Pendant un mois, du 23 juillet au 21 août, le RER A a interrompu le trafic de La Défense à Nation. Une éternité pour les usagers réguliers de cette ligne de la RATP qui ont du faire face, une fois de plus, à la galère des transports en commun franciliens.

Sur les plans des transports en commun d’Île-de-France, on ne peut pas la louper, c’est la ligne rouge en gras qui traverse la capitale. Le RER A existe depuis 40 ans et subit une hausse continue du trafic. Depuis 2015, un long chantier est en marche. Ce « métro régional » accueille près de 308 millions de voyageurs par an, selon les derniers chiffres mis en ligne. Pendant la période estivale, la fréquentation est allégée de 30 %. Pas un hasard donc si c’est le moment de l’année que privilégie la RATP pour mener tous ses grands chantiers.

Sur le RER A, ce n’est que le début d’un grand et long ouvrage en accord avec le STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France) et la SNCF qui nécessite une fermeture pendant un mois tous les étés jusqu’en 2018 puis de 22h30 à 5h de 2019 à 2021. Cette année, ce sont 4,3 km de voies et de ballast qui ont été remplacés entre La Défense et Nation ainsi que quatre aiguillages. L’objectif : atteindre 24 km de voies et ballast et 27 aiguillages entre Nanterre-Préfecture et Vincennes d’ici 2021.

« Les gens nous regardent mal »

Face à ce défi considérable, la RATP a embauché près de 1 000 agents pour accompagner et informer les voyageurs. Parmi eux, Amjad, étudiant à Sciences Po.« Je bossais à La Défense sur la ligne 1. A la différence de la station Champs-Elysées Clemenceau, on était beaucoup plus sollicités ». Lui et ses collègues se trouvaient en première ligne pour supporter la colère des usagers à bout de nerfs. « On rencontre toujours quelques personnes malpolies. Les gens nous évitent, nous regardent mal ou ne veulent pas du tout de renseignements. En revanche, une fois, des touristes nous ont offert des croissants ! ».

En 2017, tous les trains du RER A seront à deux niveaux afin d’augmenter la capacité d’accueil. « On refait les voies car on sait qu’avec le projet Grand Paris, il y aura plus de monde, explique Jérémy, agent d’accueil à Châtelet. Il y a moins de plaintes que l’an dernier car la campagne de pub a été mieux gérée et intégrée ». La campagne d’information a débuté au mois de février. Les usagers pouvaient simuler leur trajet sur le site de la RATP. Parmi les alternatives proposées, la RATP a mis en place une navette entre Charles de Gaulle et la Défense et a renforcé les lignes de métro, de tram, de bus et les lignes J et L. « Les Parisiens ne prennent toujours pas en compte les informations affichées », regrette Raymond, agent d’accueil à Gare de Lyon.

Avec 50 000 voyageurs par heure aux périodes de pointe dans les deux sens, Madonna, serveuse à Gare de Lyon, voit passer du monde depuis 15 ans. Elle aussi a dû adapté son itinéraire de trajet aux travaux : « En temps normal, je passe par Châtelet mais j’ai dû faire un détour à Gare du Nord. Je devais partir de chez moi à 5h pour arriver à l’heure ». Autres mécontents: les petits commerces en bordure du RER. A quelques mètres, Jennifer gère une boutique : « Cela a eu un impact sur nos ventes car les passages étaient étroits. Nos principaux clients viennent du RER A, alors avec la fermeture on n’a eu beaucoup moins de visites ».

Il y a eu donc d’un côté les perdants comme ces commerçants et de l’autre  ceux qui n’ont pas eu à se plaindre. « Ils ont assuré ! Je viens du côté de Saint-Germain. Il fallait que je change à la Défense. Toutes les 90 secondes, il y avait un métro », témoigne Marie-Thérèse, usagère même pendant les vacances. En haut de l’escalator, Henry s’estime privilégié comparé à ses collègues. « Je viens de Vitry-sur-Seine. Les travaux ne me gênaient pas spécialement car j’avais davantage de possibilités que certaines personnes. J’ai des collègues qui n’ont pas eu d’autre choix que de prendre la voiture. Le premier jour des travaux, je suis quand même arrivé en retard ».

Du retard pendant les travaux et… des difficultés après ! Deux jours après la fin annoncée des perturbations, une panne de caténaire a ralenti le trafic du RER A. Les usagers connaissent le refrain : « Veuillez nous excusez pour la gêne occasionnée ». Et à l’été prochain pour de nouvelles galères !

Yousra GOUJA

Articles liés