[LES BÂTISSEURS] Ouvrir les portes à ceux qui lancent une entreprise ou une activité, un but plutôt réussi pour Anrifa Hassani-Mze. Actuellement salariée dans une agence événementielle, cette jeune femme de 31 ans consacre son temps libre à son nouveau projet : une plateforme au service des petites entreprises. Portrait.

Assise sur sa chaise de bureau, Anrifa Hassani-Mze se voyait déjà aux commandes de sa propre entreprise lorsqu’elle était plus jeune. “Depuis ma plus tendre enfance, je rêvais de faire carrière dans l’univers de la publicité”, raconte la jeune femme. Aujourd’hui âgée de 31 ans, elle alterne entre son travail de coordinatrice dans une agence événementielle et le développement de sa start-up.

Une détermination sans failles

Avant de s’installer à Rosny-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, Anrifa Hassani-Mze, d’origine comorienne grandit à Marseille, dans le quartier du Panier précisément, près du Vieux-Port. Elle fait des études de Langues étrangères appliquées anglais-italien option “Affaires Internationales” à l’Université d’Aix-Marseille. Issue d’un milieu modeste, Anrifa Hassani-Mze n’a pas peur du renouveau. Après avoir obtenu son Master 1, elle quitte sa famille et ses amis pour finir ses études à Paris et obtient également un master marketing et en communication à l’Université Paris VIII. Malgré sa détermination, Anrifa Hassani-Mze rencontre des difficultés. Seule et à son compte, “ce n’était pas facile financièrement”. “J’ai dû enchaîner les petits boulots pour subvenir à mes besoins d’étudiante,” confie-t-elle. Néanmoins, « j’ai eu la chance de travailler dans de grandes structures comme 2C Associes, HSBC, ou encore la Société Générale”.

Anrifa Hassani-Mze s’est toujours tournée vers l’autre. “Je suis quelqu’un de très spirituel. En parallèle à mes études, je me suis beaucoup investie dans le milieu associatif. Je voulais partager mes expériences avec ceux qui en avaient besoin”, confie-t-elle. Anrifa fait ses débuts dans l’associatif lorsqu’elle était encore étudiante. Elle est d’abord bénévole à l’AFEV, l’Association de la Fondation Étudiante pour la Ville pendant deux ans. “Dans un premier temps, j’accompagnais beaucoup les enfants dans leurs devoirs. Puis, j’ai commencé à accompagner des femmes immigrées qui ne parlaient pas le français en leur donnant des cours,” explique-t-elle. Elle s’investit ensuite au sein du Service civique volontaire. Son projet : créer un jeu de l’oie à taille humaine sur le concept de l’’égalité. Fidèle à ses compétences en communication et en marketing, elle organise des ventes et des événements pour lever des fonds pour la fondation Al Madina à Saint-Denis qui propose des cours d’arabe.

Mettre en réseau les petites entreprises

Le vécu d’Anrifa Hassani-Mze a sans aucun doute été l’élément qui a déclenché la création de sa start-up. D’abord, grâce aux valeurs que lui inculquent son père, manutentionnaire et sa mère, vendeuse, sa « principale source d’inspiration », son « modèle ». « C‘est en elle que je puise ma force, c’est en la regardant que j’ai envie d’aller loin qu’elle soit aussi fière de moi que je suis fière d’elle. » Dans le milieu professionnel, Anrifa a toujours travaillé dans de grandes structures. De HSBC à la Société Générale, ou encore à son agence événementielle actuelle, elle collabore avec les plus grands. « Les grandes structures arrivent à se démarquer des autres grâce à leur moyens financiers. Mais la plupart des personnes qui lancent une activité ou une micro-entreprise n’ont ni les clés pour se faire connaître, ni celles pour développer leur visibilité”. Dans le milieu associatif, Anrifa a été touchée par les histoires qu’elle a suivies et les personnes qu’elle a pu côtoyer. “Je me suis rendue compte que beaucoup de personnes avaient des activités à côté, des talents aussi. Par exemple, les femmes à qui je donnais cours quand j’étais étudiante étaient douées dans la couture mais elles ne pouvaient pas bien en tirer bénéfices, car il y avait des barrières : la langue, l’expertise et le manque de financement.”

