très vite pensé à tous mes camarades de gauche avec qui nous avions milité pendant la campagne. Clément n’était pas au Parti de Gauche, mais menait une action anti fasciste, notamment à Solidarité Etudiant-e-s.

Mais en somme, il était comme moi, comme la plupart de mes amis étudiants, à l’université ou à Sciences Po, de simples militants. Ce matin, j’en retrouve de tous bords politiques au rassemblement organisé en la mémoire du jeune homme rue Saint-Guillaume. Comme moi, ils n’en reviennent pas.

Je discute avec des gens avec qui j’ai ferraillé, parfois durement pendant la campagne 2012, créant certaines inimitiés, mais toujours bon enfant. Ce midi, nous n’avons pas envie de nous violenter. De droite comme de gauche, nous essayons, tant bien que mal, de réaliser que nous aurions pu être à sa place, identifié en tant que sympathisant de tel ou tel courant de pensée et battu à mort.

A Sciences Po, les militants de l’UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) et des partis de gauche se réunissent et s’apprêtent à chanter le Chant des partisans. Les étudiants n’étant pas de gauche grommellent qu’il ne faudrait pas en faire un événement militant. Pourtant, ce chant datant de la Seconde Guerre mondiale, symbole de la lutte anti fasciste, résume en quelques vers ce que nous ressentons tous devant cette ignominie et résonne comme un avertissement :

Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place…

Le rassemblement en images : Hommage de la communauté étudiante de Sciences Po à Clément Méric

Rémi Hattinguais

 

 RIP Clément

« C’est en sirotant mon jus de fruit en terrasse de l’auberge ce matin que j’apprends la nouvelle. Un mail de notre nouveau directeur en ce début de vacances ? Que nous veut-il ? La réponse ne se fait pas attendre. « J’ai appris tôt ce matin que Clément Méric, étudiant de première année sur le campus de Paris, est en état de mort cérébrale à la suite d’une agression dont il a été victime hier après-midi près de la gare Saint-Lazare. Clément a 18 ans. » 

Au début, j’ai beaucoup de mal à réfléchir. 1) depuis quatre ans que je suis a sciences po, ça fait quand même beaucoup de mails pour nous annoncer des morts d’étudiants. Et comme à chaque fois, on tente de se souvenir si on ne l’aurait pas croisé dans les couloirs de la bibliothèque ou pris un café à ses côtés en cafet. En vain. 2) Que s’est-il donc passé aux alentours de cette gare par laquelle je passe tous les jours pour me rendre en cours ou simplement pour aller a Paris ?

En parcourant l’actualité, j’apprends que Clément a été victime d’un meurtre à cause de ses opinions politiques. Battu à mort, le droit de vote, à peine acquis, pour avoir une pensée différente de celle de ses assassins. Il ne fait apparemment pas bon de participer au pluralisme du dialogue politique en France aujourd’hui. C’est triste pour la France, triste pour la jeunesse qui désire s’engager et c’est surtout très effrayant et révélateur d’un climat suintant la peur de l’autre. Là tout de suite, je n’ai plus faim et surtout aucune envie de rentrer en France.

Bien la moitié de mes contacts Facebook sont des sciences pistes. C’est donc naturellement que, ne pouvant être physiquement présente, je vais partager avec eux ce triste moment sur la toile. Je découvre, comme à chaque drame, une solidarité et une empathie sans nom :

« Une pensée pour Clément Méric, mon ami, mon frère , tabassé par une bande de skinheads pour ses idées politiques et qui est actuellement en état de mort cérébrale. Tout Sciences Po pense à toi mon frère. »

« Dissolution des groupes d’extrême droite! Le fascisme n’est pas une opinion, c’est une fabrique à meurtriers.»

