« Un grand homme vient de nous quitter » tel est le leitmotiv largement répandu  en ce samedi de mars dans le parc de Clichy-sous-Bois en hommage à Claude Dilain, décédé le 2 mars dernier d’une crise cardiaque. Clichy sous-Bois, ville symbole des révoltes de 2005, était connue comme étant une ville abandonnée des pouvoirs publics.
Claude Dilain, initialement pédiatre, exerçait ses fonctions au plus proche de cette misère, souvent décrite à demi-mot. En 1995, alors que la ville est endettée et abandonnée aux mains hostiles des marchands de sommeil et aux copropriétés désœuvrées, il est élu à la tête de cette ville. Dès son premier mandat, le redressement des finances s’avère difficile dès lors que sa promesse exigeait de maintenir un impôt stable malgré les difficultés à venir. Autrement dit ne pas augmenter les impôts auprès de ses concitoyens. Promesse cependant et malgré lui non tenue mais effectuée « en toute transparence »  affirme Olivier Klein ancien premier adjoint de Claude Dilain, devenu depuis maire de Clichy sous-bois.
Son principal combat : moderniser la ville et lutter pour le désenclavement de celle-ci. André Valverde, metteur en scène (compagnie de théâtre « La fontaine aux images ») et président de la cérémonie rendue en l’hommage de l’ancien maire, atteste que « ses convictions, sa façon de considérer qui que ce soit, que ce soit le balayeur de la ville ou le Premier Ministre qu’il reçoit c’était avec la même considération, c’était un type vrai. »
Tous s’accordent à dire que dès son arrivée en tant que maire, la ville de Clichy-sous-Bois s’était métamorphosée. Les différents témoignages confirment que les conditions des citoyens étaient quotidiennement compliquées ne serait-ce que dans l’accès à leur logement au « quinzième étage sans ascenseur » concède Sierra, 16 ans, habitante de Clichy depuis dix ans. Son amie, Myriam observe elle aussi les mutations de la ville et confirme qu’« on voyait les enfants s’amuser dans les parkings maintenant ils ont construits des parcs… Ils sont plus en sécurité ». L’idée motrice de désenclaver la ville était un combat constant mais difficile. Malgré divers obstacles, le projet du tramway T4 va sortir de terre d’ici 2017 et un arrêt « Claude Dilain » sera inauguré en son honneur.
Sur la grande pelouse qu’avait l’habitude d’arpenter le sénateur, nombreux citoyens, amis, frères, collègues se sont rassemblés en ce doux matin de mars pour lui rendre un dernier hommage. Les multiples générations sont réunies, à l’instar de son engagement humain et politique, qu’il leur avait accordé. Son engagement était, comme en témoigne cette assemblée, aussi dédié à la jeunesse.  Il avait soutenu divers projets culturels notamment la maison des jeunes qui propose des tarifs attractifs pour des sorties scolaires ou extrascolaires. Différentes associations, projets citoyens ont aussi vu le jour sous la tutelle de Claude Dilain. ACLEFEU, l’exemple le plus emblématique, a été créé au lendemain des révoltes sociales de 2005. Avec le soutien du maire, la mission de faire remonter « la parole des quartiers populaires auprès des institutions » officialisé par le collectif, est assurée.
Seikan, lycéenne en terminale S, a effectué un stage de trois jours au Sénat auprès de Claude Dilain. Elle confie avec lucidité « je veux devenir médecin comme lui, ce qui m’attire le plus chez lui c’est la guerre médicale et politique qu’il a mené. Il s’est battu pour Clichy, c’est grâce à lui la ville a changé. Il était souriant, on n’avait pas peur de lui parler même s’il était sénateur » Mélanie, son amie, ajoute que « ce n’était pas quelqu’un qui restait dans sa mairie, enfermé dans ses bureaux. »
L’allocution du Président de la République, François Hollande, lui confère quant à lui le caractère « d’un homme révolté qui s’exprimait sans colère ».  Son collègue, son successeur mais aussi son ami, Olivier Klein exprime avec une émotion non dissimulée que « notre ville a perdu un exemple une référence, un chapitre essentiel de son histoire […] à chaque épreuve que nous traversions Claude montrait une détermination et un courage extraordinaire».
François Hollande conclut cette cérémonie avec une formule solennelle : « Sa mémoire continuera de souffler sur la ville de Clichy sous-bois ». La relève de l’engagement politique, social et plus largement humain de Claude Dilain semble être assurée avec la solidarité des citoyens.
Pénélope Champault
 

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