L’année qui vient de s’écouler a été particulièrement mouvementée concernant la question des rythmes scolaires à Aulnay-sous-Bois. Le collectif REP a tenté de faire entendre ses revendications. Aujourd’hui, il évolue sous la forme d’une association et la municipalité privatise la gestion des activités périscolaires.
Un mercredi à 20 h, c’est au McDonald’s d’Aulnay-sous-Bois, à la sortie de l’autoroute que je suis accueilli par quatre mères de famille mécontentes du collectif de représentants de parents d’élèves de la ville. Depuis 2014, elles militent pour participer à l’élaboration des rythmes scolaires pour les primaires et maternelles sur la commune. Malgré tout, les sourires sont de rigueur, les vannes aussi. Elles s’accordent sur un point : ce que l’actuelle majorité municipale a réussi, c’est de les rassembler.
De fait, le groupe de ce soir est éclectique. Mokhtaria Kebli, professeure d’espagnol ancienne élue (non encartée) de la majorité municipale précédente. Elle a fait campagne contre le maire actuel en 2014. Avec elle, Linda Meghnoudji adhérente au Parti Socialiste, Amélie Capron qui a voté UMP aux dernières municipales et Stéphanie Jean-Mangin « ni syndiquée, ni encartée », mais qui se déclare « totalement engagée dans le collectif », difficile de trouver des points communs a priori. Pourtant, elles affirment être devenues copines dans ce combat commun pour leurs enfants. Souvent accusées de se battre avant tout pour des raisons politiques et électorales à cause des engagements de certaines porte-paroles, Stéphanie, « maman de trois merveilleux garçons » rétorque « on est des louves, et quand on touche à nos trésors, on sort les griffes ».
Mécontentements sur l’organisation des rythmes scolaires dans la ville
Le collectif est né après les élections municipales, remportées par Bruno Beschizza (UMP). Les responsables de parents d’élèves ont été contactés par les inspecteurs et directeurs d’écoles des deux circonscriptions de la commune, car un CDEN (Conseil départemental de l’éducation nationale) devait fixer les horaires de l’année suivante (2014-2015). Attentives « on s’est rendu compte qu’il y avait un manque de communication » affirme Mokhtaria. Elles sont reçues par la DASDEN (les services départementaux de l’Éducation nationale) qui les informe que « les horaires ont été confirmés pour la rentrée sans concertation ». Mais,  Stéphanie ajoute : « Bruno Beschizza avait organisé des réunions publiques, une avec les parents l’autre avec la communauté éducative ». Depuis septembre, un vent de revendication souffle. Le collectif s’est organisé, a fait des réunions d’information, des manifestations, et même une journée « école déserte » un samedi matin. Les parents du collectif se sont aussi invités à un conseil municipal. Lassées de cette situation qui n’évolue pas, les mères de famille m’expliquent qu’elles ont décidé de faire évoluer le collectif en créant une association de parents d’élèves, sans étiquette, dès septembre prochain à Aulnay-sous-Bois.
Elles luttent contre « la décision arbitraire d’imposer le samedi comme cinquième matinée ». Amélie est inquiète « j’ai une fille qui va rentrer en CP l’année prochaine, je ne sais pas comment elle va faire son année scolaire. Elle a des ennuis de santé, et arrivée le vendredi, elle dort. Le samedi, je ne l’ai jamais mise. Je me demande comment des enfants, qui sont de petites natures, vont suivre une année complète avec des horaires 8 h 30-11 h30/13 h 30-15 h45 ». De son côté, Linda s’interroge : « Et quel temps d’éducation parentale ? Le week-end, comment on fait ? On a que le dimanche ! » Pour Mokhtaria, le choix du samedi est lié à la préservation de certaines associations élitistes « le mercredi, on touche au conservatoire de musique et au CREA (Création vocale et scénique à Aulnay-sous-Bois), mais qui y va ? » s’emporte-t-elle avant d’expliquer « le samedi, il y a les associations de quartier qui organisent dans nos ZUS des activités qui créent du vivre ensemble ».
Malgré tout, elles refusent de laisser penser que seul le samedi pose problème. Il y a aussi la question des TAP (Temps d’activité périscolaires). À Aulnay, elles sont intégrées à la pause méridienne, et ont lieu deux fois par semaine durant 45 minutes. « Il faut compter quinze minutes d’organisation, donc nos enfants ont au mieux une heure pour déjeuner, mais ça n’arrive jamais ». Tous n’en bénéficient pas selon elles. Les externes en sont de fait exclus, faute de temps, et il n’y a pas d’intervenants dans chaque école. Linda conclut « notre combat n’est pas que sur le samedi. On veut une organisation de la journée cohérente avec des TAP de qualité ».
Les activités périscolaires confiées à un prestataire de service à la rentrée
Plus généralement, la politique éducative de la ville est mise en cause. « Aulnay, c’est un discount de l’éducation » affirme Mokhtaria. « Le maire a fait le choix de fusionner deux services de la ville, éducation et jeunesse, pour faire des économies et a passé tout le périscolaire sous un marché avec des gens qui vont juste être diplômés du BAFA ». En effet, la mairie a choisi de confier l’encadrement et l’accueil de loisirs à un prestataire de service, dans le cadre d’un marché public de deux ans. L’enseignante s’interroge sur la situation future des salariés qui vont être « sur un temps agents de la ville, et sur un autre temps, agents du périscolaire ». Pour la mère de famille : « c’est une manière de se débarrasser du personnel enseignant sur le temps de l’étude, moment censé être la pour gommer les inégalités sociales liées aux inégalités scolaires ».
Contacté, le cabinet du maire n’a pas souhaité s’exprimer par téléphone et choisi de répondre par mail. Il affirme entre autres que  « plusieurs réunions ont eu lieu avec des représentants des parents d’élèves qui ont été reçus et écoutés à chaque fois qu’ils l’ont demandé ». Il justifie le choix du samedi par « la préservation du tissu associatif local et le respect du rythme biologique de l’enfant ». Le cabinet du maire déclare également se fixer comme objectif de proposer des TAP à tous les Aulnaysiens. Recontactée pour évoquer la question du prestataire de service, la municipalité n’a pas souhaité répondre, le marché public étant en cours d’attribution.
Quoi qu’il en soit, pour cette année, statu quo. « On remet la même organisation journalière et hebdomadaire à nos enfants sans prendre en considération les revendications parentales », déplore Linda. À suivre, mais nul doute que l’année scolaire 2015/2016 sera agitée pour l’association de représentants de parents d’élèves d’Aulnay.
Mathieu Blard

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