On se souvient de Dammartin-en-Goële, cette petite ville de Seine-et-Marne (77) et l’imprimerie tristement célèbre, dans laquelle s’étaient cachés les frères Kouachi après 48h de cavale. Un an après, alors que les regards se sont rivés sur les commémorations des attentats de janvier 2015 et que l’on s’interroge sur l’apprentissage de la liberté d’expression à l’école, d’autres se demandent comment apprendre l’expression tout court… Depuis septembre, une cinquantaine d’élèves du collège de l’Europe de Dammartin-en-Goële n’a encore jamais eu la chance d’avoir un cours de français.
« Je suis désespérée, je ne sais plus quoi faire » explique Samia Mendilli, mère d’un élève du collège. « Depuis la rentrée mon fils n’a pas de professeur de français, il est en classe de 4e. Le français est une des matières les plus importantes au collège. Ils perdent quatre heures de cours par semaine qu’ils passent en classe de permanence où ils ne font rien, en plus mon fils fait du latin, il avait 19,5 de moyenne l’année dernière, cette année il a 9,8. Le latin ne s’apprend pas sans le français, je suis désespérée ». Madame Mendilli a tenté à plusieurs reprises d’alerter l’administration, « selon la direction on a proposé le poste à trois enseignants qui ont refusé l’offre soit parce que le contrat ne leur convenait pas soit parce que le collège était trop loin pour eux. Aucune action n’a été menée depuis quatre mois. J’ai envoyé des mails à l’Education nationale, plusieurs parents ont envoyé des courriers au rectorat. Il paraît que le maire de la ville a aussi envoyé des courriers. On est complètement laissés pour compte et très en colère ».
Le rectorat confirme qu’aucun candidat n’a répondu à l’affectation depuis le mois de septembre. Selon la direction départementale des services de l’Education nationale de Seine-et-Marne : « la procédure de recrutement est toujours en cours, il y a deux ou trois candidats susceptibles de prendre les heures, la situation devrait se débloquer très rapidement ». En attendant que la situation s’arrange pour les élèves de Dammartin-en-Goële, difficile de savoir comment ils pourront rattraper une année scolaire déjà à moitié perdue…
Widad Ketfi
Dammartin-en-Goële, son imprimerie et ses classes sans profs
Articles liés
-
Éducation : « On attend que le gouvernement sorte le carnet de chèques »
Après plus de deux mois de mobilisation, l’intersyndicale du 93 est reçue par la ministre de l’Éducation nationale ce lundi 15 avril. Pour le Bondy blog, ils reviennent sur cette mobilisation d’ampleur en faveur un plan d’urgence pour l’éducation en Seine-Saint-Denis.
-
Pavillons-sous-Bois : parents et enseignants jouent des coudes à la DSDEN 93
Le collège Tabarly aux Pavillons-sous-Bois, qui comprend une section Ulis pour malvoyants, risque d’avoir une classe en moins l’an prochain. Parents et enseignants se sont déplacés à la direction des services départementaux de l'Éducation nationale, mercredi 3 avril. Ils ont fini par rencontrer le directeur de cabinet. Reportage.
-
Éducation en Seine-Saint-Denis : 12 maires attaquent l’État
Douze villes du département ont mis l’État en demeure d’appliquer le plan d’urgence pour l’éducation réclamé depuis plusieurs semaines par les enseignants. Ces maires ne réclament ni plus ni moins que « l'égalité devant le service public d'éducation ».