Avoir le ventre qui gargouille à deux heures du matin, la flemme de cuisiner ou le frigo vide, certains ont trouvé la solution pour pallier ces envies. Sarah a testé un nouveau dispositif de livraison nocturne, lors d’une soirée entre fille. 

« Tiens ça fait un bail qu’on s’est pas fait une soirée nous cinq, il faut qu’on s’organise ça ». « Ça fait longtemps que j’t’ai pas mis une raclée à Fifa, on s’fait ça quand ? ». L’une des deux répliques appartient à une fille, l’autre à un garçon. Il n’y a en fait presque pas de suspens : dans la plus grande partie des cas, une fille serait à l’origine de la première réplique, et la deuxième proviendrait d’un garçon.

Comme partout, il existe évidemment des exceptions : des filles qui s’éclatent entre copines sur des consoles de jeux vidéo et des garçons qui organisent des pyjamas party. Mais trouver ces exceptions dans la nature relève d’une longue aventure.

« Quand avec mes copines on ne s’est pas vues depuis longtemps, on aime bien se réunir chez l’une d’entre nous le samedi ou le vendredi soir. C’est plus agréable pour se raconter les détails de notre petite vie, que de se voir dans un lieu public. On peut rigoler et parler fort, se mettre à l’aise, et puis la question du transport pour rentrer ne se pose pas » explique Camélia, 17 ans.

Je vois bien de quelle genre de soirée Camélia me parle : celle qu’on essaye d’organiser de manière à ce que les parents soient invités ailleurs ce soir-là, celle où on ne s’est pas vues depuis tellement de temps qu’on anticipe l’ordre des sujets abordés, celles où on prévoit les vernis et le dissolvant. Soit, la soirée girly dans toute sa splendeur.

Du côté des garçons, on parle plutôt de « soirées play ». Loin de la préparation des produits de beauté et compagnie, les garçons vont avant tout penser aux manettes de Play Station et aux jeux qui vont avec. « Mais faut dire qu’une soirée play ça s’organise pas hein, sinon c’est plus une soirée play » précise Riad, 19 ans. « Le but est de se voir, de jouer à la console, de battre son pote, de vanner le perdant, d’écouter de la bonne musique en même temps ».

Quel que soit le type de soirée organisée, la question du repas se pose. Soit on prévoit de cuisiner, soit on joue la carte du « resto » à domicile : Sushis, KFC, Mc Do, grec, pizza etc. « Mais pour commander un grec ou une pizza, il faut s’y prendre relativement tôt, avant minuit ! » rappelle Riad, « quand on est entre nous, franchement ça nous arrive d’oublier l’heure. Mais quand ton ventre crie famine à 1h du matin, il faut trouver une solution ».

La solution, Riad et ses amis l’ont trouvée : les livraisons nocturnes. « On a pris l’habitude d’appeler pour commander la nuit. C’est trop bien parce que ce n’est pas si cher que ça : le hamburger est entre 3,50 euros et 5 euros, franchement pour une livraison à domicile la nuit ce n’est pas excessif. En plus ils prennent la carte bleue, les espèces et les tickets restos ! » ajoute le jeune homme.

Pour me faire mon propre avis sur ce mode de livraison, qui n’est pas tout nouveau mais qui prend de plus en plus d’ampleur autour de moi, j’ai décidé de le tester. Samedi soir, je dors chez une amie, Lilia, dont les parents sont en week-end. On a fait exprès de ne pas manger pour tester la livraison nocturne. Il est 0h45, nous n’en pouvons plus d’attendre. « Viens on se fait des pâtes ou un truc dans le genre, je suis sûre qu’ils vont prendre deux heures à nous livrer, j’ai faim moi, t’es relou avec ton enquête bizarre là ! ». Malgré l’enthousiasme de ma copine, je reste sur mes positions.

Je cherche donc sur internet un catalogue en ligne, un numéro à contacter. Une multitude de sites de livraisons nocturnes existent sur la toile. Le tout est de faire son choix, je penche pour le site de Sandwich 24 car il semble plus « professionnel » que les autres. En effet, la plateforme est assez ludique, ils expliquent qu’ils existent depuis 10 ans. L’entreprise a même développé sa propre application qui permet de commander en ligne de manière sécurisée.

Avec Lilia, on regarde rapidement la carte : hamburgers, wraps, pâtes. Rien que pour leurs noms, on décide d’opter pour «Le Zlatan» et le «Papa Chicken». Je passe rapidement un coup de fil à Riad, pour savoir s’il a déjà commandé sur ce site : « oui, t’inquiète, ils sont sérieux ». Ok, donc j’appelle. « Sandwich 24, bonsoir –Bonsoir, c’est pour une commande – Oui, quelle est votre adresse ? – Euh… vous ne prenez pas ma commande avant ? – Non, non, votre adresse s’il vous plaît mademoiselle ? (Lilia en même temps « Non ! Non! tu ne donnes pas mon adresse, t’es sûre que c’est sérieux ? On est toute seule à la maison hein ! ») – Alors c’est le **** – Très bien, j’ai votre numéro qui est enregistré, le livreur vous appellera quand il sera là, d’ici 25 minutes, bon appétit ! –Non mais attendez madame vous n’avez pas pris ma commande ! – Oui, c’est normal ! ». La conversation se termine ainsi, la dame semble assez pressée, ce n’est pas très rassurant.

Je rappelle Riad, il est sur messagerie. Bien que notre ami nous ait dit au préalable que c’était un site sûr, avec Lilia on commence à se faire des films, « et si ça se trouve c’est un traquenard ? ».

01h15, mon téléphone sonne. Le numéro est masqué « Bonsoir, c’est le livreur, je suis en face de votre maison – Ok, on arrive ». On sort sur le trottoir. Le livreur nous salut, ouvre le coffre de sa petite camionnette « bon bah voilà en fait c’est à vous de choisir, il me reste des Zlatan, des Special One, et des Triples Steaks, les canettes sont à 1 euro et si vous voulez il y a des barres chocolatées aussi qui sont au même prix ». On choisit notre sandwich, une boisson, on paye et on rentre chez nous.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, se faire livrer à 1 heure du matin un repas tout prêt à petit prix, c’est un privilège que maintenant tout le monde peut se permettre.

Sarah Ichou

Articles liés