Face à cette réalité, Anrifa commence à imaginer un nouveau concept : la création d’un réseau social spécialisé pour les petites entreprises. Au fur et à mesure que les idées de son projet se construisent, Anrifa décide de créer une première ébauche de Yoostart, qu’elle qualifie « d’avenue commerciale virtuelle pour les professionnels » de son réseau. Rapidement, le site atteint les 600 inscrits, et des personnes qu’elle ne connaissait pas la contactent pour la solliciter. La jeune femme décide alors d’élargir son concept en le rendant accessible à tous. L’ancien site est supprimé, un nouveau est créé. « J’ai profité de mon congé maternité pour construire un site beaucoup plus élaboré. Je me suis aussi tournée vers Facebook, et Twitter qui ont très vite fonctionné ». Anrifa travaille pendant cinq mois avec un développeur sur l’esthétique du site internet. Ce n’est que le 21 septembre 2016, que la version finale de Yoostart est lancée.

100 activités recensées sur la plateforme

Le point d’honneur de Yoostart c’est le référencement efficace. Selon Anrifa Hassani-Mze, « être visible sur les réseaux sociaux, c’est très difficile. Ou il y a trop de flux pour qu’on se fasse remarquer, ou il faut ajouter des personnes pour rendre visible son activité ». Sa plateforme se démarque des autres réseaux sociaux. Il préserve sa communauté. À l’inscription par exemple, il y a une modération avec vérification des réelles intentions de l’utilisateur avant de valider son inscription. Une fois inscrit sur la plateforme, chacun peut partager son activité avec tout le monde. Pour y accéder, il suffit de consulter le répertoire. Pour le moment, sa plateforme compte 131 entreprises inscrites sur sa plateforme dans une centaine d’activités, allant de la mode au bricolage en passant par la décoration. Elles proviennent essentiellement de son réseau celui tissé lorsqu’elle a été bénévole à Saint-Denis.

Yoostart met aussi a disposition divers services comme la rédaction d’articles, Photoshop, ou encore du community management. Parmi les inscrits, Anrifa accompagne deux personnes depuis fin septembre. « L’une d’entre elles fait des ornements décoratifs avec des modèles africains. Elle avait fait des photos de coussins sur un vieux canapé à partir de son téléphone. Ça ne faisait pas professionnel. On a donc réalisé des photos plus professionnelles et fait la promotion de ses produits », dit-elle.

Objectif : développer le site internet

Pour arriver à la création de sa start-up, Anrifa Hassani-Mze a dû faire face aux difficultés. Le premier obstacle rencontré : le manque financier. Étant salariée, Anrifa ne bénéficie pas d’aides pour développer son projet. Lors de la création de sa start-up, elle a recruté un développeur web et deux autres salariées qui avaient pour mission de détecter des personnes qui lancent une activité. « Je me suis retrouvée débordée et sans moyens. J’ai dû arrêter la collaboration avec ses personnes », raconte-t-elle. Son mari a alors décidé d’abandonner son métier de mécanicien pour se reconvertir en développeur. Aujourd’hui, c’est lui qui développe son site internet. Lorsqu’il lui faut des infographies, elle fait appel à des freelances. Maintenant que le concept de son entreprise a abouti, elle souhaite participer à des concours pour recevoir des fonds. Elle souhaite développer davantage le site. “Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.  Même si j’ai filé ma passion à mon mari, il ne peut pas faire de miracles. Il est encore en formation ».

Suivie par 11 000 personnes sur Facebook, Anrifa Hassani-Mze n’a pas encore suffisamment de visibilité. “Je démarre moi aussi. J’ai beau faire de mon mieux sur les réseaux sociaux ce n’est pas encore suffisant,” dit-elle. « Il faut convaincre davantage”. Une bonne partie du chemin est déjà réalisée.

Sabrina ALVES

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