« Nous n’oublions pas notre camarade de Sciences Po Clément Méric, nous n’oublions pas toutes les vies éteintes par la haine fasciste. Nous les combattrons, eux et leurs alliés, jusqu’au bout. »

« Grande tristesse en apprenant le meurtre de Clément, jeune étudiant à SciencesPo. Et très grande colère quand je pense que rien n’est fait contre l’extrême-droite et les groupuscules violents qui partagent leurs idées. Voilà les conséquences de dizaines d’années de politique de sécurité laxiste et lâche. Vu la gravité de la situation, ne rien dire (et faire), c’est consentir. »

« Indignée!
Rip Clément, tué à cause de ses convictions politiques!
Vrai Malaise Social!
–>Arrest one of us, two more appear
#YouCannotArrestAnIdea#”

Cette mort tragique s’ajoute à des milliers d’autres, rendues possibles par une hypocrisie latente et une schizophrénie de nos « élites » prêchant de belles théories de liberté, d’égalité et de fraternité mais trop effrayées pour sortir de leurs confortables appartements parisiens, regarder notre société en face et se confronter à sa violence. L’odeur nauséabonde de l’intolérance se fait de plus en plus forte en France et ceux en mesure de faire évoluer la situation pour le meilleur se confortent dans une masturbation intellectuelle, ne produisant rien d’autre que de nouveaux clivages au sein d’une nation qui se veut pourtant une et indivisible. Les extrêmes se nourrissent des peurs mais, plus encore, de l’indifférence.

Mes pensées vont évidemment à sa famille et ses amis desquels je partage la peine immense. Et à toi, chère France, cher pays de mon enfance : il est temps que tu aies le courage de tes valeurs.

Jihed Ben

 

 Touche plus à mon Clément !

La voilà, la nouvelle du jour: un jeune homme de 19 ans, mort pour ses convictions. Alors quoi ? N’a-t-on plus le droit de penser, de réfléchir, de crier ? Doit-on se taire jusqu’à ce que la mort ou l’extrémisme le fasse à tout jamais ? Ce jeune étudiant de Science po est un martyr, mort pour ses idées politiques. Ils ont atteint son cerveau, ils ont tué ses idées, et Clément nous a quitté. Que dire à ses parents ? À sa famille ?

Ils vont devoir vivre avec cet amer souvenir de violence injustifiée. Des rassemblements se sont organisés. Sur Twitter, par mail, sur Facebook, la toile se mobilise pour ce jeune garçon aux idées pas appréciées. Les universités se mobilisent aussi, science po, où il était scolarisé en 1ère année. Clément ou Mohamed Bouazizi, morts pour leurs convictions. Une mer les sépare, une pseudo démocratie aussi, et pourtant, la haine de quelques gens leur attribue un destin commun et tragique. Paix à vos âmes, vous tous qui luttez au quotidien. Clément est parti beaucoup trop tôt, qui sait ce qu’il serait devenu s’il n’avait pas rencontré le chemin de ses assassins ? Personne ne le sait. En revanche, ce que l’on peut assurément se dire, c’est que l’extrémisme, ça tue.

Kahina Mekdem

 

« Le cadavre est à terre mais l’idée reste debout », Victor Hugo

Des envies d’un monde en couleur et un visage poupin gravé sur une photographie en noir et blanc, c’est tout ce dont je connais de toi mon cher Clément. Mais je n’en demeure pas moins attristé et choqué. Choqué car tu as été battu à mort pour tes idées politiques, pour avoir dit haut et fort non au racisme. Choqué de voir que des personnes intolérantes sont prêtes à tout pour imposer leurs idées immondes. A ce choc, vient se rajouter la tristesse car ton décès a bien été trop tôt. Ainsi l’on ne peut s’empêcher de penser à ta famille.

Triste de voir tous ces charognards de politique récupérer ce drame et réagir soudainement, comme s’ils venaient de découvrir ces idées contre lesquelles tu t’es imposé au prix de ta vie.  Ces idées fascistes qui exploitent la peur des uns afin de les opposer aux autres.

Une rencontre fortuite, des idées qui s’entrechoquent, au vu du climat délétère dans lequel baigne la société, cela peut arriver à n’importe qui d’entre nous. Néanmoins, face à cette intolérance, cette violence gratuite et ces fachos, nous nous devons tous d’être vigilants.  Ainsi comme tes amis, nous nous devons de garder en l’air le poing levé.

Mohamed K.

 

 

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