Les 16.400 places s’étaient pourtant arrachées en 1 minute sur internet et ont été vendues jusqu’à 150.000 dollars au marché noir. Les Pay per view (payer pour voir) coûtaient 99 dollars aux Etats-Unis, et les téléspectateurs ont eu l’agréable surprise d’un écran noir dû à un problème technique en début de combat.
La star philippine n’a jamais pu mettre en danger son adversaire. Bien à l’abri derrière son Jab, précis, n’hésitant pas à s’accrocher parfois à la limite de la légalité, « pretty boy Floyd » a fait le boulot. Pour le plus grand déplaisir des amateurs. Impossible de nier les immenses qualités de l’Américain. Il a même certainement le meilleur jeu défensif de l’histoire. Mais la boxe est exigeante, et le public insatiable. L’arrogance hors du ring de Mayweather agace, car ses performances ne sont pas spectaculaires. Son problème, au fond, c’est qu’il ne paye pas son tribu en sang entre les cordes. Mais l’histoire est faite aussi par les stylistes. Malgré tout, au panthéon, on ne retient que les guerriers. Ceux dont chacun des contres est une punition, qui affrontent les meilleurs au top de leur forme, qui ne refusent pas le combat et assurent le show. Les Ali, Foreman, Ray Leonard, Hagler, Robinson et autres Lamotta.
L’Américain est beau à voir à l’œuvre, pourtant. Les puristes apprécient. Mais 25000 dollars pour un protège dents qui ne sert pas, c’est un peu fort de café. Peut être est ce la raison des sifflets qui ont accompagné la décision, un champion magnifique, mais sur la réserve et trop facile.
Pacman, quand à lui, a tenté, n’en doutons pas. Mais le Philippin n’est plus le redoutable guerrier des années 2000, capable de désarçonner n’importe quel adversaire. Émoussé, tendu par l’enjeu, ses attaques sont brouillonnes. Il avance cependant sur un champion confiant dans sa capacité à éviter le combat qui est prêt à prendre n’importe quelle ceinture sur quelques contres sans conviction mais placés à la perfection. Il encaisse beaucoup, et considère l’avoir emporté à l’issue des 12 rounds. La machine Pacquiao n’était plus, hier, au MGM Grand, tant et si bien que celui qui envoyait 70 coups par rounds était à peine à la moitié de cette statistique, et a tenté sur l’ensemble du combat six coup de moins que son adversaire (435-429). De plus, il s’est montré très largement moins précis et a ajusté 81 frappes contre 148. Difficile ainsi de contester la décision des juges.
Clairement loins du niveau d’un « combat du siècle », les acteurs ont cependant livré une prestation honorable. Mais au tarif où celle ci était proposée, elle devait détrôner les toutes les précédentes. On en est loin, et nombre de combats sans titre en jeux on été bien plus spectaculaires cette année. Mais peut être est ce l’avenir de la boxe ? Peut être que le noble art n’est autre que « toucher sans se faire toucher ». Ainsi, elle a vocation à ressembler à cela. Nul doute qu’une telle évolution est profitable, et va vers la préservation de l’intégrité physique des combattants. Nul doute non plus que le public va déserter les salles.
Mathieu Blard

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