Alors que vous organisez « Les journées de l’égalité » comment réagissez-vous aux polémiques autour de Christiane Taubira ? Est-ce qu’elles ne symbolisent pas les crispations de la société sur le racisme, la discrimination et le racisme latent ?

Je connais bien Christiane, elle a été présidente de mon comité de soutien en 2004. Je sais qu’elle a été profondément marquée par les critiques et injures dont elle a été victime pendant la bataille pour le Mariage pour tous. Quant à la dernière polémique sur le fait qu’elle ne chante pas la Marseillaise pendant la cérémonie de commémoration de l’esclavage, je trouve ça stupide. Cela s’est passé dans un cadre dur qui la touche personnellement et ça ne me choque pas qu’elle reste silencieuse. Ces attaques ad feminem sont inadmissibles. Christiane Taubira est victime de ces attaques car elle symbolise justement cette lutte contre les discriminations et qu’elle s’exprime de manière très forte. En plus elle est populaire auprès du peuple de gauche.

Pouvez-vous nous parler de ces journées de l’égalité qui débutent aujourd’hui et se tiennent jusqu’au 23 mai ?

Ces journées de l’égalité vont accueillir cinquante événements dans toute la région Ile-de-France. Cet événement s’inscrit dans la continuité des actions que nous menons pour lutter contre toutes les discriminations. Nous avons mis en place par exemple un plan de lutte contre la discrimination hommes/femmes, de protection pour les femmes en difficulté ou victimes de violences. Nous prônons aussi l’égalité salariale. C’est une politique transversale que nous appliquons dans la région. D’ailleurs, quand on aide une petite PME à se créer ou à se développer nous exigeons qu’elle applique l’égalité salariale, qu’elle associe les travailleurs à l’information et la négociation dans l’entreprise et nous nous assurons aussi qu’il n’y ait aucune discrimination, ni au faciès, ni due à l’origine ou à l’adresse.

Comment s’en assurer ?

Nous faisons une évaluation de ces aides. Elle est présentée à notre commission permanente et jusqu’à présent n’avons jamais décelé un facteur de discrimination dans les entreprises que nous aidons. Si c’était le cas, l’aide serait remboursée.

Comment rendre plus lisible le système d’aide aux associations ? 

On aide des milliers d’associations. Elles nous connaissent et savent comment on travaille. Elles ne peuvent pas sortir de la réglementation que nous leur imposons. Mais nous avons aussi besoin d’améliorer les modalités de financement de ces associations.  A l’automne nous allons présenter un rapport-cadre pour modifier le versement des subventions. Elles seront payées plus vite. Les sommes seront versées en une seule fois au lieu de deux, de quoi leur permettre une gestion plus sereine.

Le logement est aussi une préoccupation majeure en Ile-de-France, que faites vous sur ce dossier ?

S’impliquer dans ce dossier est une décision volontaire de la région. Nous n’avons pas de compétences légales pour le logement mais nous sommes le principal pourvoyeur de fonds pour le logement, et le logement social notamment. Nous avons aussi mis en place un dispositif avec le personnel de la région. Ils ne sont pas les seuls bénéficiaires des logements sociaux. Nous sommes aussi particulièrement attentifs au relogement de femmes victimes de violences. Elles sont dirigées vers des logements construits dans des endroits protégés à l’abri de leur conjoint. Nous investissons des sommes significatives qui se chiffrent en millions d’euros.

Comment abordez-vous la réforme territoriale prévue même si nous n’avons toujours pas de date précise concernant sa mise en œuvre ?

Elle doit servir à quelque chose. Il faut que cela débouche sur une action plus lisible et plus efficace des pouvoirs publics et que cela contribue à la lutte contre les discriminations notamment territoriales. Par exemple nous passons des contrats avec tous les départements. Ça nous a permis de financer le tramway.

La région ne va-t-elle pas pâtir de cette réforme territoriale ?

Il n’y aura pas de changement pour la région Ile-de-France. Un président de région m’a demandé de fusionner avec moi. Je lui ai dit que c’était impossible vu qu’il n’est pas limitrophe. Je ne vais pas créer une principauté. Bien sûr, ça fait réfléchir tout le monde. Mais nous nous n’avons pas besoin de grandir, nous sommes déjà 12 millions. Les départements vont mourir, ils le savent. Ils sont intéressés par le fait de s’adosser à une région qui a des moyens. Il faut réussir à sauvegarder le travail de proximité, surtout dans le social, réalisé par les départements.

La réalisation de la ligne de tramway T4 a connu des difficultés, la ville de Livry Gargan refusait cet itinéraire, est-ce que la situation s’est débloquée ?

Le refus ne venait pas seulement des gens de Livry-Gargan mais aussi du maire du Raincy (Eric Raoult, ndlr) qui n’était pas vraiment socialiste et de celui des Pavillons-sous-Bois, le sénateur Philippe Dallier. Ils ne voulaient pas que le tramway traverse leurs villes par crainte que des bandes de jeunes se baladent sur le trajet.
La question est aussi soulevée pour un projet similaire entre Paris et sa proche banlieue. Nous en avons parlé avec Anne Hidalgo. Elle a prévu de terminer le chantier y compris dans le 16e. Nous le faisons pour offrir la mobilité à tout le monde et qu’elle ne soit pas réservée aux gens dans les quartiers riches.

Justement en parlant de mobilité où en est la proposition de créer un pass Navigo unique au même tarif pour tous ?

Le pass Navigo est dézoné le weekend et les vacances scolaires, soit 170 jours sur l’année. C’est toute de même la moitié des voyages mais l’ambition reste de mettre en œuvre ce pass unique. Une telle mesure coûte entre 400 et 300 millions de euros. Le patronat doit augmenter sa participation dans le remboursement transports. Nous avons eu trois réunions avec Pierre Gattaz et la CGPME. On leur a fait remarquer que si ce pass Navigo est mis au prix de la zone 1-2 correspondant à Paris, le patronat payera 67 euros par mois et par individu. Or ils payent parfois aujourd’hui jusqu’à 117 euros. Les entreprises remboursent 50 % du prix du titre de transport. Là, les entreprises vont gagner de l’argent. On leur augmente certes le versement transport mais ils vont économiser sur les remboursements. Ils ne peuvent pas nier cette compensation.

Quelles sont vos ambitions futures ? Vous souhaitez rempiler à la tête de la région ?

J’ai pour le moment beaucoup de travail. On ne connaît pas la date des élections. On verra quand on aura tous les éléments. Je ne prendrai pas de décision avant d’avoir une esquisse plus précise du paysage politique et des délais. Mais vous dire que ça ne m’intéresse pas,çà ce serait vous mentir.

Propos recuellis par Faïza Zerouala et Charlotte Cosset

 

 

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