Le choix du lieu n’est pas anodin, cette ville est un symbole. Pour Manuel Valls, qui se définit comme un « élu de la banlieue ». Créteil fut aussi le théâtre d’une « agression antisémite ignoble », en décembre dernier. Le Premier ministre est venu accompagné de Najat Vallaud-Belkacem (ministre de l’Education nationale), Fleur Pellerin (ministre de la Culture et de la Communication) et de la Garde des Sceaux, Christiane Taubira. Son plan d’action s’appliquera à leurs ministères.
Le discours prononcé dans les murs de la préfecture du Val-de-Marne est emprunt de l’esprit du 11 janvier. On peut même en lisant entre les lignes discerner le ton d’Ernest Renan quand il parle « d’idéal commun » et « d’une certaine idée de l’humanité » comme « combat de chaque instant qui concerne chaque citoyen » renvoyant au plébiscite de tout les jours. Ce combat, il veut le mener contre « la mécanique sourde de la haine en marche ». Car le constat est fait qu’il y a en France une hausse du racisme, de l’islamophobie et de l’antisémitisme. Pour ce dernier, il pointe un regain « de l’antisémitisme historique derrière un antisionisme de façade ».
Le plan de lutte, qui doit permettre de passer « de l’indignation à l’action » s’articule autour de trois axes. Le premier, cher au Premier Ministre, celui de la sécurité. Face à une « menace terroriste durable », il souhaite continuer d’employer les forces de l’ordre pour sécuriser certains lieux de culte. D’autre part, il annonce le passage de la répression de la xénophobie au droit pénal. Il rappelle que le racisme et l’antisémitisme sont des délits et promet qu’il n’y aura « aucune indulgence » vis-à-vis de ceux-ci, « la Garde des Sceaux y veillera ».
Sur Internet enfin, où ce type de discours fleuri abondamment, il promet la création d’une « unité nationale de lutte contre les contenus illicites », qui aura pour objectifs de supprimer ces derniers et de poursuivre les auteurs. Enfin, une prise en charge spécifique des victimes sera mise en place.
Le deuxième axe est celui de l’éducation, à travers l’école de la République. Tout propos ou acte xénophobe devra faire l’objet d’un signalement et d’une prise en charge selon trois principes : « prévention, éducation, et sanction quand elle s’impose ». Il prévoit également la visite d’un lieu de mémoire à chaque étape de la scolarité par les élèves, ainsi que l’étude d’une œuvre d’art à travers un parcours pédagogique comprenant la mise à disposition des archives de l’INA.
Le troisième axe s’articule autour de la mobilisation la société dans son ensemble, engageant dès cet été une campagne de sensibilisation. « Toutes les politiques publiques doivent dès à présent intégrer la lutte contre le racisme et l’antisémitisme dans leur action », c’est pourquoi 25 millions d’euros par an seront versés aux collectivités locales. Cette mobilisation intègre les associations, à travers notamment un « dispositif de labellisation des associations qui concourent à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ». Il promet enfin de renforcer l’accompagnement des acteurs du sport et de l’éducation populaire. Parmi les personnalités présentes, on peut noter Pierre Tartakowski, président de la Ligue des Droits de l’homme et Jean-Marc Mormeck (boxeur français) entre autres.
Manuel Valls n’échappe pas en fin de séance à une question d’actualité sur les déclarations de Laurent Wauquiez suite à la sordide « affaire Chloé », qui a pointé du doigt le « désarmement pénal » qu’opère selon lui Christiane Taubira. Le Premier ministre soutien la Garde des Sceaux, met en garde l’opposition contre l’utilisation « d’un drame pareil pour abaisser le débat », qualifiant cette sortie « d’insupportable ».
Mathieu Blard

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