Pour la troisième Ecole du Blog, le Bondy Blog a reçu Lucie Geffroy, jeune journaliste spécialisée sur l’Italie pour l’hebdomadaire Courrier International et pigiste dans différents magazines. L’exercice pratique consistait en une revue de presse, écrite ou au format radio.

Lucie Geffroy est de ces journalistes que l’on aime écouter parler de son métier. Réaliste sur les difficultés et la précarité du milieu, elle n’en est pas moins passionnée et passionnante, motivée et motivante. Toute jeune, la Bretonne se passionne pour le voyage, la rencontre et développe une soif incroyable d’apprendre. Après un voyage en Italie, elle développe un vrai attrait pour le pays. Après le bac, elle s’oriente vers des études littéraires, très attirée par l’écriture et entame donc une classe prépa khâgne hypokhâgne.

Elle entre ensuite à Sciences-Po Rennes, ou sa passion pour l’Italie se confirme par une année d’étude dans le pays de Leonard de Vinci, Carlo Goldoni ou encore… Silvio Berlusconi, dont le traitement médiatique par la presse française lui inspirera son sujet de master. C’est à Sciences-Po Rennes que Lucie Geffroy va faire ses gammes de journaliste en devenant reporter dans l’enceinte de son école pour le quotidien Ouest-France.

Vient ensuite l’été et ses jobs étudiants. Pour Lucie, ce sera un stage chez Ouest-France où elle arpentera les routes bretonnes à la recherche d’idées, avec l’obligation de produire deux papiers par jour. De cette expérience, elle garde de très bons souvenirs et argue même que c’est « l’expérience la plus formatrice » de sa carrière. Après Sciences-Po, elle continue son parcours en obtenant l’Institut Pratique du Journalisme de Paris, une des écoles reconnues par la profession. Elle reconnait d’ailleurs elle-même que sa carrière a démarré sur « la voie royale ».

P1080104P1080104La suite va rimer avec piges, précarité et galères, mais pas que. En effet, la journaliste ne retient pas que du négatif de cette période par laquelle passent nombre de journalistes. Dans ces années, Lucie voyage, partage et « rencontre des gens qu’elle n’aurait pas forcément rencontrés dans la vie de tous les jours ». Elle galère bien sûr, notamment quand viennent les fins de mois, mais jamais de découragement. « Se faire refuser des sujets quand on débute c’est normal, et c’est même formateur. Je conseille même aux jeunes journalistes de proposer le plus de sujets possibles un peu partout, cela permet de se faire connaître et de montrer ce qu’on sait faire. On se rappelle également aux bons souvenirs des rédacteurs en chef », argumente la journaliste.

Sa période de piges va durer 6 ans. Six années durant lesquelles elle va cultiver son style et commencer à acquérir un peu de recul sur ces écoles de journalisme « très formatrices mais qui formatent les jeunes journalistes ». Elle pige pour beaucoup de journaux francophones, franchissant nos frontières pour collaborer avec des quotidiens suisses ou libanais. Elle publie ainsi dans Le Monde 2 (devenu M magazine), Le Monde diplomatique ou encore dans le supplément littéraire d’un quotidien libanais, L’Orient littéraire.

Vient le temps des envies d’ailleurs et les premiers amours pour les voyages ressurgissent. L’idée d’un voyage en Iran mûrit et se concrétise. S’en suivent cinq ou six articles dont l’un sur un train reliant Istanbul à Téhéran. Lucie nous raconte son voyage sous le prisme du wagon bar du train avec des hommes enjoués et des femmes bavardes jusqu’à la frontière iranienne et un train beaucoup plus calme avec des femmes plus discrètes, la frontière passée. Elle continue en nous conseillant sur nos choix de sujets : « Si on est le seul à pouvoir faire un sujet, on a plus de chances qu’il soit accepté. Quand on pige, il faut apporter ses goûts personnels, sa vision des choses ».

Après ces années formatrices mais quelques peu précaires, Lucie ressent le besoin d’un peu plus de sécurité dans son emploi. Elle profite donc d’une rencontre avec un ex-collaborateur pour faire son entrée à Courrier International, en tant que chargée de la newsletter du journal. Elle obtient un CDI et se retrouve quelques années plus tard en charge des questions italiennes pour l’hebdomadaire. Elle revient sur l’importance de « maîtriser toutes les formes d’articles, du traitement des brèves au portrait et de l’interview au reportage ». En parlant d’interview, la journaliste rappelle que cette dernière « dépend entièrement de la qualité des questions » du journaliste.

Mais malgré la stabilité de l’emploi, Lucie Geffroy a toujours l’amour du reportage et elle recommence à piger en plus de son poste au Courrier International. « Le CDI est confortable, notamment financièrement mais j’ai eu le besoin de retourner à la création de projets personnels, de mener des idées de leur début à leur réalisation ». Avant de passer à l’exercice pratique, la journaliste revient sur la situation financière des pigistes de presse écrite, après la question d’un bloggeur. On apprend ainsi qu’une « pige se compte en feuillets de 1500 signes environ, équivalent d’une demi-page en caractère 12 » et que ce feuillet est payé « de 50 à 150€ en fonction des rédactions ».

Nous en venons enfin à l’exercice pratique et Lucie Geffroy nous demande de préparer une revue de presse avec les journaux du jour. Elle commence par nous faire écouter certaines revues de presse de la veille et nous distingue la « revue de presse dans laquelle on prend un sujet et on donne tous les points de vue des différents journaux » de celle où « on rend compte de tout ce qu’il y a dans la presse du jour ». C’est parti pour 45 minutes de lecture, de préparation et d’écriture. Lucie conseille et revient sur la subjectivité de l’exercice, « il faut choisir ce que vous voulez mettre en exergue et surtout citer les sources ».

Elle nous demande également de choisir entre une « revue de presse écrite et radio parce qu’à la radio on peut être plus direct, plus naturel et se permettre plus de choses ». Finalement, au bout des 45 minutes de travail, les blogueurs sont invités à lire leurs travaux devant tout le monde. Ce jour-là, les sujets retenus sont la défaite de l’équipe de France en Ukraine, les municipales qui approchent ou encore les manifestations des bonnets rouges bretons. Lucie Geffroy écoute et conseille des blogueurs attentifs et intéressés par cet exercice très formateur. Aux alentours de 13h, on lève le camp, la journaliste remercie tout le monde et promet qu’elle « reviendra un mardi ». Avec plaisir !

Jonathan Solier

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