Laurent Berger, secrétaire Général de la CFDT, était au Murat lundi 14 mars pour l’enregistrement de l’émission du Bondy Blog Café. Au programme, loi travail, chômage des jeunes et traitement des réfugiés, entre autres. 

Laurent Berger inspire la sympathie. Vrai prolo de l’ouest de la France, supporter des Canaris, fils d’un ouvrier des chantiers de Nantes et d’une auxiliaire de puériculture, il prend un demi au rade. Il semble d’un contact agréable. Face à Nordine Nabili, il explique que ce qu’il aime, c’est « rencontrer les gens ». Aujourd’hui, il est le secrétaire général de la CFDT, syndicat réformiste s’il en est. Il défend un syndicalisme « en confrontation constructive avec les patrons ». Il est tellement réformiste, Laurent Berger, qu’il a accepté de prendre part aux négociations autour du projet de réforme du code du travail avec le gouvernement. Souvent présenté comme étant « le vrai ministre du travail », réussira-t-il à obtenir des modifications notables de cette loi très libérale pour les salariés ? Questionné par Latifa Oulkhouir, Balla Fofana et Pegah Hosseini, le patron des cédétistes donne des éléments de réponse sur le plateau du Bondy Blog Café, après ses premiers échanges avec l’exécutif.

« Notre boussole, ce sont les salariés »

Comme la CGC et la CFTC, la CFDT avait rendez vous ce lundi à Matignon. Laurent Berger a semblé plus que satisfait des échanges, allant même jusqu’à affirmer « on a réussi à retirer toutes les choses qui étaient néfastes dans cette loi ». La CGT et FO ne sont pas de cet avis et ont réaffirmé leur opposition au projet de loi malgré les modifications. Pour Laurent Berger, pourtant, certaines dispositions étaient à l’origine « inacceptables », notamment concernant les indemnités prud’homales : « le gouvernement voulait créer un barème obligatoire » ce qui représente un préjudice pour certains salariés. À l’heure actuelle, il existe un « barème indicatif », et le juge décide de l’indemnité en dernier ressort. La CFDT a également formulé « une proposition sur le dialogue social », et « une autre sur le compte personnel d’activité ». « Notre boussole, ce sont les salariés » martèle Laurent Berger. Enfin, concernant les licenciements économiques, le syndicat souhaitait « des mesures pour contrer les abus », qui devraient être obtenues selon le secrétaire général. Du « bricolage », pour William Martinet, président de l’UNEF, très actif depuis le début du mouvement d’opposition au projet de loi qui s’est fendu d’un tweet ce lundi 14 mars.

« Pour les jeunes, il n’y a pas de solution miracle »

Le constat n’est pas neuf. La vie professionnelle des jeunes n’a rien d’un long fleuve tranquille. Laurent Berger en convient : « il existe un bizutage des jeunes sur le marché du travail ». Pour lui, « il n’y a pas de solution miracle », mais « la garantie jeune est une avancée ». Sous Hollande, le pacte de responsabilité aurait dû également permettre des changements. Mais selon le secrétaire général « le patronat n’a pas joué le jeu », hormis certaines branches, comme la métallurgie ou la banque. Il préconise « de réorienter l’argent », vers les branches qui s’engagent dans ce pacte.

Les patrons qui discriminent: « Le problème, c’est de les choper ».

Sur la discrimination à l’embauche, rien de nouveau sous le soleil. Laurent Berger oscille, comme tout le monde, entre indignation et impuissance. Comme tout le monde, il trouve cela « scandaleux ». Bien sûr qu’il faut prendre des sanctions contre patrons qui embauchent selon des critères discriminants : « le problème, c’est de les choper ». Bien souvent, il s’agit de « discrimination rampante et diffuse ». Sans compter « qu’en période de chômage, les entreprises ont des reflexes redoutables ». La solution implique « d’ouvrir les esprits ». Tout un programme.

« C’est une honte pour notre pays que l’on n’ait pas accueilli davantage de réfugiés »

Laurent Berger est connu pour ses prises de position fortes concernant la politique migratoire française. Il n’a pas déçu, affirmant textuellement : « c’est une honte pour notre pays que l’on n’ait pas accueilli davantage de réfugiés », et d’ajouter « nous ne sommes pas à la hauteur ». « Les conditions d’accueil à Calais sont dramatiques » et cette incapacité à accueillir « représente le naufrage de l’Europe et de nos valeurs ». La CFDT s’engage dans ce combat, demandant à ses militants d’accompagner un réfugié en collaboration avec France Terre d’Asile. Pour lui, « la classe politique suit le peuple », en référence à la montée du FN. Mais il rappelle : « si la classe politique avait toujours suivi le peuple, il y aurait encore la peine de mort dans notre pays ».

En somme, là où Laurent Berger semble le plus engagé, c’est sur la question des réfugiés. On ne lui reprochera pas, c’est courageux de sa part. Seulement, c’est dommage qu’il ne soit pas ministre de l’Intérieur. En attendant, la « loi El Khomri » ne fait toujours pas l’unanimité.

Mathieu Blard

L’émission sera diffusée samedi 19 mars, à 10h sur LCP et à 18h40 sur France Ô.

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