Geoffrey Carvalhinho que ses camarades de parti appellent souvent « le Valls de droite » ou le « mini-Sarko » a grandi dans la cité des 4 000 à la Courneuve, avec un père ouvrier en imprimerie et une mère secrétaire chez un administrateur de bien. La voix posée et la posture détendue, ce jeune politicien au visage poupin malgré ses cheveux poivre et sel, a accepté de répondre à nos questions.
Bondy Blog : Qu’est-ce qui vous a permis d’accéder au poste de secrétaire général des jeunes Républicains ?
Geoffrey Carvalhinho : C’est avant tout grâce à mon travail, car depuis mes 15 ans je suis engagé en politique. Ça remonte en 2005 lors de la venue de Sarkozy à La Courneuve (…) La politique c’est une passion, j’ai fait mes preuves sur le terrain, puis j’ai été repéré par les instances du parti, par le Président, par Valérie Pécresse… Et ensuite, avec Marine Brenier qui est aujourd’hui la Présidente [des Jeunes Républicains], on a décidé de faire un duo à la tête des jeunes Républicains pour lancer un mouvement des idées au service de tous les jeunes de France.
Votre déclic pour la politique fut la venue de Nicolas Sarkozy à La Courneuve en 2005 lorsqu’il avait dit « on va nettoyer au Karsher la cité ». Vous ne trouvez pas cela paradoxal ?
Moi je n’ai pas vu du tout la même chose ce jour-là. Il y a eu la mort d’un enfant qui était Sidi Ahmed et j’ai vu un homme ému venu rencontrer la famille de la victime. À ce moment, Nicolas Sarkozy a dit des mots que des habitants de la cité des 4 000 ont prononcé eux-mêmes. Et c’est ce jour-là que j’ai réalisé que seule la politique pouvait changer les choses : Nicolas Sarkozy n’est pas arrivé avec les mains vides à La Courneuve, il est arrivé avec des effectifs de police en plus et plus de 500 emplois pour les jeunes. J’avais alors été impressionné par son charisme et ce qu’il avait apporté concrètement aux gens.
Vous venez tous les deux de Seine-Saint-Denis, avez commencé et occupé des fonctions à un jeune âge… Etes-vous un futur Bartolone de droite ?
Quand je me rends compte ce que Bartolone a fait à la Seine-Saint-Denis, je ne peux pas lui ressembler ! Parce que Claude Bartolone c’est deux milliards de dettes pour la Seine-Saint-Denis, des mauvaises gestions et du clientélisme. J’ai vu Claude Bartolone et la gauche promettre tout et n’importe quoi et donc pour moi c’est une motivation supplémentaire de militer en Seine-Saint-Denis, pour battre Bartolone.
Aujourd’hui, dans un contexte de droitisation du discours chez Les Républicains, quel intérêt aurait la jeunesse de Seine-Saint-Denis à voter pour le parti ?
Valérie Pécresse a un vrai projet pour les jeunes franciliens. D’ailleurs, en novembre, elle fera un grand meeting dédié à la jeunesse qu’elle souhaite mettre au cœur de son projet. J’ai parcouru avec elle pendant plus d’un mois l’Île-de-France et elle propose des choses concrètes pour la jeunesse : 100 000 stages, pass Navigo pour tous les collégiens, lycéens, apprentis et jeunes en formations de longues durées pour 333€ par an, elle a dénoncé les retards de chantiers pour les lycées en Île-de-France, elle veut créer 1 000 places en internat d’excellence, mais aussi remettre les bourses au mérite et ça, ça touche les élèves de Seine-Saint-Denis ! Elle a donc à cœur la jeunesse, et ça me donne envie la suivre.
En 2016 auront lieu les primaires dans votre parti, pouvez-vous nous donner le nom du candidat que vous soutiendrez ?
Pour le moment, mon seul objectif aujourd’hui : les régionales. Il faut que tous nos candidats gagnent les élections et par-dessus tout, j’ai vraiment envie que Valérie Pécresse, qui me fait confiance chaque jour et me confie beaucoup de missions, remporte la région Île-de-France. Pour les primaires il faudra faire un choix, car la politique c’est trancher, et je pense que par mon parcours personnel, je n’ai pas à préciser le choix que je ferai (sourire).
Si vous aviez les rênes du pouvoir aujourd’hui, quelle serait votre priorité absolue ?
Ce serait de parler des valeurs du travail, car c’est la dignité et l’émancipation de chacune et chacun. Pour moi, le PS et François Hollande, quand ils ont supprimé les heures supplémentaires défiscalisées, ils ont fait mal à toute la jeunesse de France. Pour les jeunes, ça a été une double peine, car c’était moins à la fin du mois, et plus d’impôts l’année d’après.
Si vous aviez à faire une alliance avec le PS ou avec le FN, vers quel parti vous tourneriez vous ?
