[BONDYBLOG-US] A New York, il n’est pas possible de voter par anticipation alors c’est aujourd’hui que les électeurs de la ville se pressent dans les bureaux de vote pour élire leur 45e président. Reportage. 

Dans l’école toute proche de la Battery Place, au pied de la Liberty Tower, à l’endroit où trônait les tours jumelles, pas de queue interminable comme dans d’autres quartiers de la ville ou même du pays. « Pour l’instant tout se passe bien, on a commencé à se préparer depuis une dizaine de jours maintenant. Dans ce quartier, c’est un mélange de démocrates et de républicains », déclare Melvin Brown, coordinateur du bureau de vote.

Daniela, qui vient de voter et qui ne souhaite pas donner son nom de famille ne partage pas cet avis. « On s’éloigne un peu si vous voulez que l’on parle parce qu’ici tout le monde vote démocrate », confie-t-elle à voix basse. Elle hésite puis se lance. « J’ai voté pour Donald Trump, nous ne sommes pas beaucoup à Manhattan à le soutenir ». Lorsqu’on lui demande pourquoi, elle ne mâche pas ses mots concernant la candidate démocrate. « Hillary Clinton est une criminelle alors que Trump est un entrepreneur, cette campagne il l’a fait tout seul, il ne doit rien à personne. Et puis on a besoin de changement. Il incarne ce changement ».

Un vote par défaut

À la sortie du bureau de vote, elle n’est pas la première à admettre avoir voté pour Trump, il en est de même pour Peter. Mais le concernant, il ne s’agit pas vraiment d’un vote d’adhésion. « J’ai voté pour lui parce que je ne voulais pas voter pour Hillary Clinton, elle m’a l’air malhonnête. Je ne dis pas que Trump est plus honnête mais il est plus orienté business et ça, ça me plaît ». Lorsque l’on évoque avec lui les différentes sorties de Trump concernant les femmes ou les Hispaniques qu’il a qualifié de violeurs Peter précise tout de même qu’il n’est pas du tout d’accord avec ça. « Ce qu’il a dit c’est grave, je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il a dit. En fait, je suis en désaccord avec 98% de ce qu’il dit mais je suis en désaccord avec 99% de ce que dit Hillary Clinton, donc il l’emporte. A 1% mais il l’emporte. Mais je ne suis pas du tout un grand fan de lui ». 

Pour Peter, Donald Trump ne représente pas du tout la menace que Martin Edelman pointe avec vigueur en sortant du bureau de vote après avoir apporté sa voix à Hillary Clinton. « Cet homme n’est pas républicain. Il est ce que nous avons déjà vu émerger quelques années en arrière en Europe. Hitler a été élu alors qu’on pensait que personne allait le prendre au sérieux, que ce n’était qu’une blague. Le monde entier en a souffert. Donald Trump est un danger pour la démocratie partout dans le monde. C’est important que tout le monde vote, le monde nous regarde ».

Même son de cloche du côté de son épouse, qui l’accompagne. « Donald Trump est raciste. Hillary Clinton est honnête, elle a une bonne expérience politique. Je suis Hispanique et je suis fière. Je souhaite que tout le monde puisse encore entrer dans ce pays qui est le plus beau du monde ». 

« Il n’est pas Steve Jobs »

Nikhil Wagh est venu lui aussi empêcher l’élection de Donald Trump. « J’ai étudié la politique à l’université, je sais quel est le danger d’avoir quelqu’un d’aussi incompétent que lui comme président ». En tant que jeune entrepreneur, il tient à donner son avis sur le Donald Trump homme d’affaires, l’un des principaux arguments de campagne du candidat républicain. « Tout le monde avance que c’est un grand entrepreneur mais il n’est pas Steve Jobs, Tim Cooke ou Rockefeller. C’est un homme d’affaires de deuxième voire de troisième catégorie ». Concernant Hillary Clinton, l’attente n’est pas énorme. « J’espère qu’elle sera à la hauteur des défis de notre époque comme celui du changement climatique. Mais au fond, je sais déjà que je ne vais pas être d’accord avec la majorité de ce qu’elle va faire mais c’était quand même un devoir de voter pour elle. Trump serait une catastrophe ». 

À la sortie de ce bureau de vote, pas d’enthousiasme particulier donc. Les partisans de Donald Trump ne parlent que d’Hillary Clinton et ceux d’Hillary Clinton ne parlent que de Donald Trump. La matinée touche à sa fin. Les New Yorkais ont jusque 21h pour voter pour la personne qu’ils souhaitent voir accéder à la Maison Blanche… ou plutôt empêcher celle qu’ils détestent y entrer.

Latifa OULKHOUIR (New York)

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