MUNICIPALES 2014. A une semaine du premier tour, rendez-vous était donné à la Maison pour tous Jean Jaurès, du Blanc-Mesnil, samedi 16 mars. Didier Mignot, maire sortant PC, brigue un deuxième mandat. Retour.

La rencontre de cet après-midi est présentée comme l’occasion de revenir sur les idées défendues par le maire et son programme. Dans la salle, les chaises sont occupées par des adultes, des femmes pour la plupart, tandis que les jeunes les entourent, debout, longent les murs et squattant pour certains le buffet notamment composé de pâtisseries faites maison. Il y a même un « DJ » de circonstance, l’ambiance est bonne enfant. Didier Mignot fait face aux électeurs, répondant à leurs questions.

« Qu’est-ce que vous avez fait pour Blanc Mesnil sud ? » Réponse du principal intéressé : « Pour moi tous les Blanc-Mesnilois sont les mêmes. J’ai remarqué une logique très forte de quartérisation de la ville, de territorialisation. Un programme de rénovation est lancé avec la ville, les bailleurs et l’État. Au risque de paraître provocateur, la partie sud est bien dotée en terme d’équipements publics. » Aidé par les Blanc-Mesnilois présents, il énumère les différents équipements en question avant de poursuivre : « Il y a un projet de rénovation urbaine pour le quartier Casanova. La réhabilitation de la cité des Quatre Tours ne dépend pas de la ville, mais des bailleurs. J’ai invité le ministre de la ville à venir ici. J’ai récemment participé à l’inauguration  d’un centre d’affaire destiné aux créateurs d’entreprises. »

Plusieurs questions posées à propos du rôle de maire permettent à Didier Mignot d’exprimer son point de vue sur sa fonction : « C’est aux électeurs de dire ce qui différencie un bon maire d’un mauvais maire. Ça réclame beaucoup de travail. On a des décisions difficiles à prendre, et qui font rarement l’unanimité. Il faut servir sa ville et ne pas s’en servir […] Il faut avoir envie de servir l’intérêt général. Pour ce qui est des communes sans candidats, je pense que l’État abandonne ces petits territoires. Je considère que le service public est très important. Nous (les maires) sommes motivés par la vision que nous avons de la société. Je vois poindre des dangers au niveau de la démocratie quand je vois qu’on veut réduire le champ d’action des maires (référence à la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des territoires). On veut éloigner les citoyens des lieux de décision. »

Au départ simples spectateurs, les jeunes s’emparent du débat et commencent à poser des questions. Parmi elles, celle de savoir si des mesures vont être prises à l’encontre des motos générant des nuisances sonores. Le candidat de gauche estime qu’une partie de la solution relève de l’éducation des parents. Une partie seulement car le maire signale que des hommes d’âges mûrs se prêtent également à de telles infractions. Ce problème s’étend d’ailleurs à toute l’Île-de-France. « On en discute avec Jean-Christophe Lagarde de Drancy et Sylvine Thomassin de Bondy. Ce n’est pas moi qui commande la police de Blanc-Mesnil mais le préfet. La police nationale a ordre de ne pas intervenir pour ne pas inciter la conduite à risques. » Didier Mignot dénonce une volonté de transgression des contrevenants et en appelle à l’union des habitants : « La mobilisation citoyenne, c’est ce qu’il y a de plus important. Si dans un endroit donné, 200 ou 300 personnes descendent pour dire « on veut vivre tranquilles », on peut faire reculer l’incivilité. »

À propos des interactions entre le maire et ses administrés, Didier Mignot précise qu’ « un mardi par mois je viens faire mes audiences ici. Quand la ville organise des réunions publiques, venez. On discute avec les gens qu’on a en face de nous. » Didier Mignot admet à cette occasion que la municipalité a parfois pris des décisions qui ne correspondaient pas aux attentes de la majorité des Blanc-Mesnilois. Le dialogue est-il permanent avec les jeunes ou uniquement assujetti aux élections ? « -Il y a des réunions, je vais au marché, aux kermesses… -Vous trouvez que c’est suffisant ? -Non. Je vais chez des gens une fois tous les deux mois… 1927 familles attendent un logement. 90% de mes rencontres ont pour objet une demande de logement. Être élu n’est pas facile car il faut aller à la rencontre des gens. La démocratie n’est pas facile. Les citoyens doivent s’impliquer. On doit construire communément des projets. La ville n’est pas la carte bleue des citoyens. »

Une personne questionne le maire sortant sur le bilan de l’emploi des jeunes ? « Nous avons signé une convention avec des commerces. Ça consiste à recevoir les candidats Blanc-Mesnilois en entretien, sans CV. Se battre pour les jeunes, c’est faire venir des entreprises. » Didier Mignot évoque alors Spirit, un investisseur qui fait de l’hôtellerie d’entreprise. « Blanc-Mesnil a le meilleur taux de placement des emplois d’avenir de Seine-Saint-Denis ainsi que le meilleur taux de placement des emplois d’avenir dans le secteur marchand en Île-de-France. La moitié des bénéficiaires ne sont pas inscrits à Pôle Emploi. »

Pour le dernier thème de la rencontre, le logement, le candidat à sa propre succession explique la situation. « Il y au Blanc-Mesnil 8 000 logements sociaux répartis entre la ville, la préfecture, le bailleur et le patronat. 20% sont réservés à la ville. Mon réel pouvoir, ce n’est pas d’attribuer un logement mais de proposer trois familles. Le premier critère c’est l’ancienneté de la demande. Le deuxième critère c’est l’adaptation de la famille au logement. Le problème c’est qu’il n’y a pas assez de logements. À chaque fois que je soumets une demande d’attribution, je commets une injustice car il y a 1927 demandes. Dans ce pays, le logement est considéré comme une marchandise. Plus une denrée est rare, plus elle est chère. On est dans un système de magouilles. Certains exploitent cette misère humaine, les marchands de sommeil. Il manque 500 000 logements en Seine Saint-Denis. La loi stipule qu’une ville doit posséder au moins 25% de logements sociaux. Au Blanc-Mesnil il y a 40% de logements sociaux. Pour moi, les maires qui ne respectent pas la loi devraient être inéligibles. » Acquise, la salle applaudit. Didier Mignot ajoute : « La question du logement ne se règlera que si on en construit. »

Olufemi Ajayi

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