Blandine Ollivier est une jeune auto-entrepreneuse marseillaise. Elle fait partie des sept jeunes femmes qui ont reçu une dotation mardi 15 avril lors de la journée sur l’entrepreneuriat au féminin, afin de les aider dans leur projet. 

« Tout est fait maison ! » Voici l’argument phare de l’entreprise de Blandine Ollivier. Des yaourts, aux pâtes brisées, la jeune femme réalise tout elle-même dans sa nouvelle activité de traiteur. « Je fais la cuisine chez les gens dans le cadre de soirées par exemple, et je propose une activité de traiteur plus classique (buffet, brunch) ainsi que des petits-déjeuners d’entreprise », résume-t-elle

Cette jeune femme de 32 ans au look rock’n’roll, casse l’image du traiteur traditionnel. Tatouages, cheveux coupés à la garçonne, un style qu’elle revendique et qu’elle souhaite imposer dans sa cuisine. Blandine propose à ses clients une « cuisine traditionnelle méditerranéenne » qu’elle agrémente de ses différents voyages sur le pourtour méditerranéen : Algérie, Maroc, Turquie…

Initialement chargée de production dans le milieu culturel à l’étranger, quand elle rentre en France en 2010, elle peine à retrouver un emploi dans son domaine. « Je me suis rendue compte que ça n’allait pas être évident », se rappelle-t-elle. Ses amis installés à Paris, trouvent tout aussi difficilement un emploi. Marseillaise, elle hésite à déménager. Elle pense alors à la reconversion et pour cela, « le plus simple c’était de créer mon propre emploi », pense-t-elle.

« Moments d’euphorie et périodes de gros stress »

Le choix de l’activité s’est fait naturellement : « J’ai toujours cuisiné, c’est ma mère qui m’a appris, raconte-t-elle. J’ai baigné dedans en tant qu’amateur. » Après une année de jobs divers et une année de chômage, elle se décide enfin et lance en 2013, « Blandine cuisine pour vous ». Au début, la difficulté est qu’« on se sent seul, mais cette solitude est rapidement effacée ». Pour les aspects les plus compliqués de la création d’entreprise tels que le juridique et la budgétisation notamment, elle se rapproche de l’association Planet Adam qui l’aide dans ses démarches.

La plus grosse difficulté dans cette aventure ? « En réalité, on se rend assez vite compte qu’on se met soi-même des barrières », affirme-t-elle. Si aujourd’hui au terme de six mois d’activités elle ne réussit pas encore à réunir un SMIC, « chaque mois est supérieur au précédent, assure-t-elle, c’est rassurant. » Cette nouvelle activité a des aspects contraignants : horaires décalés, déplacements, mais Blandine tire une grande satisfaction personnelle de son activité et de son indépendance.

Ses motivations sont multiples : « On a envie que ça réussisse pour soi mais aussi pour payer son loyer », plaisante-t-elle. Et de poursuivre sur son expérience de jeune entrepreneuse : « je balance entre moments d’euphorie et périodes de gros stress. » Mais elle sait relativiser, notamment parce que dans le cadre de son activité tant qu’elle n’a pas de commandes, elle n’engage que très peu de frais. Des regrets ? « Non, les deux activités me plaisent autant, affirme-t-elle. Ce n’est pas un échec au contraire. Je prends pour une réussite d’avoir réussi à me remettre en question et d’avoir franchi le pas. »

Charlotte Cosset

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