Xavier est de toutes les coupes, compétitions ou gros évènements en France comme ailleurs. Acheter des places puis les revendre sous le manteau, sans se faire épingler est son métier depuis 10 ans. Un gagne pain qui n’est pas sans risques.
Acheter la marchandise, la planquer puis se débrouiller pour la refourguer en toute discrétion. Voilà le leitmotiv d’un vendeur à la sauvette. Durant la dernière Coupe du monde, nombreux étaient ces vendeurs dans les rues de Rio. Français, Anglais, Argentins ou Croates, ils erraient dans les rues de Rio à la recherche du bon coup. Xavier* l’un d’entre eux a bien voulu expliquer les rouages de ce « métier » pas comme les autres.
« C’est simple. Il y a des supporters qui achètent des places en avance en espérant que leur équipe aille le plus loin possible dans la compétition. Et quand ils sont éliminés, ils préfèrent se débarrasser des places et rentrer à la maison. Nous on vient et on leur rachète les places ». Il arrive aussi que ces derniers « travaillent » avec des agences, toujours selon Xavier.
« On bosse aussi avec des agences. Parfois on leur en achète. Parfois on leur en vend. Il ne faut pas croire, il y a des personnes corrompues dans les agences. Même les flics le sont aussi. En fait pour se faire des sous dans ce métier, il faut se faire des connexions ». Comme une bourse, les prix des billets sur le marché noir fluctuent en fonction des évènements sportifs. Ainsi une place pour une affiche alléchante rapporte plus qu’une affiche où l’écart de niveau est très grand. D’autre part, plus il y a de grandes nations de football présentes dans les phases finales d’une compétition mieux c’est pour le vendeur à la sauvette. Car les supporters « lâche facilement des billets ».
Toutefois à entendre le jeune homme, la vente de billet sur le marché noir ne permet pas de rouler sur l’or. « Il ne faut pas croire qu’on se fait de l’argent. Avant c’était le cas, mais plus maintenant parce que les billets deviennent nominatifs ou électroniques. Parfois, la vente des billets me permet tout juste de rentabiliser mes voyages » confesse t-il. En France, comme partout ailleurs, la revente de billets sur le marché noir est interdite par la loi. Les vendeurs à la sauvette jouent donc chaque jour au chat et la souris avec la police.
« Ce n’est pas facile parce que je dois toujours faire attention. En plus à chaque fois que je me fais choper je passe des heures en garde à vue. Et ça c’est chiant. A Londres par exemple, j’ai passé des jours en garde à vue. Ils m’ont arrêté pour suspicion de vente à la sauvette et blanchissement d’argent. On stresse tout le temps comme des dealers alors qu’on ne fait rien de grave ».
Aujourd’hui Xavier semble être éreinté par sa vie d’itinérant. Le trentenaire songe donc à tout arrêter. Mais aucune alternative ne s’offre à lui. « Ça fait maintenant dix ans que je fais ça et honnêtement j’en ai marre. J’en ai marre de bouger tout le temps, d’être loin de ma famille. Franchement ce n’est pas facile. Pour vendre des places à l’étranger, j’ai dû dormir dans des endroits vraiment crades. J’aimerais bien me poser, me marier et arrêter ce taf. Mais voilà faut trouver comment se faire des sous autrement » conclut-il d’un air désabusé.
Mohamed K.
* prénom modifié