Farid Maachi est décédé ce mercredi, à 57 ans, des suites d’une attaque cardiaque. Président du club de football d’Aubervilliers et directeur général d’un organisme de formation, il était un personnage emblématique du sport francilien, pour lequel il avait fait beaucoup.

Il était de ces artisans du sport que le grand public ne connaissait pas. Et pourtant, depuis que Farid Maachi est décédé des suites brutales d’une attaque cardiaque, ce mercredi, les hommages se sont multipliés pour saluer ce travailleur social hors-pair, dont l’action avait permis, pendant plusieurs années, à des centaines de jeunes de se former et de trouver un emploi grâce au sport.

La maire (PCF) d’Aubervilliers, Meriem Derkaoui, a demandé au conseil municipal, jeudi, de respecter une minute de silence en sa mémoire. Elle a fait part, dans un communiqué, de sa « vive émotion » et de « sa grande tristesse » après une disparition qui « laissera un vide dans la grande famille du sport d’Aubervilliers ». Le Red Star, seul club professionnel du 93, a salué dans un communiqué cet homme qui « représentait le football francilien ». Sur les réseaux sociaux, plusieurs milliers de personnes ont dit leur peine à l’annonce de la disparition de ce « grand Monsieur », une expression revenue très souvent.

Une vie au service des jeunes

Chacun racontait « son » Farid, sa facette d’un homme aux multiples casquettes et aux si nombreux engagements. Les uns racontaient l’animateur jeunesse ; les plus anciens se souvenaient du collègue, du moniteur de ski ; les autres saluaient le président emblématique du club de foot d’Auber ; et beaucoup, enfin, le connaissaient comme le directeur général de FFP (France Formation Professionnelle), son entreprise de formation.

Tout au long de ses 57 années, Farid Maachi avait, comme beaucoup d’autres dans ces territoires de la solidarité – y compris dans sa propre famille, active en la matière -, fait le choix des autres. Il avait eu beaucoup de vies mais gardé un fil conducteur : tendre la main aux jeunes des quartiers dont il disait tant de bien et pour qui il avait tant d’espérances.

« Farid Maachi avait fait plus contre le chômage que beaucoup d’hommes politiques »

Ces trois dernières années, il avait permis à plus de 400 jeunes de trouver un emploi grâce au football. La Ligue de Paris, émanation régionale de la FFF, l’avait en effet chargé, via son entreprise, de piloter l’opération « Un club, un emploi ». L’objectif : offrir, grâce au dispositif des emplois d’avenir, la possibilité aux clubs amateurs de salarier un ou plusieurs de leurs éducateurs tout en les diplômant d’une formation qualifiante. Farid Maachi était devenu l’ambassadeur de ce projet. Il l’avait porté dans toute la région, s’était arraché les cheveux – qu’il n’avait plus depuis longtemps – pour que les jeunes s’investissent dans ce projet.

Beaucoup racontaient les engueulades quand ils arrivaient en retard, les conseils donnés avec humour sur leur tenue vestimentaire, leur langage… Ce qui paraissait être des détails était pour lui essentiel pour que les jeunes des quartiers trouvent leur juste place dans une société dont il savait à quel point elle leur rendait parfois la vie difficile. Un jeune disait d’ailleurs, avec un peu d’humour – mais il aimait tellement ça -, que Farid Maachi avait fait plus contre le chômage en Seine-Saint-Denis que beaucoup d’hommes politiques locaux ou nationaux.

Eloquence, élégance et « tchatche » légendaire

Dingue de foot comme tant de jeunes d’Auber dans les années 70, il avait pris très tôt sa première licence au club du coin. Il avait, avec d’autres, contribué à son essor, participé à cette belle aventure qui fit passer le « CMA foot » des tréfonds du football amateur à la 3e division nationale, en 1992. Lui, le gardien de but, n’a pas complètement coupé le cordon avec le terrain, même après avoir raccroché les gants : dirigeant, intendant de l’équipe première… C’est comme ça qu’il est devenu le président du club, en 1998, à 40 ans à peine. Des idées plein la tête et puis, déjà, ce qui contribuerait ensuite à la renommée du personnage : l’éloquence, l’élégance et puis, disons-le, une « tchatche » légendaire.

Dix-huit ans plus tard, il était encore là, ses qualités avec. Il était devenu un des présidents les plus influents du paysage footballistique local, n’hésitant pas à défendre les intérêts des clubs amateurs auprès des pouvoirs publics. Samedi 10 décembre, il assistait des tribunes, à Aubervilliers, au match de son équipe première en CFA 2 (la 5e division du football français). A la mi-temps, on l’avait vu descendre des gradins pour remettre, tapis rouge, discours et bise à l’appui, des récompenses aux jeunes joueurs les plus sérieux de son club. C’était sa dernière apparition publique et elle dit beaucoup du personnage.

 Ilyes RAMDANI

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