Moi je ne me pose pas la question, car en Île-de-France, je pense que Valérie Pécresse gagnera, et je ne vois pas du tout le ou la future candidate aux élections présidentielles en 2017 ne pas être au second tour. Donc c’est une question que je n’envisage pas.
Mais d’un point de vue idéologique, vous penchez bien vers un bord plus que vers l’autre ?
Mon choix il est clair : c’est ni PS ni FN. Le Parti socialiste crée de la misère et le FN surfe sur cette dernière. Donc pour moi les deux partis, c’est la même chose et les mêmes arguments.
Donc vous mettez ces deux partis sur un pied d’égalité ?
Pour moi, ils ont les mêmes arguments et ils s’entraident pour gagner ou rester au pouvoir.
Que pensez-vous de la thématique des réfugiés aujourd’hui ?
Ce ne sont pas des questions faciles, car là, on parle d’humains. Pour moi, il faut revoir les choses, entamer une vraie guerre contre l’État Islamique pour mettre fin à ce péril qui pourrait devenir un péril pour l’humanité. Il faut accueillir les réfugiés qui fuient la guerre, qui fuient un État barbare, mais pas les migrants économiques qui ont vocation à rester dans leurs pays.
Et pour Bachar el-Assad ? Car d’après certains chiffres, la majeure partie des migrants viennent des zones contrôlées par l’État syrien.
Pour moi, quand un tyran tue son peuple ou qu’un État barbare tue des gens, c’est sur un même pied d’égalité. Il faut intervenir pour arrêter les massacres quel qu’il soit puis voir pour une transition démocratique avec l’opposition syrienne.
Que pensez-vous de la récente disparition du secrétariat d’État à la politique de la ville suite à la venue de Myriam El Khomri au poste de ministre du Travail ?
François Hollande avait dit la main sur le cœur lors de son discours au Bourget « je suis venu ici m’exprimer devant le département le plus jeune de France qui connait des difficultés… ». Donc aujourd’hui, en enlevant le secrétariat d’État à la politique de la ville, il se renie lui-même et il a menti à tous les jeunes des quartiers populaires. Alors que Nicolas Sarkozy et son gouvernement avaient mis beaucoup de choses en place pour les quartiers populaires : l’accompagnement éducatif, l’ANRU, les bourses au mérite, les internats d’excellence… François Hollande retire le ministère, c’est un coup de poignard donné à toute la jeunesse des quartiers.
Selon vous, en banlieue, qu’est-ce qui a changé depuis 2005 ?
Oui ça a beaucoup évolué avec ce qu’a fait la droite en 10 ans : Jacques Chirac, Jean-Louis Borloo et Nicolas Sarkozy ont mis en place l’ANRU qui a porté du beau dans nos quartiers. Il y a eu, sous le quinquennat de Sarkozy, 5 milliards d’euros investis en Seine-Saint-Denis pour les quartiers les plus difficiles. Bientôt il y aura le Tram pour désenclaver Clichy-sous-Bois… Par contre, je constate que depuis 3 ans, il y a eu beaucoup de belles paroles prononcées par François Hollande, mais les actes ne suivent pas derrière et c’est ce qu’on voit avec la suppression du secrétariat d’État à la politique de la ville. Il promet tout et n’importe quoi pour ne rien apporter.
Vous vantez l’ANRU, mais les habitants des quartiers estiment que cette rénovation n’a changé que la couleur de leurs bâtiments : il y a plus de chômage, on dépense toujours plus pour un élève parisien que pour un élève de banlieue… 
Moi je pense que le bilan est très bon, mais il faut aller encore plus loin, et surtout dans la mixité sociale. C’est ce que je remarque notamment là où je vis actuellement, aux 4 chemins à Pantin. Par exemple, Valérie Pécresse propose de ne plus construire de logements sociaux là où il y en a trop.
La mixité sociale était aussi le maître mot de Manuel Valls après les attentats du 11 janvier et certaines mairies de gauche ont déjà arrêté de construire des logements sociaux là où il y en avait trop… Ce n’est donc pas forcément innovant ce que vous proposez.
Je remarque aujourd’hui que les hommes de gauche reprennent des idées de droite. Mais quand Manuel Valls évoque le mot « apartheid », qui l’a crée l’apartheid si ce n’est la gauche ? C’est eux qui ont trahi les quartiers, qui ont créé le ghetto et c’est la droite qui a rattrapé une condition créée de toute pièce par la gauche, grâce à l’ANRU et des financements pour les quartiers.
Quelle sera la suite de votre parcours politique ? Régionales, primaires, présidentielles…
Ma priorité c’est de faire gagner Valérie Pecresse à la région Île-de-France et de relancer un grand mouvement Jeunes républicain, au service et à l’écoute de toute la jeunesse française pour refaire du fond, du débat d’idées innovantes, pour montrer que les jeunes sont des têtes à penser et que nous sommes l’avenir de la France.
Tom Lanneau

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