Kozi était dans les tribunes du Stade de France le vendredi 13 novembre lors des attentas. Il se souvient des drapeaux et de la Marseillaise entonnée avant le match, et celle qu’il a chanté lors de la journée d’hommage aux victimes.
Un vendredi soir d’apparence banale, une sortie entre amis et un match de football opposant deux grandes nations de ce sport : la France et l’Allemagne. Ce vendredi 13 novembre 2015, j’étais au Stade de France pour assister à ce qui ne devait être qu’un simple divertissement avant que des fous ne viennent se faire exploser aux abords de cette enceinte qui réunit Français de toutes origines, sociales et ethniques, et que d’autres fous ne se mettent à tirer sur des innocents qui avaient eu le malheur de prendre un verre en terrasse ou d’assister à un concert.
Avant que la soirée ne bascule, une scène m’a interpellé comme à presque toutes les rencontres sportives : l’instant durant lequel les hymnes nationaux sont entonnés. Dans un Stade de France plein à craquer ce soir-là, des milliers de drapeaux tricolores flottaient dans les tribunes lorsque retentirent les premières notes de la Marseillaise. J’avais moi-même un drapeau dans les mains. Debouts, nous nous tenions par les épaules avec mes amis, mais, contrairement à eux, aucune parole n’est sortie de ma bouche.
Par pudeur, parce que je fais partie de ceux qui intériorisent leurs émotions, mais aussi par questionnement en raison de toutes les polémiques qui entourent notre hymne. La Marseillaise est-elle un chant guerrier et dépassé ? À qui correspond le passage « Qu’un sang impur abreuve nos sillons » ? Je connais ces paroles. Je les ai apprises à l’école, mais on ne m’a jamais enseigné leur importance ni leur sens.
C’est en écoutant la radio le lundi suivant que j’ai eu mes réponses. Un professeur d’histoire expliquait que la Marseillaise avait été écrite dans un contexte de guerre civile entre les Français républicains et les Français révolutionnaires. Ces derniers utilisèrent alors l’expression « sang impur » comme un pied de nez à leurs ennemis qui déjugeaient leur sang alors que celui de la noblesse était qualifié de « sang bleu ».
Durant les cérémonies d’hommages aux victimes du 13 novembre, j’ai chanté l’hymne national, car j’en ressentais le besoin pour extérioriser, pour communier, pour m’exprimer. Je ne sais pas si je le rechanterais à nouveau et après tout chacun est libre de ressentir la Marseillaise et d’exprimer son amour pour son pays comme il le souhaite sans être jugé. Tout comme chacun est libre de mettre – ou de ne pas mettre — un filtre drapeau français sur sa photo de profil Facebook.
J’ai l’impression que pour l’instant les discours de paix et d’unité, à la suite des attentats, ont été plus forts que les devises de ceux qui veulent diviser me rappelant ainsi les principes de notre République. Même si tous les problèmes ne sont pas réglés et les amalgames ne sont pas dissipés, comme un symbole d’espoir, aujourd’hui, « Liberté, Egalité, Fraternité » j’écris ces mots. Comme un symbole d’espoir, aujourd’hui, « Liberté, Egalité, Fraternité » je crie ces mots.
Kozi Pastakia

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